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Phnom Penh & Société : Quand les smartphones chassent les photographes de Riverside

Alors que les enfants piaillent en chassant les pigeons, que leurs parents profitent de la beauté du Palais royal et de la brise rafraîchissante du Tonlé Sap, l'attitude découragée d'un homme détonne avec le décor de familles heureuses capturant des moments d'insouciance sur leurs smartphones.

Un photographe de Riverside montre sa photo à une Cambodgienne. Photo Heng Chivoan
Un photographe de Riverside montre sa photo à une Cambodgienne. Photo Heng Chivoan

Parmi les nombreux visiteurs qui flânent, un groupe se distingue, les mains serrant des appareils photo de qualité professionnelle. L’un d’entre eux, Por Chamroeun, le visage gris comme le ciel menaçant de pluie, trouve qu’il est de plus en plus difficile de gagner sa vie en capturant les souvenirs des promeneurs et touristes, car la concurrence croissante et la vulgarisation de la technologie menacent de l’évincer.

« Je prends des photos ici depuis plus de neuf ans, avec des prix allant de 1 500 à 20 000 riels par photo. Dans le passé, il n’y avait pas beaucoup de photographes, et les samedis et dimanches, je pouvais prendre des photos pour gagner 400 000 à 600 000 riels, avec une moyenne de 200 000 riels la plupart du temps ».

« Mais à présent, le nombre de photographes est passé d’environ 30 à près de 60, et les jours fériés, il y en a partout, alors cela devient très difficile », dit-il.

Et si l’augmentation du nombre de photographes, couplée à une baisse du nombre de touristes, rend son activité autrefois stable, plutôt difficile, Chamroeun affirme que cette situation est exacerbée par l’augmentation du nombre de téléphones pouvant prendre des photos de bonne qualité.

« Le nombre croissant de gens équipés de smartphones a vraiment affecté les photographes travaillant devant le Palais royal. De plus en plus, lorsque nous demandons à un visiteur s’il souhaite que nous enregistrions ses moments heureux pour lui, il montre son téléphone portable et s’en va. Aujourd’hui, ce sont surtout les provinciaux qui veulent que je prenne des photos avec mon appareil professionnel lorsqu’ils viennent ici, tandis que ceux de Phnom Penh utilisent surtout leur téléphone portable », explique-t-il.

Alors que son épouse vend des snacks devant le Palais royal, Chamroeun confie vouloir poursuivre ce travail, car passionné par l’idée de donner aux visiteurs le souvenir parfait de leur journée.

Cependant, les efforts du couple originaire de la province de Prey Veng pour gagner sa vie devant le Palais royal sont de moins en moins porteurs :

« Ces dernières années ont été très difficiles en raison de la pandémie et de l’effondrement du nombre de touristes, et ma femme a donné naissance à notre deuxième enfant. Si les choses ont été très difficiles, elles vont un peu mieux à présent. Avec ma photographie, dans un bon mois avec beaucoup de clients, je peux économiser 400 à 500 dollars, mais la plupart du temps, je peux tout juste survivre », dit Chamroeun.

Alors que le bruit et l’agitation du quartier couvrent la voix douce de ce père de deux enfants, il parle de son amour de la photographie. Mais si Chamroeun est toujours passionné par sa carrière, il ne laisserait pas ses deux enfants le suivre dans cette voie, car c’est un métier qui peut être incroyablement exigeant.

« En tant que photographe, et bien que ce soit agréable d’interagir avec les gens, vous devez toujours être de bonne humeur et confiant et demander aux visiteurs de prendre leurs photos — même si vous ne le sentez pas ! Si vous ne faites pas cela, vous ne trouverez pas de clients, car il y a tellement de photographes… Cela peut être une vraie bataille au milieu d’une journée chaude pour trouver un client. Je ne changerais pas mon travail ni l’endroit où je le fais parce que nous avons commencé ici, devant le sanctuaire de Preah Ang Dorngkeu. C’est un endroit sacré, et il ne nous laissera pas souffrir — je suis toujours capable de gagner assez d’argent pour soutenir ma famille ».

