Conflit frontalier : Tensions persistantes, inquiétudes économiques et crise humanitaire

Au 21 décembre 2025, le conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande reste tendu, avec des affrontements sporadiques malgré des appels répétés à la désescalade, marquant plus de deux semaines d'hostilités renouvelées. Sans surprise, les deux pays s'accusent mutuellement de violations de cessez-le-feu antérieurs, tandis que la communauté internationale peine à imposer une trêve durable.​

Incidents Armés : Bombardements et Échanges de Tirs Incessants

Les hostilités, ravivées le 7 décembre autour des zones contestées ont connu une escalade aérienne et navale. La Thaïlande a mené des frappes avec des F-16 sur des positions cambodgiennes, visant des centres logistiques et des casinos présumés abriter des lance-roquettes, causant la mort de sept civils cambodgiens les 8-9 décembre selon le ministère cambodgien de la Défense.

Du côté cambodgien, les médias locaux rapportent des tirs d'artillerie thaïlandaise sur des villages comme Jay et Batrkuon le 20 décembre à 4h et 12h04, tuant 18 civils dont un enfant et en blessant 79 autres jusqu'au soir du 19 décembre.

La Thaïlande déplore 21 soldats tués et des civils touchés par des roquettes BM-21 cambodgiennes sur des zones agricoles, tandis que son armée a détruit une grue près du temple de Preah Vihear utilisée pour du commandement militaire. Au 20 décembre, la marine thaïlandaise tente de bloquer les navires cambodgiens dans le golfe de Thaïlande, étendant le conflit en mer.​​

Initiatives Diplomatiques : Trump et Accords Fragiles sous Tension

Un cessez-le-feu négocié par Donald Trump le 12 décembre a volé en éclats dès le lendemain, le Cambodge accusant la Thaïlande de bombardements persistants malgré l'appel présidentiel. Bangkok exige un cessez-le-feu unilatéral cambodgien et un déminage préalable, invoquant des mines posées récemment qui ont blessé des soldats thaïlandais en novembre.

Des déclarations conjointes signées en juillet et octobre 2025 à Putrajaya et Kuala Lumpur sont violées, selon les deux parties ; la Thaïlande a briefé les diplomates le 8 décembre, réaffirmant son droit à l'autodéfense. La Chine pousse à la confiance mutuelle, tandis que Hun Sen, président du Sénat cambodgien, justifie la fermeture des postes-frontières pour protéger les civils des "tirs indiscriminés" thaïlandais. Au 21 décembre, aucune avancée concrète n'est signalée, les combats persistant malgré les pressions de l'ASEAN et des États-Unis.​

Inquiétudes Économiques : Chute des Remises et Tourisme en Chute Libre

La fermeture des frontières, effective depuis mi-décembre, paralyse le commerce bilatéral et frappe durement les économies locales. Au Cambodge, 900 000 travailleurs migrants sur 1,2 million ont fui la Thaïlande, provoquant une baisse de 37,5% des remises (2 milliards de dollars en 2024, soit 5,6% du PIB), impactant la consommation domestique et la croissance de 0,3 point.

Le tourisme, vital (10% du PIB cambodgien), est impacté : les ventes de billets d'Angkor chutent de 20%, les Thaïlandais représentant 30% des visiteurs, tandis que les alertes sécuritaires découragent les étrangers.

Un rapport AMRO prévoit une perte de plus de 3% du PIB cambodgien sur 12 mois, avec inflation accrue et substitution partielle des importations thaïlandaises. La Thaïlande recrute ailleurs (Sri Lanka) pour remplacer la main-d'œuvre cambodgienne.

Problèmes Humanitaires : 800 000 Déplacés dans la Précarité

Plus de 800 000 personnes sont déplacées le long des 800 km de frontière, avec 600 000 au Cambodge (Preah Vihear, Oddar Meanchey, Banteay Meanchey) et 125 000 en Thaïlande (Sa Kaeo, Surin). Le bilan humain dépasse 50 morts (21 soldats thaïlandais, 17-18 civils cambodgiens, dont enfants), 200 blessés, et des destructions d'infrastructures, temples et fermes.

Le Forum de Réponse Humanitaire cambodgien (HRF) alerte sur la surcharge des ressources locales, perturbations des services essentiels et risques sanitaires ; plus de 500 000 ont fui vers des camps comme ceux de Preah Vihear. Les sources khmeres comme le ministère de l'Intérieur ordonnent aux citoyens bloqués de rester en place jusqu'à un vrai cessez-le-feu, aggravant les vulnérabilités alimentaires et médicales. L'UN et World Vision appellent à une aide urgente face à cette crise prolongée.​​

Ce conflit, enraciné dans des disputes autour de temples comme Preah Vihear, risque de s'enliser sans médiation forte, menaçant la stabilité régionale alors que le 21 décembre marque une nouvelle journée sans répit.

Appels à la Paix

Dans la capitale cambodgienne, le 18 décembre 2025, des dizaines de milliers de Cambodgiens, moines bouddhistes en tête et civils unis, ont défilé dans une puissante « Marche pour la Paix » organisée par l'Union des Fédérations de la Jeunesse Cambodgienne (UYFC), menée par Hun Many, vice-Premier ministre. Ce cortège symbolique a clamé un appel vibrant à la fin des hostilités frontalières avec la Thaïlande, soulignant les victimes depuis le 7 décembre, tout en réaffirmant l'attachement du Royaume à la paix et au respect des cessez-le-feu.

Parallèlement, la jeunesse cambodgienne a multiplié les prières et rassemblements pour la paix tandis que 39 organisations thaïlandaises et cambodgiennes ont publié une déclaration conjointe appelant à un cessez-le-feu immédiat via l'Alliance des Peuples Thaï-Cambodgiens pour la Paix.

Hun Manet, Premier ministre, a réitéré lors d'un entretien avec un émissaire chinois le 20 décembre l'engagement ferme du Cambodge au cessez-le-feu de Kuala Lumpur, remerciant les médiations de Donald Trump et Anwar Ibrahim, et Prak Sokhonn, ministre des Affaires étrangères, a insisté sur la voie pacifique conforme au droit international. Hun Sen, président du Sénat, a clarifié que les fermetures frontalières visent à protéger les civils sans bannir les voyages, multipliant les appels à la désescalade malgré les accusations croisées.

Ces initiatives populaires et officielles envoient un message fort à la communauté internationale, mêlant solidarité, refus des ravages de la guerre et gestes humanitaires croissants en faveur des réfugiés.