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Phnom Penh : Eam Chhay, le courageux vendeur de goyaves qui donne des cours aux enfants dans la rue

On aperçoit souvent Eam Chhay et ses deux jeunes filles vendre des goyaves sur le trottoir du Wat Mohamantrey, dans le quartier 7 Makara de Phnom Penh. Récemment, sa fille aînée, Thai Srey Rim, âgée de quatre ans, a étonné les internautes qui ont vu en ligne des photos de ses belles consonnes et voyelles khmères écrites à la main.

Eam Chhay donne des cours à sa fille tout en vendant des goyaves sur le boulevard Preah Sihanouk, dans le district de Prampi Makara de la capitale. Photo Heng Chivoan
Eam Chhay donne des cours à sa fille tout en vendant des goyaves sur le boulevard Preah Sihanouk, dans le district de Prampi Makara de la capitale. Photo Heng Chivoan

Alors que la petite Srey Rim n’a pas les moyens d’aller pas à l’école, son père Eam Chhay est l’unique moteur de son talent d’écriture et de lecture. Sans se laisser décourager par ses lacunes, il est déterminé à lui apprendre à mémoriser les consonnes et les voyelles, et à lui apprendre à bien écrire.

Chhay explique brièvement qu’il est originaire de la province de Kandal, mais qu’il a déménagé à Phnom Penh dans les années 1980. Il retourne rarement dans sa ville natale, car il n’y possède pas de terres. Avec son ex-épouse, décédée il y a dix ans, il a eu cinq enfants qui vivent maintenant dans différents endroits.

« Je me suis ensuite remarié et j’ai maintenant trois filles. Srey Rim est notre fille aînée, notre deuxième fille a deux ans et la troisième n’a que quatre mois. »

Le vendeur de goyaves de 60 ans vivait auparavant dans une chambre louée avec son fils aîné, issu de son premier mariage. Lorsqu’il est arrivé à Phnom Penh, Chhay a vendu du bois de chauffage pendant huit ans. Après cela, il a déménagé dans une autre chambre puis a commencé à vendre des choux-fleurs dans la rue, puis des goyaves.

Il se souvient d’un incident au cours duquel il a été brièvement emmené au Centre des affaires sociales de Prey Speu pour avoir désobéi à un ordre de la police dans la rue. Après avoir quitté le centre, il s’est procuré un vélo pour transporter ses fruits. À présent, il vend 20 à 30 kg de goyaves par jour. Chhay commence son travail à 8 heures du matin et le termine au plus tard à 20 heures. On peut le voir vendre des goyaves à plusieurs endroits, notamment sur les trottoirs près de Wat Mohamatrey, au marché d’Orussey et au feu de signalisation de Santhor Mok.

« Parfois, les goyaves sont vendues rapidement, ce qui me permet de rentrer chez moi vers 15 ou 16 heures, mais il m’arrive de rester un peu plus longtemps pour essayer d’en vendre le plus possible. Même si c’est fatigant, c’est bien parce que c’est beaucoup plus facile que de vendre du bois de chauffage », dit-il.

Il emmène ses deux filles aînées avec lui au travail pour alléger la charge de sa femme qui doit s’occuper des enfants. « Comme ma plus jeune fille n’a que quatre mois, elle reste avec sa mère, qui n’est pas très bien après avoir accouché de trois enfants par césarienne », explique-t-il.

Lors de ces parcours à travers la ville, il profite des quelques moments disponibles pour apprendre à Srey Rim à écrire. « Ma fille n’a pas encore commencé à aller à l’école, alors je lui enseigne à la place. Je n’ai que peu d’instruction, donc l’orthographe est un défi pour moi. Je n’ai appris que peu de choses à la pagode. Pour l’anglais, je sais réciter l’alphabet de A à Z et compter de 1 à 20. Donc, je lui enseigne sur la base de ce que je sais, et j’espère que lorsque ma fille commencera à aller à l’école, elle apprendra davantage. »

Lorsqu’on lui demande pourquoi sa fille écrit si bien, il répond qu’il lui demande d’écrire une lettre à la fois sur le tableau, de mémoriser toutes les consonnes et les voyelles et de les épeler.

« J’ai commencé à enseigner à Srey Rim il y a seulement cinq mois, mais quand j’ai réalisé qu’elle mémorisait rapidement, j’ai regretté de ne pas avoir commencé plus tôt. Au cours des cinq derniers mois, Srey Rim a appris à lire à 50 ou 60 %, car lorsque je lui demande d’écrire certains mots, elle est capable de se souvenir et d’écrire correctement. Par exemple, lorsque je lui demande si elle peut écrire le mot “garçon ou fille”, elle répond que ce mot utilise des consonnes et des voyelles et elle l’écrit toute seule », déclare son père plein de fierté.

« Je me suis engagé à enseigner à mes trois filles pour qu’elles sachent lire et écrire avant d’aller à l’école ».
« Je me suis engagé à enseigner à mes trois filles pour qu’elles sachent lire et écrire avant d’aller à l’école ».

Il est vrai qu’enseigner à Srey Yim dans ces conditions est difficile, mais Chhay confie qu’il s’assure toujours de bien expliquer et de la guider en conséquence :

« Je dis toujours à mes enfants que nous n’avons pas d’éducation, c’est pourquoi nous sommes assis et vendons comme ça. Je les incite à étudier dur pour pouvoir travailler dans une banque par exemple. J’essaie de leur expliquer la vie confortable qu’ils peuvent avoir s’ils étudient ».

Actuellement, quelques personnes sont venues le soutenir, dont certaines ont promis d’aider sa fille à terminer sa scolarité à l’école, ce qui le remplit de bonheur :

« Je suis tellement reconnaissant. Je voudrais remercier tous ceux qui nous ont aidés, ma famille et moi », conclut-il.

Roth Sochieata avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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