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L'Agressivité militaire thaïlandaise : motivations et appétit du glaive au cœur du conflit contre le Cambodge

Malgré un cessez-le-feu fragile négocié en juillet 2025 sous l'égide de Donald Trump, la Thaïlande a repris les opérations militaires contre le Cambodge début décembre, déclenchant des frappes aériennes et des évacuations massives et de sérieuses incertitudes sur l'avenir de la paix entre les deux pays.

L'Agressivité militaire thaïlandaise : motivations et appétit du glaive au cœur du conflit contre le Cambodge

Cette escalade, sur fond de dispute frontalière séculaire autour de temples comme Preah Vihear et Ta Muen Thom, trouve ses racines dans une accumulation de provocations mutuelles, où Bangkok accuse Phnom Penh de violations répétées et de pose de mines antipersonnel. Les deux nations, liées par l'histoire et l'ASEAN, sombrent dans un cycle de violence qui menace la stabilité régionale, avec des civils pris en étau et des économies frontalières en péril. L'armée thaïlandaise, pilier du pouvoir, émerge comme actrice dominante, motivée par un mélange de souveraineté, prestige et survie politique.​

Contexte historique : un litige ancestral ravivé par les généraux

Le conflit frontalier thaïlando-cambodgien n'est pas nouveau. Hérité des traités franco-siamois de 1904-1907, il a été cristallisé par l'arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 1962 attribuant le temple de Preah Vihear au Cambodge, tout en laissant des zones adjacentes contestées. Des affrontements sporadiques en 2008-2011 ont fait une vingtaine de morts, avant une accalmie relative.

Mais en 2025, la tension explose en juillet après l'explosion de mines blessant des soldats thaïlandais près de Ta Muen Thom. Un cessez-le-feu initial le 28 juillet, suivi d'un accord élargi en octobre à Kuala Lumpur impliquant Trump, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim et des médiateurs chinois, vise à apaiser les tensions.

Pourtant, des incidents persistent : tirs croisés en septembre à Chong Ahn Ma, où chaque camp accuse l'autre ; déclarations belliqueuses du lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la 2e Armée thaïlandaise, promettant la saisie de temples comme Ta Krabey et la fermeture de Ta Muen Thom. Ces frictions, amplifiées par une guerre d'information – rumeurs d'armes chimiques ou de drones espions –, érodent la confiance, transformant la trêve en une pause précaire que l'armée thaïlandaise exploite pour asseoir son autorité.​

Le déclencheur immédiat : mines, ultimatums et supériorité aérienne

La goutte d'eau déborde mi-décembre : la mort d'un soldat thaïlandais dans l'Emerald Triangle, zone contestée près d'Ubon Ratchathani, attribuée à une mine cambodgienne – la septième explosion de PMN-2 depuis mai. Bangkok y voit une violation flagrante de souveraineté et un "acte inhumain menaçant la paix régionale".

Le 7 décembre, la Royal Thai Army (RTA) et la Royal Thai Air Force (RTAF) ripostent avec des frappes de F-16 sur des positions cambodgiennes à Oddar Meanchey et Preah Vihear, évacue 400 000 civils de provinces comme Surin et déclare ces zones en "catastrophe de guerre". Un ultimatum est lancé : retrait cambodgien d'ici 18h, sous peine de "pleine force militaire", avec l'objectif explicite du chef d'état-major RTA, le général Chaiyaphleuk Duangpraphat, d'"incapaciter l'armée cambodgienne pour prévenir de futures menaces". Phnom Penh dénonce des attaques indiscriminées tuant quatre civils, nie toute pose de mines récente et invoque le besoin de légitime défense. Sur le terrain, les drones thaïlandais survolent le front, tandis que Bangkok promet des frappes "proportionnées", marquant la première entrée en combat de la RTAF depuis plusieurs décennies.​

Agressivité militaire thaïlandaise : la marque des généraux nationalistes

L'agressivité thaïlandaise culmine dans des opérations comme "Yuttha Bodin", lancée par le général Phana Khlaeoplotthuk : assauts terrestres et aériens coordonnés détruisant tanks et artillerie cambodgiens (PHL-03, BM-21 Grad) à Khao Sattasom et Prasat Ta Krabey. Boonsin Padklang incarne cette pugnacité : en juillet, il refuse un ordre civil de cessez-le-feu pendant six heures de combats, avouant plus tard son regret de ne pas avoir repris Prasat Ta Kwai, "point sensible pour les Thaïlandais".

Passé commandant de la 2e Armée, devenu conseiller du chef d'état-major, il critique ouvertement la "sincérité" cambodgienne post-mines et prône une reconquête des temples. La RTA renforce ses positions, utilise artillerie lourde et munitions cluster, déclare la loi martiale dans huit districts frontaliers, et rejette toute médiation. Cette posture – évacuations massives, fermeture de postes-frontières, briefings diplomatiques accusant Phnom Penh de plusieurs violations – vise non seulement la défense mais l'hégémonie narrative : l'armée se pose en protectrice héroïque, façonnant l'opinion publique contre des civils perçus comme pro-cambodgiens.​

Motivations profondes : pouvoir, image et consolidation politique

Au-delà des incidents tactiques, l'armée thaïlandaise agit pour des motifs structurels. Le limogeage de Paetongtarn Shinawatra en août – après une fuite où elle qualifiait les militaires d'"opposition" en appel à Hun Sen – propulse un intérim (Phumtham Wechayachai, Anutin Charnvirakul) aligné sur les généraux, suspendant la déclaration conjointe malaisienne post-novembre. La RTA, autonomiste chronique, exploite le conflit pour consolider son emprise : nationalisme anti-khmer face à des élites "molles", regain de prestige après des critiques politiques, et neutralité apparente ("nous servons la nation, pas la politique").

Boonsin incarne ce duo souveraineté-image : ses déclarations incendiaires sur Ta Muen Thom (sous contrôle thaï) boostent le moral national, obscurcissent les dynamiques civilo-militaires et contraignent les civils à suivre la ligne dure. Économiquement, le gel du commerce (1,5 milliard USD), 168 000 déplacés et krach boursier (-4,17%) pèsent, mais l'armée priorise les hauteurs stratégiques dominant ressources et routes. Les généraux surfent sur ce miroir pour asseoir un pouvoir post-coup.​

Sans sommet ASEAN+ ou résolution ONU, des centaines de morts et crise humanitaire menacent. Les généraux thaïlandais, menés par Boonsin, transforment défense en conquête, risquant la paix régionale.

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