Un Cambodgien et sa fille se font prendre en photo devant le Palais Royal. Photo Heng Chivoan
Un Cambodgien et sa fille se font prendre en photo devant le Palais Royal. Photo Heng Chivoan

« Mais concernant mes deux enfants, je veux qu’ils étudient et ne suivent pas les traces de leur père. Mon épouse et moi faisons cela depuis plus de neuf ans, et nous sommes fatigués, alors je ne veux pas que mes enfants aient la même vie », confie Chamroeun.

Srey Leak, originaire de la ville de Neak Loeung, province de Kandal, fait écho aux expériences récentes de Chamroeun. Il travaille depuis plus de dix ans comme photographe devant le Palais royal.

Si les photographes professionnels n’ont pas encore été complètement découragés d’exercer leur métier devant le palais, elle confirme que la plupart des visiteurs de Riverside utilisent désormais des smartphones pour enregistrer leurs souvenirs.

« Le plus gros problème pour un photographe devant le Palais royal est le smartphone, car de nombreux visiteurs ne veulent plus que nous prenions leurs photos à leur place avec nos appareils. Dans le passé, cette activité était en mesure de fournir un revenu décent pour soutenir la famille, mais maintenant nous ne faisons que survivre. Cependant, je ne pense pas que je vais arrêter de prendre des photos ici, car je peux encore gagner de l’argent. Ce n’est pas encore complètement mort ».

« Mais dans dix ans, tout le monde aura des smartphones high-tech et n’utilisera plus nos services de photographie - dans dix ans, je devrai faire autre chose », affirme Srey Leak.

Pour illustrer son propos, un groupe de quatre jeunes femmes se tient devant le Palais royal, prenant joyeusement des photos avec leurs smartphones, sans se soucier des photographes qui attendent à proximité.

Parmi elles, San Sreynith affirme que si les photos prises avec un appareil professionnel sont de meilleure qualité, l’utilisation de son smartphone lui permet de capturer des moments n’importe où et à tout moment, et ce gratuitement.

« Les photographes utilisant des appareils professionnels fourniront de meilleures photos que celles que nous pouvons prendre avec nos téléphones, mais nous voulons utiliser nos téléphones parce que c’est amusant de prendre des photos nous-mêmes et que cela ne coûte rien », déclare la jeune diplômée de l’Université royale de droit et d’économie.

Une femme au foyer qui profite de Riverside un après-midi de week-end affirme que les habitudes ont changé avec les progrès technologiques :

« Avant, nous conservions des tirages dans des albums à la maison, mais aujourd’hui, nous n’avons plus besoin d’imprimer quoi que ce soit puisque nous publions nos photos sur Facebook et les médias sociaux. Dans le passé, les gens avaient vraiment besoin de photos professionnelles pour leurs souvenirs, mais à l’ère du numérique, les gens peuvent le faire avec leur propre smartphone, facile à utiliser et capable de prendre des photos de plusieurs façons ».

Le photographe indépendant Meng Kimlong affirme que les défis auxquels sont confrontés les photographes devant le Palais royal sont ceux que rencontrent les professionnels du secteur en général.

« Pour moi, un photographe doit être de plus en plus créatif, car le public veut aujourd’hui avoir de belles photos accrocheuses basées sur leur style personnel, et leur téléphone a beaucoup d’options avec diverses applications pour le traitement. Aujourd’hui plus que jamais, la créativité du photographe est essentielle pour attirer les gens. Le photographe qui réussit peut ajouter quelque chose de différent pour attirer l’attention ».

« Ainsi, lorsque les gens visiteront le Palais royal, par exemple, ils apprécieront une telle créativité et voudront se faire photographier », explique-t-il.

Le jeune photographe indépendant ajoute que, malgré tous les avantages du monde numérique, les images imprimées traditionnelles ont toujours leur attrait et leur importance.

« Si vous laissez vos images stockées sur votre téléphone, vous risquez de toutes les perdre si le téléphone est perdu ou cassé. De plus, il y a toujours quelque chose de spécial à avoir des tirages que l’on peut transmettre aux enfants pour qu’ils les voient et les manipulent », conclut-il.

Boeur Sophea, Lak Chandara, Hak Edy, Uork Chanthida et Vong Lily avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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