17 avril 1975 : Que pouvait faire l'ambassade de France au Cambodge, que prévoyait le droit international ?
- Christophe Gargiulo
- 13 mai
- 4 min de lecture
Le 17 avril 1975, les Khmers rouges s'emparent de Phnom Penh, marquant le début d'un chapitre épouvantable de l'histoire du Cambodge. L'ambassade de France à Phnom Penh est alors devenue un centre d'accueil pour les réfugiés, abritant environ 1 500 personnes, dont des ressortissants français, des Cambodgiens et d'autres étrangers cherchant à se protéger de l'avancée des forces khmères rouges. Cependant, la capacité de l'ambassade à sauver ces réfugiés a été sévèrement limitée par les réalités politiques et militaires de l'époque.

Malgré la présence de réfugiés dans son enceinte, l'ambassade de France n'a pas pu accorder l'asile à de nombreux Cambodgiens. Les Khmers rouges exigeaient l'expulsion de tous les Cambodgiens hébergés, menaçant de recourir à la force si l'ambassade n'obtempérait pas. Sous cette pression, l'ambassade a remis les réfugiés cambodgiens aux Khmers rouges, y compris d'anciens responsables gouvernementaux très en vue. Nombre des personnes expulsées n'ont jamais été revues, victimes du génocide qui s'en est suivi. Les autorités françaises ont également refusé l'asile politique à certains dignitaires comme Ung Boun Hor et le prince Sirik Matak, qui se sont rendus volontairement pour éviter un conflit armé à l'intérieur de l'ambassade.
Du point de vue du droit international de l'époque, la convention sur les réfugiés de 1951 et son protocole de 1967 ont établi le principe de non-refoulement, qui interdit de renvoyer des réfugiés vers des territoires où leur vie ou leur liberté serait menacée en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques.
Ce principe est censé protéger les réfugiés d'un retour forcé dans des situations dangereuses. Cependant, le Cambodge de 1975 est un cas complexe : les Khmers rouges sont un régime révolutionnaire victorieux qui exerce un contrôle sur son territoire, et l'ambassade de France se trouve sur le sol cambodgien mais sous statut diplomatique.
La capacité de l'ambassade à offrir une protection était limitée par les normes diplomatiques et la menace de violence. Bien que le droit international interdise le refoulement, les mécanismes d'application étaient faibles et les ambassades ne pouvaient pas garantir unilatéralement l'asile ou la protection contre les exigences d'un régime hostile. La reddition volontaire de fonctionnaires cambodgiens pour éviter un bain de sang à l'intérieur de l'ambassade a été considérée par un juge français, des décennies plus tard, comme une décision consciente plutôt qu'une expulsion forcée par les autorités françaises.
Si la prise de Phnom Penh donne lieu à de multiples commémorations plutôt bien accueillies par les survivants et leurs descendants, quelques voix s'élèvent toutefois contre la position de l'ambassade à ce moment, l'accusant d'avoir livré les Khmers présent ce jour-là un peu trop rapidement. Parmi eux, Jean Kroussar, présent à l'ambassade et qui ne manque pas de fustiger très régulièrement la position française de l'époque, affirmant avec forte conviction que d'autres solutions étaient possibles pour sauver la vie des réfugiés sans affrontement.
Hypothèses
Que ce serait-il passé si la situation avait dérapé ce jour-là ? En vertu de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, les ambassades sont considérées comme des territoires souverains de l'État d'envoi. Une attaque constitue une atteinte à cette souveraineté et une violation du droit international, obligeant le pays hôte à protéger les locaux et le personnel diplomatiques. Il arrive que des personnes cherchent à se réfugier dans une ambassade étrangère pour échapper à une arrestation ou à des persécutions de la part des autorités du pays d'accueil, comme ce fut le cas en ce jour sombre du 17 avril 1975.
Toutefois, bien que les ambassades soient considérées comme le territoire souverain du pays qu'elles représentent, le fait d'accorder l'asile à l'intérieur d'une ambassade n'est pas automatiquement reconnu comme un statut de réfugié en vertu du droit international. Ce type de refuge est souvent temporaire et politiquement sensible. Vu la position des Khmers rouges vis-à-vis de l'Occident et leur mépris flagrant du droit dans son ensemble, les négociations n'ont pu que se tenir que dans un contexte extrêmement tendu, bien en dehors des cadres prévus par la diplomatie et le droit international.
Aussi, la présence militaire française en 1975 se résumait à une simple mission de protection diplomatique et humanitaire dans un contexte de guerre civile et de chute du régime pro-occidental, sans intervention militaire directe dans le conflit. La France n'avait donc pas de troupes combattantes au Cambodge à cette époque, contrairement aux forces américaines qui ont soutenu le gouvernement de Lon Nol jusqu'à la chute de Phnom Penh. Ce jour-là, la France n'avait en aucun cas les moyens au niveau local de risquer un affrontement armé sans escalade entre les deux pays avec les conséquences que l'on peut imaginer après les traumatismes de la guerre d'Indochine et celle du Vietnam.
Notons également que la France de 1975, malgré un essor artistique remarquable, est aussi très occupée avec les séquelles de la crise pétrolière de 1973, qui a entraîné une récession économique, de l'inflation, une hausse du chômage et de fortes tensions sociales.
La France aurait-elle pu exercer plus de pression et négocier plus de sauvetage de réfugiés ? Aurait-elle pu anticiper ce drame ? Peut-être. Officiellement, la France indique qu'il n'y avait plus aucun espace pour la diplomatie. Moins officiellement, certains avancent des services de renseignements informant régulièrement le gouvernement français, ainsi qu'une évacuation plus large risquée, mais possible. Beaucoup de dignitaires français de l'époque ont disparu emportant probablement avec eux quelques secrets sur cette décision tragique.
En fait, le 17 avril 1975, l'ambassade de France à Phnom Penh a été submergée par l'afflux de réfugiés fuyant les Khmers rouges. En dépit des principes juridiques internationaux visant à protéger les réfugiés, l'ambassade n'a pas été en mesure de protéger pleinement les demandeurs d'asile en raison des exigences des Khmers rouges et des limites de la protection diplomatique. Le destin tragique de nombreux Cambodgiens expulsés de l'ambassade souligne le fossé entre les idéaux juridiques et les dures réalités politiques et militaires durant l'un des moments les plus sombres de l'histoire du Cambodge.
Dans un contexte international plus large, les États-Unis ont réagi à la crise des réfugiés d'Indochine en adoptant l'Indochina Migration and Refugee Assistance Act en mai 1975, peu de temps après ces événements. Cette loi autorise l'admission et la réinstallation de dizaines de milliers de réfugiés d'Asie du Sud-Est, dont des Cambodgiens, reconnaissant ainsi le besoin urgent d'une protection et d'une assistance internationales. Elle témoignait d'une reconnaissance mondiale croissante des droits des réfugiés, même si ces cadres n'en étaient encore qu'à leurs premiers stades de développement et de mise en œuvre.
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