Les géants chinois du textile lorgnent le Cambodge comme nouvel horizon industriel
- Brèves Éco
- il y a 5 heures
- 3 min de lecture
Le Cambodge apparaît de plus en plus comme une terre d’opportunités pour les grandes entreprises textiles chinoises. Quatre groupes majeurs, implantés dans la province de Shandong, ont récemment manifesté leur intérêt à y développer leurs activités, avec en ligne de mire les marchés mondiaux de la mode et du textile.

Parmi eux figuraient le conglomérat Sunvim Group Co., Ltd., leader dans le textile d’intérieur, Sinoer Menswear Co., Ltd., fabricant reconnu de mode masculine, ainsi que deux entreprises agroalimentaires, Shandong Jinsheng Grain and Oil Food Co., Ltd. et Shandong Yuhuang Grain and Oil Food Co., Ltd.
Des intentions d’investissement affirmées
Le groupe Sunvim, déjà actif à l’international, a annoncé son intention d’envoyer très prochainement une délégation à Phnom Penh. Cette mission exploratoire visera à étudier en détail le cadre juridique, la disponibilité de la main-d’œuvre et les conditions d’investissement. De son côté, Sinoer Menswear a également confirmé sa volonté d’analyser les opportunités offertes par le Cambodge afin d’augmenter sa capacité d’exportation vers les marchés occidentaux et sud-est asiatiques.
S.E. Samheng Bora a, pour sa part, encouragé ces entreprises à franchir le pas de l’implantation. Il a souligné que le Royaume dispose d’atouts compétitifs non négligeables, notamment des avantages fiscaux attractifs, un régime préférentiel d’accès à certains marchés occidentaux — dont l’Union européenne à travers le dispositif « Tout sauf les armes » — ainsi qu’une main-d’œuvre relativement jeune et en croissance.
Le Cambodge, terre d’accueil pour l’industrie textile
Le secteur de l’habillement représente déjà la principale source de revenus à l’exportation du Cambodge, avec plus de 6 500 usines employant environ 800 000 travailleurs, selon les données du Ministère de l’Industrie. En 2024, les exportations de vêtements, textiles et chaussures ont représenté plus de 8,6 milliards de dollars américains, soit plus de 50% des exportations totales du pays (source : Banque nationale du Cambodge).
L’intérêt soudain des géants chinois s’inscrit dans un contexte de réorganisation mondiale des chaînes d’approvisionnement. Face à la montée des coûts de production en Chine et aux tensions géopolitiques, de nombreux industriels recherchent des plateformes alternatives en Asie du Sud-Est. Le Cambodge bénéficie ainsi de sa proximité géographique avec la Chine, tout en offrant un cadre d’intégration régionale grâce à son appartenance à l’ASEAN et à l’accord de Partenariat économique régional global (RCEP), le plus vaste traité de libre-échange au monde.
Perspectives d’avenir
Pour les analystes, l’arrivée potentielle de groupes chinois à forte capacité technologique pourrait renforcer la compétitivité du textile cambodgien, encore souvent cantonné à la sous-traitance. Des investissements dans des usines plus modernes, axées sur la montée en gamme des produits, ouvriraient la voie à une diversification des exportations et à une meilleure valorisation de la filière locale.
« L’installation de grands producteurs internationaux serait une étape cruciale, non seulement pour stimuler l’emploi, mais aussi pour développer un savoir-faire cambodgien réellement compétitif face à des voisins comme le Vietnam ou le Bangladesh », estime un chercheur de l’Institut cambodgien de recherche sur le développement (CIDS).
Alors que la délégation chinoise prépare ses missions d’évaluation dans les mois à venir, Phnom Penh semble décidée à consolider son image de plateforme textile incontournable en Asie du Sud-Est. Le Cambodge, longtemps considéré comme une simple base de production à bas coûts, cherche désormais à se positionner comme acteur reconnu dans la chaîne de valeur mondiale du vêtement.
Commentaires