L'UNESCO appelle à la sauvegarde urgente du patrimoine culturel après les affrontements à la frontière

Face à la résurgence des tensions entre le Cambodge et la Thaïlande, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a exprimé une profonde inquiétude, en particulier pour le temple de Preah Vihear, joyau du patrimoine mondial et témoin millénaire de la civilisation khmère.

Dans une déclaration officielle datée du 10 décembre, l’agence onusienne a exhorté les deux nations à respecter leurs engagements internationalement établis pour la protection du patrimoine culturel, notamment en vertu de la Convention de La Haye de 1954 et de la Convention du patrimoine mondial de 1972.

Au-delà de l’appel diplomatique, le message de l’UNESCO résonne comme une mise en garde : la guerre, quelle qu’en soit la cause, ne peut justifier la destruction des témoins de l’histoire commune de l’humanité. L’organisation souligne qu’elle suivra de près la situation dans la région frontalière afin d’assurer la préservation du patrimoine culturel « dans toutes ses formes ». Elle a, à cet effet, transmis aux autorités cambodgiennes et thaïlandaises les coordonnées géographiques précises des sites classés et des biens culturels d’importance nationale, dans le but d’éviter toute atteinte irréversible.

« L’UNESCO est prête à fournir l’assistance technique nécessaire pour garantir la protection des biens culturels et mettre en œuvre les mesures de sauvegarde requises dès que les conditions le permettront », précise la déclaration.

Mais le constat est alarmant. Après avoir déjà subi des dommages en juillet dernier lors d’affrontements entre les forces thaïlandaises et cambodgiennes, le temple de Preah Vihear a de nouveau été touché depuis la reprise des hostilités le 7 décembre. Les rapports parlent de « dégâts importants » sur certains sanctuaires et structures secondaires du complexe sacré.

Situé sur la chaîne montagneuse du Dangrek, dans le district de Choam Ksan (province de Preah Vihear), ce temple majestueux veille depuis le XIᵉ siècle sur la plaine cambodgienne. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO le 7 juillet 2008, il incarne un sommet de l’art architectural khmer, dédié au culte de Shiva, et symbolise la ferveur spirituelle et artistique d’un peuple.

Au-delà du Cambodge, la communauté internationale voit dans Preah Vihear un lieu emblématique de la fragilité du patrimoine mondial en temps de conflit. La réaction rapide de l’UNESCO témoigne d’un rappel essentiel : les pierres anciennes portent la mémoire collective des peuples, et leur silence meurtri nous renvoie à la responsabilité universelle de les protéger, même – et surtout – lorsque résonnent les armes.