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Portrait : Kampot, sur un air de Java Bleue

Il est des villes dans lesquelles il est bon de flâner, et Kampot fait indubitablement partie de celles-ci. La petite bourgade au bord de la rivière possède un charme envoûtant et devient une destination de plus en plus en vogue. Située au cœur du vieux quartier, la Java Bleue accueille les visiteurs dans son bâtiment colonial plein de charme. Rencontre avec Myriam et Patrick Singeot, gérants de l’établissement dont le parcours s’avère étonnant à plus d’un titre.

Un écrin d’ocre et de fuchsia

Posée à l’angle de la rue, la grande maison attire immanquablement le regard. Est-ce à cause de sa façade aux teintes d’ocre jaune, saupoudrées du rose fuchsia de l’immense bougainvillier en fleurs ? Ou de son architecture à la beauté désuète, révélant la splendeur passée de cet ancien chef-lieu de province indochinoise ?

Cette image, ou plutôt cet imaginaire d’un temps lointain a été judicieusement mis à profit pour la décoration intérieure, fruit d’un travail méticuleux du propriétaire des lieux.

« Pascal Prom est un franco-khmer qui a racheté le bâtiment il y a maintenant 15 ans de cela. Depuis, il n’a cessé de chiner brocantes et antiquaires, en quête d’objets vintages qui viennent ensuite rejoindre l’hôtel », précisent Myriam et Patrick Singeot tout en faisant visiter les cinq chambres de l’établissement. Chacune obéit à un thème particulier, au nom aussi évocateur que « Dans la jungle d’Angkor », « Expédition sur le Mékong » ou « Nuit de Chine », offrant une décoration à l’avenant.

Les parties communes sont elles aussi aménagées avec le plus grand soin, comme en témoigne l’immense fresque murale qui orne le patio, réalisée par l’artiste khmer Fonky Yav.

Ou encore cet agrandissement de carte postale affiché dans le salon, dont les mots griffonnés à sa surface symbolisent le voyage et l’exotisme tels qu’on les concevait au début du XXe siècle.

Une destination « nature » très prisée

Le couple a fait de cet hôtel, entièrement rénové en 2019, un lieu tout à la fois chic et convivial, mettant l’accent sur l’importance de s’y sentir « comme à la maison ». Grâce à ces efforts, la Java Bleue s’est hissée parmi les établissements hôteliers les plus emblématiques de cette paisible ville située à trois heures de route de Phnom Penh. « Un grand nombre d’habitants de la capitale viennent en effet passer leur weekend à Kampot, que ce soit pour profiter des charmes de la ville ou pour en explorer les environs.

« Plantations de poivre, marais salants, mont Bokor et autres grottes et lacs ont de quoi séduire », comme l’assure Myriam.

Malgré la crise sanitaire, Kampot a su tirer son épingle du jeu : peu de cas de Covid y ont été enregistrés, les mesures sanitaires se sont montrées plus souples qu’ailleurs et sa situation a contribué à accroître le tourisme intérieur.

« Des visiteurs venus de Phnom Penh, Siem Reap ou Sihanoukville ont permis de maintenir un taux d’occupation satisfaisant durant cette période incertaine. Si un grand nombre de nationalités viennent séjourner ici, la clientèle française et francophone représente tout de même, en moyenne, entre 35 et 40 % de la fréquentation. »

Idée d’équidés

Le cadre de la Java Bleue ne constitue pas l’unique atout de l’hôtel. Ses gérants, toujours disponibles pour converser, échanger des conseils ou des bons plans, dévoilent chacun un parcours bien surprenant. « Comme pour beaucoup, notre venue au Cambodge s’est traduite par un profond changement de vie, à commencer bien entendu par la carrière professionnelle », raconte Patrick. Originaires tous deux de la Meuse, le couple s’est marié il y a 27 ans de cela, après s’être rencontré dans une agence bancaire.

« Oui, car à l’époque, j’étais banquier ! », précise Patrick avec un large sourire, banquier qui accueille un beau jour sa future femme venue déposer l’argent de son salaire. Le coup de foudre est immédiat, et les passions communes, comme celle des chevaux. Tous deux se lancent dans la rénovation d’une ancienne bâtisse et font bientôt l’acquisition d’une jument noire, qui se révèle bien vite enceinte. « Nous nous sommes retrouvés avec trois chevaux, alors que nous n’y connaissions rien, confie Myriam en rigolant. Mais nous avons vite appris et nous nous sommes investis sans compter dans cette activité. Très vite, nous avons créé une pension pour chevaux et avons accueilli une quinzaine de bêtes. Au point que mon mari n’a pas résisté à la tentation de changer de travail pour suivre une formation de maréchal-ferrant ! ».

Des écuries royales à la Java Bleue

Peu à peu, le songe d’une expatriation gagne Myriam et Patrick : ce sera finalement Abou Dabi, où Patrick trouve un poste de maréchal-ferrant dans l’écurie royale. Un métier qu’il exercera dix années durant, tandis que Myriam, rentrée comme secrétaire au lycée français, finira directrice des ressources humaines.

Mais, là encore, l’envie de changement se révélera la plus forte. « Nous avions un peu d’argent de côté, nos deux enfants étaient partis faire leurs études, et nous étions décidés à voyager, raconte Myriam. Nous avions chacun envie d’exercer d’autres activités, Patrick en tant que musicien et moi en tant que bartender.

Nous avons entamé notre périple au Vietnam, puis nous sommes rendus en Thaïlande, en Birmanie… et au Cambodge.

De passage à Kampot, Patrick est tombé sur un magasin de musique en vente et a décidé d’en faire l’acquisition. Huit mois plus tard, on nous proposait la gérance de la Java Bleue. C’était en novembre 2020, et nous sommes ravis d’avoir accepté !

Kampot est un petit village où tout le monde se connaît et dans lequel il est très agréable de vivre. Beaucoup d’artistes y résident ou sont de passage, ce qui nous permet aussi d’organiser une exposition tous les mois.

Et, cette année, Pascal Prom devrait nous rejoindre pour développer l’hôtel. Les perspectives sont donc assez excitantes. » « À 52 ans, comme le rajoute Patrick en guise de conclusion, nous sommes encore loin d’en avoir fini avec cette aventure qu’est l’expatriation. »


2 Comments

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Votre article décrit de façon très juste la douce atmosphère qui se dégage de cette maison d hôte, un écrin au cœur de cette petite ville au charme fou, décoré avec le soin de passionnés. En tant qu’hôte observer chaque objet est un voyage et oui, ce lieu fait écho à notre imaginaire de voyage lointain. Une très très belle adresse.

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Leang Hok Sieng
Feb 16, 2022

Beau reportage , couple sympa , et puis Kampot , la magnifique !

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