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Phnom Penh & Exposition : Micheline Dullin, la mémoire lumineuse d’un Cambodge en mutation au Musée National

Du 19 novembre au 19 décembre 2025, le festival Photo Phnom Penh offre au public cambodgien, et aux passionnés de photographie du monde entier, une plongée unique dans le Phnom Penh des années 1960 grâce à l’exposition consacrée à Micheline Dullin, pionnière du reportage visuel au Cambodge.

Micheline DULLIN, Construction du stade et ses habitants, entre 1958 et 1964
Micheline DULLIN, Construction du stade et ses habitants, entre 1958 et 1964

Le Cambodge vu par une artiste exceptionnelle

Avant de devenir photographe officielle du prince Norodom Sihanouk, Micheline Dullin était peintre et membre active du milieu artistique parisien. Son passage à la photographie, amorcé avec un Rolleiflex offert par le réalisateur Alain Resnais, s’est affirmé dès son arrivée à Phnom Penh en 1958, suivant son époux envoyé en mission par l’UNESCO. Très vite, son œil curieux et empathique capte les multiples facettes d’une capitale cambodgienne en profonde mutation. Elle documente de grands chantiers, tels que le Stade olympique de Vann Molyvann ou le pont japonais, mais n’oublie jamais les hommes et femmes qui leur donnent vie : ouvriers, habitants du Bassac, bonzes, familles, anonymes.​​

Un témoignage rare sur la vie quotidienne

À cette époque, Phnom Penh resplendit d’une modernité nouvelle, avec ses projets urbains ambitieux. Les vues aériennes inédites de Micheline Dullin – sur le White Building, aujourd’hui disparu, ou le lac Boeung Kak avant son assèchement – constituent un précieux héritage historique. Mais elle ne s’arrête pas aux grands espaces : son objectif saisit aussi la chaleur des marchés, l’intimité des scènes de rue et la tranquillité des campagnes environnantes.​​

Micheline DULLIN, Bonze et cambodgiens devant le marché central, entre 1958 et 1964
Micheline DULLIN, Bonze et cambodgiens devant le marché central, entre 1958 et 1964

Une femme au regard singulier dans un monde masculin

Se distinguer comme photographe professionnelle, à une époque et dans un espace largement dominé par des hommes, témoigne de l’audace et de la détermination de Micheline Dullin. Elle s’implique dans la vie locale, fréquente artisans et travailleurs, et construit des séries où s’entrelacent rigueur documentaire et sens aiguisé de l’humanité. Dans ses œuvres, chaque visage, chaque geste recèle une histoire, une mémoire collective. « On est photographe », affirmait-elle, refusant toute étiquette restrictive.​​

L'art du noir et blanc et du format carré

Ses clichés se démarquent par un subtil équilibre des contrastes et une composition maîtrisée, souvent dans un format carré. Le noir et blanc met en valeur la vibration singulière de la lumière cambodgienne, captant les nuances et les émotions avec une rare intensité. Ce style, oscillant entre la rigueur du reportage et la poésie picturale, confère à ses images une dimension intemporelle.​​

Transmission et commémoration

L’exposition au Musée National du Cambodge revêt une dimension particulière en 2025 : elle s’inscrit dans une année de commémoration, marquant un demi-siècle depuis l’arrivée des Khmers rouges et les tragédies qui s’en suivirent. Les photographies de Micheline Dullin témoignent d’un « Cambodge heureux disparu », comme le rappellent les historiens, et deviennent une clé indispensable pour comprendre les changements dramatiques qui ont marqué le pays. Les ateliers, projections et tables rondes organisés autour de l’exposition visent à sensibiliser la jeune génération, à perpétuer la mémoire et à créer le dialogue entre les survivants et leurs descendants.​​

Un héritage vivant

La reconnaissance tardive de Micheline Dullin – expositions à Aulnay-sous-Bois en 2012, à Martigues en 2023, et au festival Photo Phnom Penh dès 2013 – témoigne de la force et de l’importance de son travail. Décédée en 2020 à 93 ans, elle laisse derrière elle près de cinquante ans d’archives et autant de souvenirs précieux pour le Cambodge et la communauté internationale.​

Biographie

Micheline Dumoulin, dite Dullin, née à Paris en 1927, diplomée des Beaux-Arts, a voyagé en Bolivie, au Pérou, au Laos, en Thaïlande et à Hong Kong. Sa vie professionnelle a débuté en tant que peintre, puis elle s’est consacrée à la photographie documentaire, jusqu’à la fin de son séjour en Asie en 1965, avant son retour en France où elle poursuivit son engagement culturel et artistique.​​

L’exposition : une invitation à renouer avec le passé

La série présentée au Musée National du Cambodge permet au visiteur d'explorer des instantanés lumineux, empreints de tendresse et de dignité, qui incarnent le Phnom Penh d’avant la guerre civile, de la modernisation à l’aube des bouleversements. En traversant l’exposition, le public rencontre les visages, les gestes et les lieux qui constituent aujourd’hui la mémoire inscrite du Cambodge. Un héritage qui mérite d’être transmis, partagé et célébré.

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