Depuis trois mois, la Cambodgienne Soksara OUN officie en tant que manager du restaurant Malis à Siem Reap, un rôle à hautes responsabilités dont elle se fait une idée bien précise.
Un calme inhabituel règne une fois franchie la grande salle d’entrée du Malis. Cette heure de l’entre-deux, durant laquelle les derniers petits-déjeuners ont été servis et qu’il est encore trop tôt pour passer à table, donne tout loisir de s’imprégner de la sérénité ambiante.
Le regard s’attarde sur les fleurs de lotus déployées aux pieds de la statue de Jayavarman VII, vagabonde autour du fier Ganesh et contemple les reflets de la fontaine qui dansent sur le haut plafond. Une voix délicate rompt soudain le silence : « Il y a vraiment une atmosphère très particulière ici, vous ne trouvez pas ? » Après les présentations d’usage, Soksara poursuit :
« La plupart de nos visiteurs se montrent impressionnés par la beauté du lieu. À peine entré, il est difficile de ne pas être séduit par un tel bâtiment. Mais ce “wow” de surprise et d’admiration ne doit pas s’arrêter après avoir franchi le seuil. »
« Au contraire, il doit se perpétuer durant tout le repas. Cette première impression, il faut la concrétiser et la tenir dans la durée, de l’entrée jusqu’au dessert, et même jusqu’à ce que les clients quittent les lieux. Faire d’une visite au Malis un moment d’exception, dont les gens se souviendront longtemps plus tard, est notre but. Et nous faisons tout pour y parvenir. »
« Rendre les gens heureux, c’est ce qui nous importe le plus »
Faire l’interface entre la salle et la cuisine, accueillir les clients et recueillir leurs impressions, coordonner les effectifs et s’occuper des plannings et des stocks, déceler et encourager les compétences au sein d’une équipe composée de 17 personnes, gérer les urgences et résoudre les problèmes sont quelques-unes des attributions de Soksara. « Il s’agit, pour résumer, de s’assurer que le moindre rouage du restaurant fonctionne bien. C’est un métier que j’affectionne énormément, car il fait appel à un large panel de compétences différentes. Je m’assure que mon équipe travaille dans un environnement chaleureux, que chaque jour se déroule dans la bonne humeur et que celle-ce se transmette aux invités. », nous confie cette siemreapoise qui se sent parfaitement à l’aise dans ses attributions.
« Rendre les gens heureux est l’une des vocations les plus partagées par le personnel exerçant dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Notre métier reflète aussi l’image du pays. Du service à la cuisine, l’attitude et les talents de tout le personnel contribuent à l’idée générale que vont retenir nos visiteurs. »
« Ils emporteront ces souvenirs avec eux, que nous souhaitons des plus agréables. Et je peux vous garantir qu’ici, tout le monde travaille dur pour cela ! J’aimerais d’ailleurs faire passer un message à mon équipe, leur dire à quel point chacun d’entre eux est précieux et important. Leur visage est le reflet de l’entreprise et leur sourire éclatant provient toujours du fond du cœur. C’est un réel bonheur de voir mon équipe croire en elle-même, gagner en confiance et en fierté, de ne jamais avoir peur de demander et de partager ses opinions. Ce n’est pas un métier facile, mais nous faisons de notre mieux aujourd’hui pour devenir meilleurs demain. »
Refléter les valeurs du Cambodge
Issue d’une formation en école hôtelière, Soksara a débuté sa carrière en 2012 comme serveuse à l’hôtel Heritage. Sept mois plus tard, la jeune femme était promue capitaine de salle : « C’est à cette occasion que j’ai appris une grande partie des ficelles du métier. Cela a aussi contribué au désir de passer à la position supérieure de manager de restaurant. Mais le cours des choses a voulu que je devienne directrice commerciale, et c’est ce que j’ai fait durant cinq ou six ans pour différents restaurants de la ville. Être promue à la fonction de manager de restaurant est ce que je désirais depuis longtemps. C’est une réelle satisfaction. Le terrain, l’action, le contact me manquaient. Certains clients sont devenus de véritables amis ! ».
« De plus, le Malis est un établissement qui véhicule des valeurs qui me sont chères et qui me correspondent. De l’architecture du bâtiment au détail le plus infime, tout est fait pour promouvoir les qualités du Cambodge, son art, son savoir-vivre, son histoire, son hospitalité, et, bien entendu, son incroyable gastronomie. »
« En cela, le Malis est une sorte d’ambassadeur du royaume ! Il faut venir ici, se mettre à table et déguster les plats élaborés par le Chef Luu Meng afin de se faire une idée du niveau très élevé de la cuisine cambodgienne. Goûtez donc le bœuf Saravan, qui est mon plat préféré ! Et, surtout, venez découvrir ou redécouvrir Siem Reap. C’est une ville merveilleuse, qui est devenue encore plus belle grâce aux nouveaux aménagements urbains. »
Désirs d’avenir
Reprenant peu à peu des couleurs après la rude épreuve de la crise sanitaire, Siem Reap a revêtu de nouveaux atours : « Les berges de la rivière, sur lesquelles se situe le Malis, offrent l’occasion de faire de jolies promenades. En plus du paysage, on y découvre la vie locale, car c’est une partie centrale qui demeure très fréquentée par les Cambodgiens. Je suis fière de ma ville, qui a su se moderniser tout en conservant son charme. » Quant à l’avenir, Soksara l’envisage à la tête de sa propre boutique, mais sans trop se presser :
« J’espère qu’un jour je pourrais gérer mon petit commerce et que je ferais de ce lieu l’endroit le plus agréable pour tous ceux qui le visitent. Parce que j’aime et que je sais comment rendre les gens heureux ! Mais que ce rêve n’advienne pas trop vite : je veux continuer à travailler au Malis, passer du temps avec mon équipe, apprendre et m’améliorer chaque jour davantage. »
