top of page
Ancre 1

Vibol Lim et le ROMBAK BATTLE : Le Hip Hop, un moteur de vie et d’espoir au Cambodge

Après une longue pause et afin de redonner de la motivation à nos plus jeunes (mais aussi à tous) suite à la guerre, mais aussi avant l’événement caritatif hip hop du 6 septembre, les entretiens de Khmers atypiques reviennent. Et c’est le très inspirant VIBOL LIM, l’un des fondateurs du ROMBAK BATTLE, qui ouvrira la marche.

Vibol Lim
Vibol Lim

Cet enfant de Sarcelles, bercé entre sa vie au Cambodge et son enfance parisienne, avance fièrement que « le hip hop peut sauver des vies » en prenant exemple sur les accomplissements de l’ONG TINY TOONES.Il a accepté aujourd’hui d’expliquer plus en profondeur, avec honnêteté, humilité mais aussi reconnaissance, son parcours de vie pour notre tout premier entretien de cette rentrée 2025.

Tu grandis à Sarcelles dans un environnement cosmopolite qui te laisse de bons souvenirs. Mais amoureux des arts en général, tu seras sélectionné en fin de collège pour étudier au lycée Auguste Renoir à Paris. Raconte-nous les rencontres extraordinaires que tu y feras !

Depuis Sarcelles qui n'est pourtant pas loin, Paris était inconnue pour moi. Je voulais absolument intégrer cet établissement, le dessin et la musique représentant alors mes plus grandes passions.Malgré une sélection extrême n’offrant que 30 places dans ce programme, je fus retenu, suite ironiquement à une perte de mon dossier.La diversité ethnique étant alors peu commune, je fus automatiquement recruté dans l’équipe de break dance, qui devint comme une seconde famille.Cette nouvelle appartenance peut être considérée aujourd’hui comme le véritable départ de cette formidable aventure que je vis aujourd’hui.

Parle-nous de tes premières années de danse suite à ça (jusqu’à tes 23 ans)

Ces premières années furent principalement marquées par mes visionnages de cassettes VHS, source majeure de ma connexion avec les différentes scènes de hip hop locales étrangères. À cette époque-là, le peu d'informations qu'on avait provenait de ces dernières, que nous nous prêtions tous.Et bien que mon niveau fut encore mitigé, admirer les battles dans des quartiers comme Les Halles ou La Défense devint ma source d’inspiration (tout comme l’équipe des DALTONS POSSE).

ROMBAK BATTLE : Le Hip Hop, un moteur de vie et d’espoir au Cambodge

Par la suite, l’un des membres du club de Breakdance du lycée, NIAKO (après son BAC) intégra la formation de l'Académie Internationale de la Danse ; il devint l’un des meilleurs au monde.Cet événement, parallèlement à l’expansion des battles en France, m’amèna peu à peu à explorer d’autres styles de danse.Cependant, mon entrée dans la vie active plus conventionnelle me fit alors stopper la pratique.

Une proposition d’emploi atypique t’est alors proposée pour partir à l’étranger. Quelle est-elle et que se passera-t-il suite à ta décision ?

Une offre de creative manager m’est alors offerte, mais au Cambodge.Je l’accepte sans réfléchir et avec seulement 700 € en poche, je décide de tenter une toute nouvelle aventure humaine. C’est de ce séjour que naquirent mes premières rencontres avec la scène Hip Hop cambodgienne, notamment avec DJ ILLEST, SOK VISAL ou bien encore les FRÈRES VISES.

Cela m’apporte au passage une meilleure connaissance de mon pays d’origine.À cette période arrivèrent aussi au Srok khmer des danseurs confirmés, comme BRIEUC CARPENTIER de France ou B BOY PEANUT, un khmericain.

Désormais installé au Cambodge, tu rencontreras en 2011 les TINY TOONES. Te rappelles-tu de tes premières impressions ?

Notre première rencontre se fit en 2011 au PONTOON, lors d’une rencontre de danse.J’y rencontrais alors B-Boy Freshh, B-Boy Suicide, B-Boy Slick, B-Boy Homie, B-Boy Erak (RIP)... et une fille - la seule - Bgirl Diamond.

