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Histoire : Chuon Nath, père de la « khmérisation » et de l'hymne cambodgien

Dans la quête de l’identité khmère et pour contrer l’influence liée à l’arrivée des commerçants d’Inde et de Chine et du protectorat français, un moine se distingua comme un visionnaire — un lexicographe et chef de file du bouddhisme cambodgien, Samdech Chuon Nath.

Le célèbre moine cambodgien, Samdech Chuon Nath
Le célèbre moine cambodgien, Samdech Chuon Nath

Chuon Nath (1883-1969) a vécu à une époque où les traditions culturelles cambodgiennes étaient menacées par les influences étrangères. Il se trouvait à la tête d’un mouvement réformiste au sein de la Sangha bouddhiste khmère qui a développé un modèle rationaliste-scolastique du bouddhisme.

Khmérisation

La traduction de l’intégralité des textes bouddhistes en khmer et la rédaction du dictionnaire de la langue khmère ont été quelques-unes de ses réalisations les plus notoires.

Fils d’une famille de fermiers, la vie de Choun Nath peut être considérée comme consacrée au bouddhisme et à l’identité khmère, en particulier pendant la période française. Il a utilisé sa grande connaissance de la langue pour encourager la « khmérisation » dans la religion et l’éducation.

Il a ainsi inventé des mots khmers à partir de leurs racines dans le Pali et le Sanskrit pour décrire des inventions modernes comme le train. Choun Nath a, par exemple, pris le mot Ayomoyo qui signifie quelque chose en métal et l’a combiné avec le mot Yana qui signifie véhicule et a créé le mot khmer utilisé aujourd’hui Ayaksmeyana.

Nath a encouragé les innovations dans le Sangha khmer à partir du début du XXe siècle : l’utilisation de l’imprimerie pour les textes sacrés plutôt que les méthodes traditionnelles d’inscription manuelle sur des feuilles de palmier ; un plus haut degré d’expertise en pali et sanskrit parmi les moines ; une vision de l’orthodoxie basée sur l’enseignement des textes du Vinaya pour les moines et les laïcs ; et la modernisation des méthodes d’enseignement des études bouddhistes.

Samdech Chuon Nath
Samdech Chuon Nath au premier plan à gauche

Il a également supervisé la traduction de l’intégralité du canon bouddhique Pali et la création du premier dictionnaire moderne en langue khmère.

Durant le protectorat, les Français souhaitèrent remplacer le khmer par la leur langue et cette intention a rallié de nombreux érudits cambodgiens à la cause de la conservation de la langue khmère ; l’un de ces érudits était Nath. Il possédait une connaissance approfondie de la langue khmère. Maître de l’enseignement du Bouddha, il était très connu dans le cercle du bouddhisme et très doué pour les langues. Ce que Nath entendait par « khmérisation », c’est qu’il voulait faire dériver de nouveaux mots khmers de ses racines ancestrales, les langues pali et sanskrit.

Cependant, la khmérisation de Nath n’a pas été globalement acceptée par tous les Khmers. Des érudits comme Keng Vannsak, qui étaient pro-français, ne trouvaient pas pratique le type de mots khmers dérivés du pali et du sanskrit. Ils ont utilisé un autre type de dérivation en adoptant le mot français normalisé dans le vocabulaire khmer.

Le seul changement majeur était d’utiliser l’alphabet khmer pour écrire le mot plutôt que l’alphabet romain.

Mais malgré l’opposition, la khmérisation de Nath a réussi. Il est devenu membre du comité initial qui a reçu l’ordre royal de compiler un dictionnaire khmer en 1915 et a été reconnu comme le fondateur du dictionnaire, car il a finalement réussi à imprimer la première édition du dictionnaire khmer actuel en 1938.

En 1967, il a été élevé au rang de docteur. Son titre honorifique complet est Samdech Sangha Rāja Jhotañāno Chuon Nath (សម្តេចព្រះសង្ឃរាជ ជួន ណាត ជោតញ្ញាណោ).

Parmi les autres contributions de Nath au Cambodge, citons l’hymne national actuel, « Nokor Reach », dont il a composé la musique et les paroles. L’hymne a été écrit dans un esprit de fidélité à la devise de la nation, « Nation, Religion, Roi », ainsi que pour démontrer la grandeur et le passé glorieux de la nation khmère.

Hymne national

L’hymne a été adopté en 1941 puis supprimé lors de la période des Khmers rouges. Il a été restauré en 1993. Il se traduirait ainsi :

Que le ciel protège notre Roi

Et lui dispense le bonheur et la gloire

Qu’il règne sur nos cœurs et sur nos destinées,

Celui qui, héritier des souverains bâtisseurs,

Gouverne le fier et vieux Royaume

Les temples dorment dans la forêt,

Rappelant la grandeur du Moha Nokor

Comme le roc, la race khmère est éternelle,

Ayons confiance dans le sort du Kampuchéa,

L’Empire qui défie les années

Les chants montent dans les pagodes

À la gloire de la Sainte foi Bouddhique

Soyons fidèles aux croyances de nos pères

Ainsi le ciel prodiguera-t-il tous ses bienfaits

Au vieux pays khmer, le Moha Nokor

 

Source : Buddhasāsanapaṇḍity (1970). Biography of Samdech Preah Sanghareach Chuon-Nath, the Chief of Mahanikava Order (Issue 7 of Série de culture et civilisation khmères). Phnom Penh, Cambodia: Institut bouddhique

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