Une de mes grandes satisfactions lorsque je rentre au Srok khmer est de connaître les initiatives des KHMERS POUR LES KHMERS. Un an après ma rencontre à Phnom Penh de ce personnage atypique qu’est le khmericain revenu au pays TU KAY KAY SOBIL - et 17 ans après l’ouverture de son école - nous nous sommes contactés pour un bilan de la situation.
Vous en quelques mots
Je m’appelle Tuy Sobil et je suis né dans un camp de réfugiés en Thaïlande. Puis j’ai grandi et vécu à Long Beach en Californie avant d’être déporté à nouveau au Cambodge. Je suis le fondateur de Tiny Toones.
Parlez-nous de l’école
Tiny Toones est une ONG située dans le quartier de Sangkat Chbar Ampov à Phnom Penh et qui aide les enfants pauvres à retourner à l’école. Elle utilise les outils du hip-hop comme le breakdance, apprendre à être DJ et les arts en général. L’anglais et les mathématiques y sont également enseignés.
Quels étaient vos objectifs lorsque vous avez créé cette école ?
La volonté première était d’aider à garder les enfants hors de la rue — notamment des gangs et de la drogue — et de leur procurer une éducation que leur milieu ne leur permette pas d’avoir.
Combien d’enfants avez-vous actuellement ? De quel âge à quel âge ?
Nous avons environ 100 enfants par jour âgés de 5 à 16 ans
Quels sont leurs profils ?
Les pauvres des quartiers défavorisés de Phnom Penh.
Y a-t-il des enfants que vous accueillez ?
Oui, nous avons en ce moment quelques enfants au quotidien qui vivent à Tiny Toones
17 ans après la création, vous êtes toujours là, mais vous devez désormais faire face à plus de difficultés que jamais.
Dites-nous ce qui s’est passé pour l’école pendant la période Covid ?
Comme de nombreuses autres organisations à travers le monde fournissant des services sociaux aux plus vulnérables, Tiny Toones a été durement touchée par la pandémie de Covid-19.
Malheureusement, à une époque où nos étudiants ont le plus besoin de soutien, nos sources de financement ont considérablement diminué. Nos bailleurs de fonds et nos supporters ont ressenti eux aussi les effets de la pandémie, et de ce fait nos dons en ligne et nos ventes de marchandises ont connu une très forte baisse. Nos opportunités de maintien et développement ont par la même considérablement diminué.
‼️Nous sommes confrontés à notre plus grand défi en 17 ans d’exploitation.
Quelles ont été les conséquences lors de sa réouverture ?
Aujourd’hui il ne nous reste plus que quelques mois de fonds. Nous avons définitivement un besoin urgent de soutien pour continuer notre travail avec les jeunes les plus à risque du Cambodge.
Quelle a été votre plus grande satisfaction depuis l’ouverture de cet établissement ?
Voir ces enfants retourner à l’école heureux et en sécurité
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez au niveau organisationnel ?
Nous faisons face à un manque significatif d’enseignants et de personnel, ces derniers (et nous le comprenons) préférant signer dans des établissements où le salaire sera garanti ; et la trésorerie n’étant plus comme avant, nous cherchons un meilleur financement.
Quels sont vos plans pour améliorer votre école ?
Faire connaître un maximum nos actions au travers de la communauté et partir en campagne afin de réunir le maximum de fonds pour recruter plus d’enseignants — et les convaincre de rester avec nous, et pouvoir améliorer la structure d’accueil dans son ensemble.
Que pensez-vous des gens qui regardent vos initiatives ?
L’accueil a toujours été très positif, la majorité des gens qui connaissent Tiny Toones ont applaudi l’initiative dès le départ. Cependant nous avons souvent été confrontés à un regard méfiant de la part de personnes qui ne sont pas habituées aux personnes tatouées, et qui font vite l’amalgame entre tatouage et mauvaises fréquentations.
Mais pour tous celles et ceux qui nous soutiennent moralement, nous en sommes très reconnaissants et cela nous motive encore plus.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Je continuerai — tout comme mon équipe — à essayer d’être le meilleur modèle au monde pour ces enfants.
Cependant pour la première fois aujourd’hui, j’ai la crainte que Tiny Toones ne puisse plus fonctionner correctement et qu’il faille songer à fermer les portes bientôt.
Propos recueillis par Françoise framboise (Chantha R)
Comments