Ils sont tous venus ce mardi après-midi, amis, élèves, collègues et bien sûr famille pour rendre un dernier hommage à celui qui fut quelque part l’âme et le cœur battant d’une certaine gastronomie dans le Royaume, celle du plaisir, de la délicatesse et de l’excellence.
C'est dans une atmosphère lourde d'émotion et de tristesse que chacun est venu saluer pour une dernière fois dans les locaux du Topaz - ce restaurant qu'il aimait tant - cet homme de vie et de foi dont l'empreinte restera a jamais gravée dans une certaine histoire, celle de la grande famille Thalias.
Les cœurs étaient lourds cet après-midi, difficile d'imaginer qu'il n'est plus là, qu'on n'entendra plus sa grande voix interpeller « ses enfants ». Fortement émus mais dignes et certainement très touchés par toutes ces marques de sympathie et d'affection envers le patriarche, son fils Arnaud et son petit-fils Nathan n'en finissaient pas de serrer des mains, longuement, d'évoquer probablement quelques anecdotes qui ramenaient le sourire, d'écouter ces nombreuses paroles de soutien et de remercier ceux qui étaient venus.
Des petits uniformes blancs, des toques, il y en avait tout autour du petit autel aménagé pour l’occasion et autour duquel des écrans diffusaient les images - souvent en noir et blanc - d’une longue vie.
L’occasion de se rappeler ou de découvrir qu’Alain n’était pas seulement ce grand chef imposant aux cheveux blancs, il avait été aussi, comme tous ces papas qui vont nous manquer un jour, un beau jeune homme fringuant, sportif et charmeur.
Si sa carrure l’associait forcément au rugby, un sport qu’il avait pratiqué assidûment, il était aussi un joueur de tennis, « vintage », disait-il, car il savait casser le jeu des jeunes fougueux en maniant le slice et la variété avec malice.
C'était un peu cela Alain, un colosse au grand cœur, mais aussi plein de finesse, de grand talent et extrêmement précis dans ses approches. Si ses élèves craignaient parfois ses colères - souvent justifiées - ils buvaient ses paroles et s'empressaient de mettre en oeuvre les leçons qu'il dispensait avec tant de passion.
S'il y a un mot qui pourrait « résumer » Alain, c'est peut-être celui-là : la passion. Une passion qu'il transmettait avec ardeur, mais aussi un grand souci du détail, dans chaque aspect - détail de cette gastronomie qu'il ne souhaitait associer qu'avec l'excellence, l'amour du travail bien fait et aussi une grande joie. Comme un artiste...
Alain n'est plus de ce monde, mais il laissera un souvenir impérissable, une authentique empreinte qui fera écho pour l'éternité dans cette grande et belle famille qu'il a contribué à faire grandir à l'aide de son fils et de ses associés.
Adieu l'artiste...
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