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Diaspora : Vutheara Kham, photographe pro, « La clef de la réussite est l’humilité avant tout »

Chers lecteurs. Dans notre série de portraits de Khmers atypiques hors du Srok, aujourd’hui Cambodge Mag rencontre le très discret et talentueux photographe iconique (et skater passionné) Vutheara Kham.

Vutheara Kham
Vutheara Kham

Détaché de son succès fulgurant sur Instagram où il compte plus de 1,1 million de followers, c’est avec pudeur et humilité que celui qui se dit préférer « être derrière et non devant l’objectif » raconte son parcours de vie, et son engagement pour l'association PSE.

Ta famille arrive en France en 1981 en tant que réfugiée avec pour seule référence un numéro de téléphone. Que va-t-il se passer ensuite ?

Ils se verront donner 5 francs et un numéro de téléphone à appeler. Une famille exerçant dans l’association Village Vacances Families viendra les chercher pour les placer en Normandie ; ils y vivront dans un 22 mètres carré avec mon frère aîné - né peu de temps avant dans un camp en Thaïlande - et quatre autres membres de la famille.

Quelle relation particulière se développe entre tes parents durant leur mois d’exil ?

Ils apprendront à se découvrir et à forger un lien solidaire fort. Plus tard, le fruit de leur dur labeur les amènera à ouvrir un restaurant à Cherbourg.

Conte-nous quelques anecdotes de cette période

Après s’être découvert respectivement pour mon père le métier de soudeur, et de couturière pour ma mère, ils se dirigeront dans le centre de la France pour suivre une formation accélérée en restauration (afin d’acquérir une affaire), qui tournera 7 jours sur 7… notre restaurant familial est toujours là, et ce depuis maintenant 30 ans. Nous y avons tous eu une fonction.

Quelle fut la place de la culture khmère dans ton éducation ?

La musique cambodgienne tenait une grande place dans notre quotidien, notre habitat dans sa décoration et nos objets rappelaient sans cesse notre culture et nous parlions khmer à la maison. Mes parents pour leur premier cinéma français m’ont également amené pour voir La Déchirure. Cependant l’histoire d’avant la France demeurera toujours un sujet tabou durant notre enfance.

Tu étais également le seul asiatique de ton école. Quels seraient tes meilleurs et pires souvenirs de tes années lycée ?

« Mes pires souvenirs sont finalement les meilleurs et les meilleurs les pires » 

Cherchant ma voie j y passerais 7 ans. Mon entrée à l’internat serait peut-être ma période la moins réjouissante.

Tu développeras parallèlement une passion pour le skateboard. Comment est-elle arrivée et jusqu’à quel point cela a-t-il pris une place dans ta vie ?

Il y avait un parc près de notre restaurant et mon frère et moi-même décidâmes d’acheter un skate afin de nous divertir. Nous étions trois à nous partager la planche, avec mon frère aîné et mon cadet, le tout dans une complicité et une bonne humeur constante.

Cette discipline avec son univers communautaire qui me sied parfaitement est toujours dans ma vie, 30 ans après. Je la considère créatrice et artistique et elle me permet une découverte constante du milieu urbain.

Tu te dis également féru de films. Lesquels seraient encore à ce jour tes références ?

  • Définitivement Trainspotting de Dany Boyle non seulement pour l’histoire, mais aussi sa bande musicale diverse

  • Le Kid de Charlie Chaplin

  • Le cinéma de Kim KI-DUK dans son ensemble également

  • Printemps été Automne et Hiver et Encore Printemps

Artiste dans l’âme, tes goûts musicaux sont très variés et vont de la musique traditionnelle khmère à la pop anglaise en passant par Serge Gainsbourg. Cependant la musique islandaise t’amènera une autre passion : quelle est-elle ?

Le piano.

Vutheara Kham, photographe pro, « La clef de la réussite est l’humilité avant tout »

À l’époque qui correspond à ces questions, tu es encore en Normandie. La personne que tu fréquentes alors trouve une affiche sur le Cambodge et t’en parle. Que va-t’-il se passer suite à ça ?

je me rends à une projection de l’association Pour un Sourire d'Enfant au sein de laquelle j'y découvre l’histoire des enfants chiffonniers, évoluant dans les ordures, et connaissant un quotidien intolérable à mes yeux

Suite à cet événement, raconte-nous ce qui se passa dans le parking

Je me retrouve à côté des fondateurs Christian et Marie-France des Pallières et de leurs petites filles cambodgiennes.

