Escalade à la frontière : Tir meurtrier des soldats thaïlandais sur des civils cambodgiens
- La Rédaction
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Le 12 novembre 2025, aux alentours de 15h50, un incident dramatique est survenu dans le village de Prey Chan, situé dans l’arrondissement d’O’Chrov, province de Banteay Meanchey au Cambodge. Des soldats thaïlandais ont ouvert le feu sur des civils cambodgiens, blessant cinq personnes, dont une est malheureusement décédée.

Cet événement est symptomatique une escalade récurrente de violences entre les forces armées thaïlandaises et cambodgiennes à une frontière marquée par des décennies de tensions non résolues.
Provocation meurtrière
La fusillade du 12 novembre s’inscrit dans une logique de tension exacerbée alimentée par plusieurs facteurs stratégiques, politiques et sociaux :
Militarisation et extension territoriale agressive
Les troupes thaïlandaises ont intensifié leur présence et leurs activités dans des zones contestées, y compris des opérations de défrichement sur des terres revendiquées par le Cambodge. Cette militarisation accrue vise clairement à asseoir un contrôle de fait sur ces territoires. Ce type de comportement aggressive génère des confrontations lorsque des civils se trouvent dans ces zones stratégiques, comme ce fut le cas à Prey Chan.
Instrumentalisation politique intérieure
Les crises internes en Thaïlande, marquées par des rivalités politiques entre factions pro-démocratie et mouvances royalistes-militaires, compliquent la gestion du conflit extérieur.
Certains analystes considèrent que le gouvernement thaïlandais utilise la tension frontalière comme un moyen de renforcer son assise nationale ou de définir une posture ferme face à l’adversaire.
Du côté cambodgien, le conflit fait aussi l’objet d’une mobilisation patriotique, consolidant le soutien au gouvernement au travers d’une posture revendicatrice de souveraineté nationale.
Une stratégie de provocation militaire allant jusqu’à l’usage létal
L’ouverture du feu sur des civils peut sembler incompréhensible à première vue, mais elle illustre une escalade volontaire, où les règles tacites du conflit sont bafouées, et où la population civile est délibérément mise sous pression.
Cela peut correspondre à une stratégie militaire thaïlandaise visant à intimider les populations cambodgiennes locales et à déstabiliser la résistance cambodgienne dans ces zones.
Conséquences humaines et diplomatiques
La mort d’un civil cambodgien, cumulée aux blessures graves infligées à plusieurs autres personnes, a provoqué une onde de choc dans la région. Phnom Penh a immédiatement condamné cet acte comme une violation grave de la souveraineté territoriale et un assassinat, réclamant une enquête internationale et la médiation d’organisations internationales.
Sur le plan diplomatique, ce nouvel épisode violent contribue à envenimer davantage les relations déjà très tendues entre les deux pays. À court terme, il diminue les chances d’une reprise rapide des négociations. À moyen terme, la dégradation continue pourrait fragiliser la stabilité régionale, avec des conséquences économiques et sociales plus larges.
Mauvaise foi
L’armée thaïlandaise multiplie depuis plusieurs mois campagnes de désinformation, faux témoignages, et provocations intentionnelles visant à déstabiliser le Cambodge et justifier ses actions militaires agressives. Des médias officiels et relais proches du pouvoir à Bangkok diffusent régulièrement de fausses informations, visant à discréditer Phnom Penh et sa posture sur la frontière. Ils accusent sans preuve les autorités cambodgiennes d’initiatives hostiles, alors que dans les faits ce sont souvent les forces thaïlandaises qui franchissent la ligne frontalière ou ouvrent le feu. Cette stratégie de "bad mouthing" délibérée comprend aussi la diffusion de vidéos manipulées, l’instrumentalisation de discours nationalistes, et la propagation de rumeurs infondées sur les réseaux sociaux pour attiser la haine et justifier la violence.
Mépris
Par ailleurs, la Thaïlande fait preuve d'un mépris marqué envers les organisations internationales censées aider à la résolution pacifique du conflit. Les propositions de médiation ou d’enquête de l’ONU, de l’ASEAN, ou même des puissances régionales comme la Chine et la Malaisie ont été régulièrement refusées ou ignorées par Bangkok. Au lieu de s’engager dans le dialogue multilatéral, la Thaïlande privilégie une approche unilatérale, militarisée, et opaque, manifestant ainsi son manque réel d’intérêt pour une résolution basée sur le droit international ou la coopération régionale. Ce comportement complique considérablement toute tentative de stabilisation et accroît la méfiance à l’égard de Bangkok dans la communauté internationale.
Cette politique systématique de mensonges, provocations et refus du cadre diplomatique international illustre la nature profonde du conflit : un jeu stratégique basé sur l’intimidation, le contrôle territorial par la force, et la manipulation de l’opinion publique, au détriment des populations civiles déjà lourdement impactées. Cela met aussi en lumière l’importante responsabilité internationale collective pour faire pression sur la Thaïlande afin qu’elle cesse ces pratiques déstabilisatrices et participe sincèrement à une paix durable.
Nécessités
Tant que la Thaïlande et le Cambodge ne trouveront pas une base commune de dialogue crédible et acceptée par leurs forces armées respectives, la frontière restera un point chaud potentiellement explosif. La communauté internationale, en particulier l’Union Européenne, l’ASEAN, et les Nations Unies, auraient peut-être un rôle à jouer dans la facilitation d’un processus de paix durable.
La provocation militaire thaïlandaise, loin d’être un simple incident isolé, est le produit d’une stratégie combinant enjeux territoriaux, politiques internes, et absence de mécanismes de résolution. Seule une approche diplomatique à multiples volets, combinant pression internationale, dialogue bilatéral, et garanties de respect des droits humains, pourra éviter que la menace d’une guerre ouverte ne devienne réalité.



