Kep West : À la découverte de Kep, voyage à travers histoire et communautés

Voyageuse Passion
il y a 9 heures
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Pour mon troisième jour au Knai Bang Chatt, l’hôtel a organisé une journée de découverte de la ville de Kep et de ses communautés. Au programme : monuments emblématiques, villages de pêcheurs et marché local, pour une visite aussi excitante qu’instructive.

La Nouvelle Plage

C’est la souriante et dynamique Kim Sokunthea, guide en chef des excursions de Kep West, qui nous conduit en tuk-tuk traditionnel à travers les charmes de cette petite station balnéaire. Jadis surnommée le « Saint-Tropez asiatique » dans les années soixante, Kep a sombré dans le chaos de la guerre avant de renaître au début des années 2000. Ces dernières années, la province a connu un développement côtier remarquable, incarné par cette nouvelle plage de 2,7 kilomètres, aujourd’hui très prisée des familles cambodgiennes le weekend.

L’aménagement de cette plage vise à stimuler le tourisme et la croissance économique

Bien que des inquiétudes aient été exprimées lors du lancement des travaux, je suis agréablement surprise : la plage est propre et accueillante, les parasols se louent facilement, les abords sont joliment aménagés avec des allées piétonnières et des pistes cyclables. Le terre-plein, animé par ses stands, hôtels et commerces, demeure le cœur vibrant de la station. Cette transformation coïncide d’ailleurs avec l’organisation par Kep du 10e Festival de la Mer, prévu du 1er au 3 décembre 2025, sur le thème « Ensemble pour le tourisme », témoignant de l’ambition de la province de s’imposer comme destination côtière majeure.

La Dame Blanche

Impossible de visiter Kep sans s’arrêter devant l’imposante statue de la Dame Blanche, à l’extrémité de la plage publique. Kim me conte son histoire : dévoilée en 2012, la statue représente Yeay Mao, héroïne bouddhiste mythique, protectrice des pêcheurs, marins et voyageurs. Elle incarne la vénération locale et l’esprit de résilience de la communauté, mêlant mythe et réalités du passé de Kep.

Les premières versions de la statue, d’esthétique coloniale, représentaient une femme nue aux formes occidentales, contrastant avec les sensibilités locales. Détruite lors des conflits, la statue actuelle marque une réappropriation culturelle : elle combine un corps occidental voluptueux à un visage asiatique, symbolisant l’équilibre entre le passé colonial et l’identité khmère contemporaine.

Ce choix artistique, guidé par les autorités, vise à affirmer l’identité nationale. Aujourd’hui, la Dame Blanche est le symbole de la renaissance et de l’héritage culturel de Kep, commémorant à la fois Yeay Mao et la résilience d’une ville meurtrie par la guerre, le génocide et la négligence, mais désormais tournée vers une ère de paix et de développement.

Le Crabe Bleu

Nous poursuivons notre périple vers un autre emblème de Kep : la statue du crabe bleu. Cette sculpture éclatante, dressée face à la mer, célèbre le lien profond de la ville avec le crabe nageur bleu, véritable trésor culinaire et pilier de l’économie locale. La statue, située à proximité du marché aux crabes, rappelle l’importance de la pêche pour la subsistance et l’héritage de la communauté.

La statue du Crabe Bleu qui souhaite bienvenue aux visiteurs

Les visiteurs s’y arrêtent volontiers pour immortaliser leur passage, faisant de ce monument un repère incontournable et une ode à la tradition maritime de Kep. Comme me l’explique Kim, « ce monument est bien plus qu’une sculpture ; il rend hommage à la relation indéfectible des habitants avec la mer et à l’héritage gastronomique qui attire des visiteurs du monde entier ».

Village de pêcheurs

Tout près du débarcadère, plusieurs bateaux de pêche dessinent un tableau vivant et coloré, reflet authentique de la vie maritime locale. Ces embarcations traditionnelles, élancées et robustes, arborent des couleurs vives - bleu, rouge, orange, vert - qui tranchent avec le bleu profond de la mer. Les filets, cannes et casiers s’entassent sur le pont dans un désordre organisé, témoignant de l’intense labeur quotidien.

À leur retour, les pêcheurs déchargent crabes bleus, poissons frais et autres fruits de mer qui alimentent le marché local et les restaurants, tandis que les enfants jouent ou prêtent main-forte. L’air est saturé d’odeurs de sel, de bois humide et de poisson frais, rythmé par les cris des pêcheurs et le cliquetis des filets. Impossible de résister à l’envie de photographier cette scène authentique et vibrante.