« La conversation s’engage et nous nous découvrons à notre surprise mutuelle de nombreux points communs. »

Encore perturbé par leur documentaire, mais enchanté de les connaître, et eux de découvrir qu’une famille cambodgienne est en Normandie, je me promets dans mon for intérieur de contribuer à leur cause un jour.

Arrive ton installation sur Paris. Ton ressenti des premières années ?

J’arrive en 2007, suite à mon recrutement pour un stage de Web designer (dont l’entretien se sera passé de façon singulière) et demeurait au départ à 1 h et demie en transport de mon désormais lieu de travail. Je me sentais entre deux mondes, celui - excentré - où je demeurais, et celui -comparable à Bel Ami de Guy de Maupassant - où se trouvait mon stage

Ce stage sera le début d’une grande aventure. Quelle est-elle ?

Mon parcours sera lié à cette startup. Nous évoluerons ensemble pendant quatre ans ; à mon départ je serais devenu directeur artistique et l’équipe initialement constituée de quatre personnes (moi y compris) comptera une cinquantaine de personnes.

Leur changement d’adresse (d’une chambre de 15 mètres carrés dans un hôtel de Saint-Germain à un local de 200 m2 près du Louvre) sera notamment mon déclencheur d’intérêt pour la photographie.

Vutheara Kham, photographe pro, « La clef de la réussite est l’humilité avant tout »

Puis arrive une année charnière - 2010 - qui correspondra à ce que l’on pourrait qualifier « d’ année de crise identitaire ». Quelle décision va-tu prendre ?

Je sentis que le moment était venu pour moi d’aller au Srok khmer. J’y partirais alors plusieurs semaines, espérant suivre religieusement un itinéraire préparé à l’avance par mes soins. Des épisodes incroyables s’y produiront, comme m’asseoir par hasard dans le bus pour Battambang à côté du voisin d’une tante que j’allais découvrir !

Trois ans plus tard, tu commenceras sérieusement la photo. Quels seront tes premiers gros contrats ?

Une exposition à la BNF sur la photo américaine des années 70 me donnera un gros déclic. En 2011, mon compte Instagram est alors en fonction, je suis contacté pour une première mission par L’Office de Tourisme de Paris pour réaliser les couvertures de plusieurs guides notoires

  • Puis le défilé Balenciaga

  • Michelin

  • Mercedes

Revenons à ta rencontre des années auparavant avec PSE. Sur quoi cette rencontre a-t-elle évolué depuis ?

À l’époque Instagram résidait en une communauté de créateurs et cela me permit entre autres de faire une première exposition dont les fonds iront à cette association découverte plus de 10 ans auparavant.

Quelles ont été tes plus belles missions avec eux ?

Ma plus belle mission est définitivement celle qui est en train de se préparer ! Après avoir passé plusieurs semaines au sein des locaux de PSE - devenu depuis une ville dans la ville - avec son internat et ses classes allant de la crèche à l’âge de jeune adulte - j’ai eu pour tâche de photographier ce microcosme au quotidien.

Cela a abouti à une exposition qui débute à Paris ce 19 octobre 2023 pour une durée de trois jours. L’exposition continuera ensuite à Saint-Germain-des-Prés dans la galerie Lee, la seule galerie cambodgienne à Paris, dirigée par Mr Lysath Loeuk, le propriétaire, pour une durée de trois semaines. Les bénéfices iront entièrement à PSE.

De façon personnelle, qu’aimerais-tu voir changer en priorité au Srok khmer ?

La circulation chaotique et anarchique. Et bien évidemment voir la grande pauvreté de nos semblables diminuer.

Côté professionnel, quels projets photos aimerais-tu réaliser d’ici les 3 prochaines années ?

Je ne sais pas encore, car ma timidité me freine souvent dans mon démarchage

Enfin des conseils à prodiguer sur ton métier ?

« La clef de la réussite est l’humilité avant tout »

« Maintenir ce métier comme une passion »

Propos recueillis par Chantha R - Françoise framboise

Merci pour votre envoi !

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