Ta route un peu plus tard croisera celle de BBoy PEANUTS. Ce dernier deviendra d’ailleurs ton colocataire. Une idée va alors voir le jour. Pourrais-tu nous l’expliquer ?Il m'avait déjà beaucoup parlé de Tiny Toones, où il enseignait d’ailleurs plusieurs matières.

Mais son souhait restait de pouvoir développer des activités liées à la danse de façon plus concrète et plus officielle.Tiny Toones organisait alors des battles pour les enfants de l'ONG.

Une nouvelle rencontre aura lieu par la suite avec la Bgirl Melski, venue pour découvrir la scène cambodgienne.Sur quoi aboutiront vos échanges ?

L’arrivée de la danseuse australienne marqua un tournant dans nos décisions. Tous ensemble, nous décidâmes de franchir le pas : faire des battles chères à nos cœurs un véritable événement, ouvert au grand public.

Et de cette entente naquit en mai 2013 le nom, aujourd’hui considéré comme une marque : ROAM KBAK, qui signifie break dance en Khmer… tout simplement !

Comment se déroulera la première compétition ?

Grâce au réseau de Bboy Peanut, le Meta House devint notre premier lieu. Une collaboration immédiate se constitua par la suite avec DJ BREE, MC DOLLA, DEEJAY STOKE, l’équipe DreamTouch, Joel de Andrade (fondateur de HotStepper au Danemark) ou encore le chorégraphe LIONEL HUN. Le public ainsi que les participants étaient au rendez-vous, dont un bboy khmer français de passage, arrivé en finale face à Bboy Freshh de Tiny Toones.De là me vint la prise de conscience de la possibilité de transformer l’événement en une scène internationale.

Parallèlement, tu entameras une carrière dans l’immobilier. Bien que diamétralement opposée à ton activité de danse, ce travail te procurera d’autres avantages. Quels sont-ils ?

Effectivement située aux antipodes de mon domaine de compétences initial, cette nouvelle profession me permit pourtant de découvrir le pays plus en profondeur.

Le Slur Bar marquera un départ prometteur pour ROMBAK. Comment se sont passées les deux battles organisées dans ce lieu ?

Situé à quelques mètres du Pontoon, sa grande capacité nous permit de réitérer de nouvelles éditions du ROMBAK battle.La scène commença à attirer des danseurs étrangers de passage au Cambodge. Puis nous eûmes le soutien de performers de divers pays comme à nouveau l'Australie, ou encore la France. Le retour du public fut alors extrêmement positif et quelque part gratifiant, car beaucoup de retours provenaient notamment de néophytes.

En 2015, BBoy Peanut est dans l’obligation de retourner aux USA. Désormais seul, tu rentres en France. Mais ne perdant pas ton temps, tu te lances dans une nouvelle formation. Pourquoi ce choix ?

Je me trouvais alors dans une période que l’on pourrait qualifier « à vide ». C’est alors qu’on me proposa d’intégrer - mais en France - une formation de gestion d’évènements culturels. Les sponsors locaux n’étant à l’époque que peu présents au Cambodge, je pris le parti d’accepter cette nouvelle voie. Mon intégration dans l'Agence Européenne de Management Culturel s’effectua en novembre 2016 sur Paris et j’obtins mon diplôme en 2017.

De retour au Srok, tu organises à nouveau les battles. Comment se dérouleront-elles ? (lieu, sponsors etc.)

Tout s'est fait en réalité depuis Paris durant notre formation.Une succession de présentations de personnalités de la scène artistique comme par exemple Zakary Peang, ancien danseur de Move&Art, fit renaître le phœnix de ses cendres.

Le nom de Rom Bak Battle fut maintenu et l’association à caractère professionnel naquit. Nous eûmes une aide inattendue et exceptionnelle, celle de KHENORY SOK, seule candidate ayant répondu à notre appel pour l’organisation.

