Diplomatie & Cambodge : Gildas Le Lidec, l'homme qui a redessiné les liens franco-cambodgiens
- La Rédaction

- 15 oct.
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Gildas Le Lidec, décédé le 11 octobre 2025 à l'âge de 78 ans, laisse derrière lui une empreinte indélébile dans l'histoire des relations diplomatiques entre la France et le Cambodge. En tant qu'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France à Phnom Penh de 1994 à 1998, il a représenté son pays à une période charnière pour le Royaume, marquée par la consolidation de la paix après des décennies de conflits.

Né à Bangui en 1947, ce diplomate de carrière, diplômé de Sciences Po Paris et de l'Institut national des langues et civilisations orientales, a consacré sa vie au service de la diplomatie française en Asie et en Afrique. Son passage au Cambodge, en pleine transition post-conflit, a été salué comme un modèle d'engagement et de vision stratégique.
Une mission dans l'ombre du chaos
L'ambassadeur Le Lidec a pris ses fonctions à un moment où le Cambodge tentait de se relever des traumatismes du régime khmer rouge et de la guerre civile. Son action s'est inscrite dans une continuité historique forte, alors que l'ambassade de France avait joué un rôle central et difficile en 1975 durant la chute de Phnom Penh.
Pendant son mandat, il a dû faire face à des défis majeurs, notamment la crise des otages de 1994, où trois journalistes occidentaux, dont le Français Jean-Michel Braquet, ont été enlevés et assassinés par les Khmers rouges.
L'ambassade de France, sous sa direction, s'est mobilisée sans relâche pour leur libération, organisant des livraisons de médicaments et de nourriture, et soutenant les efforts de négociation menés par les autorités cambodgiennes. Ce drame, qui a profondément marqué la communauté internationale, a révélé les tensions internes au sein des forces gouvernementales et les obstacles à une résolution pacifique.
Un héritage de coopération et d'humanisme
Au-delà des crises, Gildas Le Lidec a œuvré à renforcer les liens bilatéraux à travers des programmes de coopération qui, selon le président du Sénat cambodgien Hun Sen, restent opérationnels et reflètent sa vision pour l'avenir du Royaume. Il a su naviguer dans un environnement politique complexe, marqué par les rivalités entre les principales figures du pouvoir, et a adopté une position pragmatique en reconnaissant la montée en puissance de Hun Sen comme l'homme fort du Cambodge après les événements de juillet 1997.
Son analyse, relayée dans les câbles diplomatiques, a influencé la position de la France, qui a choisi de soutenir explicitement Hun Sen plutôt que de s'enfermer dans un soutien stérile à d'autres factions. Cette approche réaliste a permis de préserver l'aide bilatérale française et de maintenir un dialogue constructif avec les autorités cambodgiennes. Son action humanitaire, souvent menée discrètement aux côtés de son épouse Christiane, a également marqué les esprits, témoignant d'un engagement profond envers les plus démunis.







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