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Cambodge & Khmers rouges : Le destin du soldat Voeng Vorn, victime du régime de Pol Pot

En collaboration avec le magazine « Searching for the Truth », initié par DCCAM, Cambodge Mag vous propose une série de témoignages bruts de celles et ceux qui ont vécu le régime des Khmers rouges. Aujourd’hui, la fin tragique du soldat Vorn contée par son épouse.

L'épouse du soldat soldat Voeng Vorn
L'épouse du soldat soldat Voeng Vorn

Mon mari Vorn avait la peau de la couleur d’une graine de soja. Il était doux, travailleur et sympathique. Nous nous sommes mariés lorsque j’avais 16 ans. Environ un mois plus tard, les autorités du village et du sous-district sont venues pour persuader Vorn de rejoindre l’armée de Lon Nol. Il ne voulait pas, mais il n’avait pas vraiment le choix. Il avait déjà combattu dans de nombreuses opérations.

Au début de 1975, mon mari a reçu l’ordre de se rendre dans un village de la banlieue de Phnom Penh, où il a été blessé à la cuisse. Lorsque ses collègues m’ont annoncé cette nouvelle, j’ai pris un hélicoptère depuis la province de Takeo pour m’occuper de lui. J’ai pleuré quand j’ai vu ses blessures pour la première fois. Il ne pouvait pas arrêter de saigner et il y avait des vers dans sa blessure. Les médecins ont essayé de l’aider, mais il était incapable de marcher.

J’ai refusé de le quitter lorsque les Khmers rouges ont commencé à évacuer les gens de Phnom Penh. Quand ils nous ont forcés à quitter l’hôpital, j’ai mis Vorn dans un chariot et je l’ai attaché avec un krama pour qu’il ne tombe pas. J’étais sur le point d’accoucher et mon ventre était très gros, il m’était donc difficile de voyager.

Le long de la route, j’ai enterré les documents et l’uniforme de Vorn. Quand les Khmers rouges nous ont interrogés, je leur ai dit que mon mari était vendeur de glace et que j’étais femme au foyer. Mais comme Vorn était blessé à la jambe, ils ne l’ont pas cru. Ils ont pris mon mari et l’ont mis dans une voiture. Je pense qu’ils l’ont tué parce que c’était un soldat de Lon Nol.

J’ai été évacuée vers le village de Chambakk dans la province de Kampong Cham et 15 jours après mon arrivée, ma fille est née. J’avais très peur, car je ne savais pas comment accoucher et il n’y avait pas d’infirmière pour m’aider. Cependant, une de mes voisines m’a aidée. C’était un accouchement par le siège et c’était très douloureux.

Les villageois m’ont dit d’appeler ma fille Chambakk, pour qu’elle n’oublie pas où elle était née. On m’a ordonné d’aller travailler dans les champs 15 jours plus tard. J’ai emmené Chambakk avec moi dans les champs et je l’ai mise dans un hamac pour qu’elle dorme pendant que je travaillais.

« Mais quand elle est tombée malade avec une forte fièvre, il n’y avait aucun médecin pour la soigner. Elle est morte à l’âge de neuf mois. J’ai demandé à l’Angkar si je pouvais l’enterrer, mais ils ont refusé et ont jeté son corps dans la rivière. J’ai pleuré en silence ; si les cadres m’avaient entendu, j’aurais été tuée »

Pendant que je travaillais dans les rizières, des espions sont venus contrôler ma maison à plusieurs reprises, mais ils n’ont rien trouvé. J’avais caché nos photos dans un sac en plastique et les gardais dans la poche de ma chemise. L’Angkar me posait sans cesse des questions sur mon mari, mais je leur disais qu’il était vendeur de glace et qu’il avait déjà été emmené pour être tué. Finalement, ils ont cessé de me poser des questions sur lui.

Quand les Vietnamiens nous ont libérés, j’ai couru au village pour voler du riz qui venait d’être récolté. J’en ai donné deux paniers à un batelier pour qu’il me ramène à Phnom Penh. Ma mère m’a finalement retrouvée et nous sommes retournées dans notre maison dans la province de Takeo, mais à notre arrivée, nous avons constaté qu’elle avait été totalement détruite par les bombes.

Ma mère m’a alors raconté que l’Angkar avait fait tuer mon père parce qu’il avait refusé de suivre le parti qui avait ordonné le mariage de ma sœur. Deux cadres l’avaient accompagné hors du village et il avait disparu. Quelques jours plus tard, ma sœur disparut de la même façon.

Remerciements : Bunthorn Sorn

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