ROMBAK BATTLE : Le Hip Hop, un moteur de vie et d’espoir au Cambodge

Un crowdfunding permit de récolter 4500 euros principalement grâce au groupe Facebook KIA, mais aussi par Dara Thong avec Samaki Khon Khmer, et la communauté cambodgienne de Lyon. Nous retournâmes donc au Pontoon en 2017 pour ce nouveau ROMBAK, la première édition désormais professionnelle, en pleine période de fêtes de fin d’année.

Puis le premier sponsor apparut en 2019 pour la deuxième édition : Monster Energy. Cette édition se déroula sur 2 jours avec une soirée Jam Hip-hop et workshop au Dib Club et le battle le lendemain au Pontoon. Cette période me permit de réaliser un grand rêve : faire venir au Cambodge un ami que j’admirais : NIAKO.Pour la première fois s’inscrivirent des danseurs du Vietnam. Par la suite, d’autres nationalités suivirent le mouvement. Découlant de tout ce nouvel engouement, une 3e catégorie fut alors créée : le RomBak Style. Le ROMBAK STYLE correspondait à la fusion entre les danses culturelles khmers et le Hip-hop.Le vainqueur de ce nouveau défi, JUVIE LIN, réalisa une chorégraphie mêlant Bokator et Hip Hop.

L’arrivée du Covid stoppera malheureusement ROMBAK. Quelles furent tes premières actions à la fin des restrictions ?

La situation critique m’amena à me reconvertir dans l'informatique.Une fois les restrictions levées, nous nous retrouvâmes uniquement à deux : KHENORY SOK et moi-même. Ce fut la FACTORY cette fois-ci qui accueillit le retour de l’événement en 2024, un emplacement unique en son genre dans la capitale. Et depuis cette date, nos éditions s’entourent de pointures du milieu, le but étant d’atteindre un standard international.

Aujourd’hui ROMBAK devient très populaire, mais pourrais-tu nous énumérer quels seraient les obstacles à surmonter encore aujourd’hui ?

La problématique majeure reste le financement. Nous dépendons entièrement des sponsors. À titre comparatif, des pays comme le Vietnam sont capables de proposer une scène artistique très élaborée. Et bien que cela reste ardu pour les danseurs locaux de connaître les scènes étrangères, cela éveille des vocations. À l’heure actuelle, nous sommes capables d’intéresser des intervenants (tant danseurs que DJ) de pays différents, d’origines diverses et avec d’excellents niveaux. Le fait de le présenter au Factory nous permet d'accueillir encore plus de monde. L’édition de 2025 a d’ailleurs permis d’obtenir un public d’environ 900 personnes, ainsi que 60 danseurs provenant des 4 coins du monde.

Finalement, qu’est-ce que cette aventure t’a apporté au niveau personnel ?

Une passion intègre.Un engouement indéfectible.La possibilité d’un espace d'expression unique.

Quelles en seraient, pour l’instant, tes meilleurs souvenirs ?Des rencontres uniques et exceptionnelles.

Une entraide qui fait chaud au cœur.

Quelles ont été, par la même, les plus gros obstacles ?

Une culture de la discipline encore peu développée au Cambodge. Le manque de capacité financière pour faire venir des compétiteurs et intervenants internationaux. La capacité à proposer de véritables workshops professionnels, notamment pour les locaux pour qui le soutien logistique local fait encore défaut, même si la progression est palpable.

Quels seraient de ce fait aujourd’hui tes vœux les plus chers, ou tes projets sur le sujet ?

  • La continuité des battles sur le long terme.

  • La mise en place des séjours liés à la danse hip-hop au Cambodge pour des groupes, écoles de danse ou associations internationales.

  • Faire connaître et reconnaître le Cambodge aussi par sa culture hip hop.

  • Recevoir des aides locales afin d’aider à développer ces projets.

  • Collaborer avec les pays voisins.

  • Faire des valeurs du hip-hop des valeurs universelles : Peace, Love, Unity & Having fun!

par Chantha R

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
  • Télégramme
  • Youtube
  • Instagram
  • Facebook Social Icône
  • X
  • LinkedIn Social Icône
bottom of page