top of page
Ancre 1

Cambodge & Diplomatie : Eva Nguyen Binh et le souhait de valoriser les alumni

À l'occasion du prochain départ de Madame l'Ambassadrice de France au Cambodge, Cambodge Mag ouvre ses archives et remet à la une l'interview de Son Excellence concernant la dynamisation du réseau des alumni au Cambodge.

S.E. Eva Nguyen Binh, Il nous faut mieux connaître et valoriser les alumni
S.E. Eva Nguyen Binh, « Il nous faut mieux connaître et valoriser les alumni »

C’est en mars 2018 qu’avait lieu la première conférence publique, à la CCIFC, dévoilant les projets de l’ambassade de France pour largement promouvoir le réseau alumni au Cambodge. Avec le dîner de gala alumni qui avait mis à l’honneur ces Cambodgiens proches de la France, S.E. Madame Eva Nguyen Binh, Ambassadrice de France au Cambodge avait accepté avant ce gala de répondre à quelques questions sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur.

CM : Pourriez-vous nous donner la définition d’un alumni ?

Un alumni de France, c’est quelqu’un originaire d’un pays étranger qui a étudié en France. Par extension, nous appelons Alumni de France quelqu’un qui a poursuivi ses études en France, ou dans son pays d’origine en ayant suivi un cursus dans une filière francophone. Nous avons donc une vision large de l’alumni.

CM : Pourquoi ce concept vous semble-t-il important au Cambodge ?

Il y a de nombreux alumni au Cambodge. C’est important car les alumni sont d’excellents relais entre leur pays d’origine et la France. Ils ont une bonne connaissance du Cambodge et de la France et, très souvent, ils pratiquent notre langue. Finalement, de par leur connaissance des deux pays, ce sont les meilleurs ambassadeurs de la relation entre la France et le Cambodge. C’est une communauté sur laquelle il faut capitaliser, qu’il faut mieux connaître et surtout valoriser.

CM : La langue française est relativement considérée comme un atout professionnel au Cambodge, qu’en pensez-vous ?

Il faut être réaliste, si la langue française n’est pas l’atout principal pour la vie professionnelle, c’est souvent une forte valeur ajoutée. Beaucoup d’entreprises concèdent qu’à l’ouverture d’un poste, la langue française n’est pas forcément le critère recherché, mais qu’en revanche, à compétences égales, cela peut faire la différence. La langue française est également la clé pour accéder à un certain type d’études de qualité. Généralement, il s’agit d’études de haut niveau, la médecine par exemple, en est un exemple flagrant. Nous avons au Cambodge des jeunes qui poursuivent des études de médecine en même temps qu’ils apprennent le Français. Dans ce cas, notre langue est une clé pour accéder à des études de qualité en France.

CM : Depuis quand la France a-t-elle décidé de mettre en valeur les réseaux alumni ?

Le concept d’alumni est déjà très important chez les Américains. En France, au niveau institutionnel, dans les grandes écoles par exemple, des réseaux d’alumni dédiés se créent depuis longtemps. M. Laurent Fabius, lors de son mandat de ministre des Affaires Etrangères (2012-2016) a donné une impulsion extrêmement forte. Il est à l’origine de la création d’un outil, la plate-forme France Alumni, un réseau mondial sur le net qui rassemble aujourd’hui environ 120 000 personnes. Le ministre a ensuite demandé aux ambassades de décliner cette plate-forme au niveau local. La plateforme France Alumni Cambodge a été lancée au Cambodge en novembre 2015.

L’intérêt pour les alumni est ancien. Mais ce n’est pas un sujet toujours simple. Au Cambodge, qui compte plusieurs milliers d’alumni, il nous faut les identifier, les rassembler, et les engager dans une démarche active. Il n’est pas évident que l’ensemble des alumni adhère à cette démarche active, tout simplement pour des raisons de manque de disponibilités familiales ou professionnelles. Si les Cambodgiens se regroupent facilement lorsqu’ils sont à l’étranger, ils en ressentent moins le besoin lorsqu’ils sont de retour au pays. Ils ont aussi parfois déjà leur propre réseau.

CM : Vous étiez intervenue lors de la conférence sur les alumni organisée en mars 2018, quelles sont les avancées ?

Depuis notre conférence à la CCIFC, la Chambre de Commerce a créé en son sein une commission alumni. C’est une bonne initiative car l’une des motivations principales des alumni consiste aussi à s’intégrer dans un réseau professionnel. Nous avons également établi un plan d’action avec la CCI, permettant de mieux connaître les alumni pour mieux les valoriser et pouvoir les appuyer dans la structuration du réseau. Cela a débuté avec l’envoi d’un questionnaire à plusieurs milliers d’alumni pour identifier leurs parcours, leurs objectifs et leurs attentes.

Lors du diner alumni en mars 2018
Lors du diner alumni en mars 2018

Pouvez-vous déjà nous dévoiler une tendance ?

Nous avons déjà pu dégager un résultat important : plus de 50% des personnes interrogées ont poursuivi leurs études en France. C’est intéressant car cela montre qu’il y a aussi un fort pourcentage d’entre eux qui a suivi une filière francophone dans le royaume. C’est une tendance assez particulière du Cambodge.

CM : Un fort pourcentage de Cambodgiens francophones est au gouvernement et dans la fonction publique, avez-vous discuté de votre projet ?

Oui, bien sûr, nous avons discuté avec certains d’entre eux. C’est effectivement un élément très frappant au Cambodge. Je parle de la quantité des alumni, mais aussi de la qualité. Beaucoup occupent de hautes fonctions. J’ajouterais également que le français parlé est aussi d’une très grande qualité. Lorsque nous avons discuté de nos ambitions avec eux, j’ai pu aussi constater beaucoup d’attentes de leur part. C’est un élément très encourageant.

La France et le Cambodge ont une relation historique et émotionnelle assez intense, considérez-vous cela comme un atout pour le développement du réseau alumni ?

L’histoire du Cambodge fait que de nombreux Cambodgiens ont passé beaucoup d’années en France. Ce fut une terre de refuge, beaucoup se sont installés, ont fait leurs études et ont même acquis la nationalité française. Bien que l’on s’éloigne ici un petit peu du concept d’alumni, effectivement, cela crée une relation humaine très forte et assez unique. Le retour de la diaspora permet aussi une synergie intéressante, car ce sont des gens qui souhaitent contribuer au développement du pays et restent très ouverts aux deux cultures.

Propos recueillis par Christophe Gargiulo

Merci pour votre envoi !

  • Instagram
  • Facebook Social Icône
  • Gazouillement
  • LinkedIn Social Icône

Accueil   Économie   Tourisme     Culture     Destination     Gastronomie     Sport   Environnement 

bottom of page