Vestiges de la guerre

Kim nous invite ensuite à plonger dans le passé sombre de Kep, bien loin de son âge d’or. Fondée en 1908, la ville fut une station balnéaire prestigieuse, parée de villas élégantes mêlant influences coloniales et modernistes, dont certaines appartenaient à des figures illustres comme le prince Norodom Sihanouk.

Ce patrimoine fut en grande partie anéanti lors de la prise de pouvoir des Khmers Rouges en 1975, qui rasèrent villas et infrastructures, effaçant toute trace de « décadence bourgeoise ».

Les ruines noircies de ces demeures, surnommées « dames blanches », sont aujourd’hui les témoins silencieux de cette tragédie. Malgré la restauration de quelques bâtiments et la construction d’hôtels de charme depuis les années 2000, le paysage architectural de Kep reste marqué par cette période sombre. Visiter ces vestiges, c’est ressentir toute la résilience du peuple cambodgien, qui a su reconstruire une ville désormais pleine de vie.

Communauté de pêcheurs

Nous poursuivons notre route vers une autre communauté de pêcheurs, à quelques kilomètres du centre-ville. Ce village, où les conditions de vie sont modestes, témoigne de la précarité des moyens de subsistance liés à la pêche, souvent complétés par des emplois saisonniers dans la construction.

Cependant, le développement du tourisme communautaire ouvre de nouvelles perspectives économiques : diversification des revenus, amélioration des conditions de vie, réduction de la dépendance à la pêche.

Une maman de la communauté de pêcheurs avec son jeune fils

Des projets collaboratifs, notamment avec Kep West, visent à améliorer durablement la situation des habitants. Ce village incarne la complexité de l’équilibre entre traditions, pauvreté persistante et nouvelles opportunités. En attendant l’aboutissement des programmes d’aide, il est recommandé de soutenir ces communautés par quelques achats ou une donation lors de votre passage.

Un intérieur rudimentaire pour ces villageois

Le Marché aux crabes

Notre visite s’achève au célèbre marché aux crabes de Kep. Déjà familière des lieux, je demande à Kim de m’en raconter l’histoire. Né au début du XXe siècle sous la colonisation française, le marché a traversé les épreuves du temps, connaissant un renouveau à la fin des années 1990.

Aujourd’hui, il attire locaux et touristes, venus assister à l’effervescence matinale et déguster la spécialité régionale : le crabe bleu, sublimé par la sauce au poivre de Kampot.

Les crabes bleus de Kep sont célèbres principalement pour leur fraîcheur exceptionnelle et leur saveur unique. Capturés dans les eaux voisines du golfe de Thaïlande, ces crabes sont connus sous le nom de crabes nageurs bleus, facilement reconnaissables à leurs pattes et à leurs pinces bleu électrique. Ils se distinguent par leur chair douce et délicate, qui s'explique par le fait qu'ils se nourrissent d'un type particulier d'algues que l'on trouve dans les eaux côtières de Kep et qui rehaussent leur douceur naturelle.

Les crabes sont vendus vivants et frétillants au marché, ce qui garantit une fraîcheur maximale. Les pêcheurs sécurisent les pinces et les conservent dans des paniers immergés dans l'eau de mer jusqu'à la vente, préservant ainsi leur qualité. Le marché bourdonne d'activité tôt le matin, les habitants et les restaurateurs se disputant les meilleures prises, signe d’une forte demande locale de crabes.

Ce qui élève véritablement les crabes bleus de Kep au rang de spécialité culinaire, c'est la façon dont ils sont servis, avec une généreuse portion de sauce au poivre de Kampot qui ajoute une touche épicée et piquante qui complète parfaitement la chair sucrée du crabe, créant ainsi une expérience gustative unique. Ce mariage a fait de Kep une destination incontournable pour les amateurs de fruits de mer et a permis au crabe bleu d'acquérir une renommée internationale, les exportations atteignant les marchés des États-Unis et de l'Europe.

Le marché, qui ouvre dès l’aube, est dominé par des femmes coiffées de chapeaux colorés et d’écharpes, vendant crabes, crevettes, calmars, poissons, homards, épices et artisanat local. L’atmosphère, mélange de chaos organisé et de tradition, offre une expérience sensorielle unique. Le marché assure la subsistance de nombreux pêcheurs, représentant près de 30 % de la population de Kep, et demeure une étape incontournable pour quiconque souhaite s’immerger dans la culture et la gastronomie côtières cambodgiennes.

Vie et couleurs au Marché aux Crabes de Kep

Le fameux poivre de Kampot en abondance au Marché

Après cette journée riche d’enseignements, nous regagnons le Knai Bang Chatt pour un massage bien mérité et une irrésistible envie de crabe. Ce soir, nous dégusterons donc les spécialités de crabe, poisson et fruits de mer du talentueux Chef Chuon Sokheng. À suivre…