À Paris, la diaspora cambodgienne se dresse contre l’invasion thaïlandaise
- Chroniqueur

- 3 août
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Ce dimanche 3 août, alors que l’été s’accroche à la capitale française, la place du Trocadéro s’est métamorphosée en un vibrant théâtre de résistance. Ce sont près de 1 000 Cambodgiens venus des quatre coins de France et d’Europe qui s’y sont rassemblés.

La raison : dénoncer haut et fort l’invasion du territoire cambodgien par l’armée thaïlandaise, un acte qui a ravivé les blessures ancestrales d’une région marquée à jamais par des frontières disputées et des impérialismes passés. L’atmosphère était baignée de solennité. Des familles entières, kramas noués, portaient des banderoles frappées d’appels à la paix, tandis que s’agitaient au vent des milliers de portraits de compatriotes victimes de la violence, exilés ou déplacés par la récente escalade militaire. Les slogans – « Souveraineté inaliénable ! », « Non à l’agression ! », « Cambodge uni face à l’injustice ! » – fusaient dans l’air.
Au centre de la foule, certains marchaient en silence, têtes hautes, méditant le prix du sang versé le long de la frontière précieuse, tandis que d’autres, la voix tremblante d’émotion, reprenaient l’hymne cambodgien. Le rassemblement, loin d’être un simple exutoire, s’est vite transformé en une démonstration de solidarité et d’unité transnationale, unissant la diaspora dans la défense inconditionnelle du Cambodge et de ses frontières.
L’inquiétude de la communauté cambodgienne française fait écho à une situation tragique qui secoue le sud-est asiatique depuis la fin juillet. Après des semaines de tensions croissantes sur le tracé frontalier, la Thaïlande a lancé fin juillet une série d’incursions et de bombardements au cœur de la zone disputée autour des temples de Preah Vihear et Ta Muen Thom. Selon les chiffres actualisés, au moins 40 personnes, essentiellement des civils, ont perdu la vie dans les combats et plus de 300,000 habitants ont été contraints à l’exil sur de maigres routes entre rizières et forêts profondes.
En moins d’une semaine, la frontière s’est embrasée, martelée par l’artillerie, ravagée par les bombes : les deux armées s’accusaient mutuellement d’avoir violé l’intégrité territoriale du voisin. Mais dans le déluge des dépêches diplomatiques, un fait demeurait incontestable pour les Cambodgiens : le sol foulé par la botte étrangère était, dans leur cœur, sacré et inviolable.
« Refuser le silence, c’est un devoir. Nous n’avons qu’un Cambodge, et il est menacé », confie Nary, l’une des figures en vue du mouvement.
Pour ces manifestants, s’engager depuis l’étranger, c’est s’ériger en gardiens de la mémoire nationale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, là où, parfois, les mots manquent au pays natal ou se heurtent à la censure.

Diplomatie, Droit et Espoir
Si un cessez-le-feu fragile a été instauré grâce à une médiation de la Malaisie, des États-Unis et de la Chine, la paix reste incertaine.
« Ce n’est qu’un début. Le respect de nos frontières ne peut être négocié à huis clos », lançait dimanche un orateur, acclamé par la foule.
La mobilisation parisienne a également reçu le soutien de diverses organisations internationales et associations françaises, rappellant l’importance des accords historiques et de la légalité internationale. Nombreux sont ceux qui rappellent la décision de la Cour internationale de justice de 1962 attribuant à Phnom Penh la souveraineté sur le temple de Preah Vihear, une victoire juridique restée pourtant incomplète face à l’ambiguïté persistante sur les terres environnantes.
À mesure que la journée avançait, la manifestation s’est achevée sur des poèmes, des danses traditionnelles, et une minute de silence en hommage aux victimes. Mais personne ne voulait disperser l’énergie déployée : nombre de Cambodgiens sont restés sur place, échangeant des promesses de maintenir la pression, de sensibiliser l’opinion internationale, d’écrire encore et encore aux élus, aux organisations et aux médias.
Car pour cette diaspora, le combat dépasse la ligne frontalière concrète : il s’agit de préserver une identité, une fierté, et de transmettre aux générations futures le sens profond du mot « souveraineté ». À Paris, ce 3 août 2025, le Cambodge a parlé d’une voix forte, digne, unie – de cette voix que l’exil n’a su abattre, et qui s’élève aujourd’hui contre l’injustice pour que le monde, enfin, entende.







Bravo au diaspora Cambodgien!
On est loin de notre patrie mais le cœur est toujours rattaché et unis entre nous.