Quels sont les Mécanismes de Médiation de l'ONU pour la Paix Cambodge-Thaïlande ?
- La Rédaction
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L'ONU dispose d'un arsenal complet de mécanismes de médiation pour intervenir pacifiquement entre le Cambodge et la Thaïlande, fondés sur la Charte des Nations Unies (chapitres VI et VII), afin de prévenir l'escalade du conflit frontalier de 2025 autour de Preah Vihear et d'autres zones disputées.

Ces outils, allant des bons offices diplomatiques à la facilitation judiciaire, ont été activés récemment via des appels du Secrétaire général et des réunions du Conseil de sécurité, mais leur efficacité dépend du consentement des États parties et de la coordination avec l'ASEAN.
Dans le contexte actuel, marqué par des frappes aériennes, des déplacements massifs (750 000 personnes) et des pertes civiles (au moins 19 depuis décembre 2025), l'ONU priorise la protection humanitaire tout en proposant une médiation structurée.
Bons offices du Secrétaire général
Les bons offices consistent en une intervention discrète ou publique du Secrétaire général pour faciliter le dialogue, sans imposer de solutions. António Guterres a multiplié les déclarations depuis juillet 2025, accueillant la Déclaration conjointe de Kuala Lumpur (octobre 2025) facilitée par la Malaisie et les États-Unis, et appelant à consolider le cessez-le-feu de juillet via un déminage humanitaire coopératif.
Le 17 décembre 2025, face à l'escalade avec drones et artillerie près de villages et sites culturels, Guterres a réitéré son offre d'appui pour des mesures de confiance mutuelle, comme la libre circulation des ressortissants et le retour sécurisé des déplacés. Ce mécanisme peut inclure l'envoi d'un émissaire personnel pour des navettes diplomatiques, comme lors des crises passées (ex. 2011), et s'étend à la coordination avec des acteurs régionaux pour des sommets bilatéraux.
Médiation et facilitation du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité (CS) peut initier une médiation formelle via des résolutions sous le chapitre VI (règlement pacifique des différends), organisant des consultations privées d'urgence, comme celles de juillet et décembre 2025 sur les affrontements frontaliers. Il nomme souvent un Représentant spécial ou un Groupe de contact pour monitorer les cessez-le-feu, vérifier les accusations mutuelles (ex. violations thaïlandaises signalées par Phnom Penh) et proposer des zones démilitarisées temporaires. Historiquement, le CS a renvoyé le dossier à l'ASEAN en 2011, mais en 2025, il pourrait étendre cela à une mission d'observation neutre si les parties consentent, tout en menaçant de mesures coercitives (sanctions, embargo) sous chapitre VII en cas de refus persistant. Des réunions récentes ont exhorté à respecter la Déclaration de Kuala Lumpur et à prioriser l'aide aux 750 000 déplacés.
Rôle médiateur de la Cour internationale de Justice (CIJ)
La CIJ offre une médiation judiciaire contraignante, en interprétant ses arrêts de 1962 (attribuant Preah Vihear au Cambodge) et 2013 (clarifiant la zone adjacente), comme saisi par Phnom Penh en juin 2025. Les parties peuvent soumettre un compromis spécial pour une nouvelle affaire, ou demander un avis consultatif au CS sur des questions frontalières, favorisant un règlement légal plutôt que militaire.
Ce processus inclut des audiences orales, des expertises cartographiques et des mesures provisoires (ex. retrait des troupes), protégeant les sites culturels UNESCO comme Preah Vihear. La CIJ a prouvé son efficacité en 2013 en apaisant les tensions, et pourrait en 2025 imposer une démarcation définitive si la Thaïlande accepte la juridiction, malgré son rejet initial de médiations tierces.
Soutien aux médiations régionales et humanitaires
L'ONU appuie les efforts ASEAN via son Bureau de liaison, facilitant des réunions ministérielles (ex. décembre 2025 sous présidence malaisienne d'Anwar Ibrahim) et fournissant des observateurs pour vérifier les cessez-le-feu.
Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH), dirigé par Volker Türk, propose une médiation humanitaire : enquêtes indépendantes sur attaques illégales (principe de proportionnalité), évacuation de victimes de traite des centres d'escroquerie cambodgiens bombardés, et respect de la Convention d'Ottawa sur les mines.
Des experts indépendants (ex. sur les droits humains au Cambodge) soutiennent des mesures CBM (confidence-building measures) comme des corridors humanitaires et la protection des casinos frontaliers touchés. L'ONU peut déployer une Mission de bonne volonté pour coordonner l'aide via UNHCR et OCHA, atteignant 750 000 déplacés.
Mécanismes annexes et perspectives
D'autres outils incluent l'Assemblée générale pour des résolutions non contraignantes exhortant au dialogue, ou le Département des opérations de paix (DPO) pour une Force d'observation temporaire si un cessez-le-feu formel est signé – bien que improbable sans veto chinois (pro-Cambodge) ou américain (pro-Thaïlande).
Le Secrétaire général peut activer l'Article 99 de la Charte pour alerter le CS d'une menace à la paix. À long terme, l'ONU promeut une médiation quadripartite (Cambodge-Thaïlande-ASEAN-UN) pour une démarcation frontalière complète, intégrant des données satellitaires et historiques.
Ces mécanismes ont partiellement réussi en octobre 2025 avec la Déclaration de Kuala Lumpur, mais l'escalade persistante souligne les limites : refus thaïlandais de médiation externe et priorisation bilatérale. Pour une paix durable, l'ONU insiste sur la priorisation des civils, des enquêtes rapides et un retour au droit international, avec son Bureau prêt à contribuer activement.



