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Ancre 1

Sous les bombes thaïlandaises : le calvaire silencieux des civils cambodgiens

Entre 18 h le 10 décembre et le 11 décembre 2025, la frontière nord-ouest du Cambodge s’est transformée en couloir de feu, laissant derrière elle un lourd tribut humain et moral.

La pagode Svay Thmey, située dans le district de Serei Sophorn, dans la province de Banteay Meanchey
Réfugiés de la pagode Svay Thmey, située dans le district de Serei Sophorn, dans la province de Banteay Meanchey

Dix civils cambodgiens ont déjà perdu la vie et environ soixante autres ont été blessés, victimes de tirs et de frappes menés depuis le territoire thaïlandais, en violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Royaume. La plupart des blessés luttent encore pour survivre dans des hôpitaux débordés, où les équipes médicales se relaient sans répit.​​

Derrière ces chiffres se cachent des histoires de familles disloquées, d’enfants arrachés à leurs villages en pleine nuit et de personnes âgées contraintes de tout abandonner en quelques minutes. Les sirènes, les explosions et l’odeur persistante de la fumée ont remplacé le silence habituel des campagnes frontalières.​

Un exode intérieur de grande ampleur

Depuis la reprise des attaques le 7 décembre, un exode massif traverse les provinces frontalières. Au matin du 11 décembre, plus de 57 000 familles, soit environ 197 754 personnes, avaient été forcées de quitter leurs foyers, principalement à Preah Vihear, Oddar Meanchey, Banteay Meanchey, Battambang, Pursat et Siem Reap. Des colonnes de camions, de motos surchargées et de charrettes improvisées encombrent les routes secondaires, transportant quelques sacs de riz, des matelas roulés et des cages d’animaux, tout ce qu’il est possible d’emporter d’une vie entière.​

Ces chiffres officiels ne reflètent pourtant qu’une partie de la réalité : de nombreux habitants ont choisi de se réfugier par leurs propres moyens, chez des proches ou dans des pagodes éloignées, hors du champ des statistiques. Les centres d’accueil mis en place par les autorités provinciales débordent déjà, transformant des écoles et des salles de réunion en dortoirs improvisés, où l’intimité se résume à une natte et une couverture posées au sol.​

Des villages fantômes et des services paralysés

Sur le terrain, de nombreuses localités ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Les frappes d’artillerie et les raids de F‑16 thaïlandais ont touché des maisons, des bâtiments d’entreprises, des bureaux administratifs, des écoles, des pagodes et même des temples anciens, jusqu’à 30 kilomètres à l’intérieur du territoire cambodgien. Des toits arrachés, des murs éventrés et des salles de classe couvertes de débris témoignent de la violence des bombardements.​

Les services publics, déjà fragiles en zone rurale, sont gravement perturbés. Des centaines d’écoles et plusieurs centres de santé ont dû fermer ou être évacués, privant les enfants de cours et les malades de soins essentiels. Les routes locales, vitales pour l’acheminement de l’aide humanitaire, sont parfois coupées ou rendues dangereuses par les tirs continus et les cratères laissés sur l’asphalte.​

Réfugiés de la pagode Svay Thmey, située dans le district de Serei Sophorn, dans la province de Banteay Meanchey

Un appel à la solidarité nationale et internationale

Face à cette crise, le ministère de l’Intérieur du Royaume réaffirme sa détermination à protéger les civils et à documenter chaque attaque pour en demander des comptes sur la scène internationale. Les autorités locales, les forces armées et les services de secours travaillent de concert pour sécuriser les couloirs d’évacuation, organiser les centres de refuge et distribuer vivres, eau potable et soins médicaux. Cette mobilisation s’ajoute aux gestes de solidarité venus de tout le pays, des dons en espèces jusqu’aux camions de riz envoyés par des associations et des bienfaiteurs.​

Le gouvernement cambodgien appelle également la communauté internationale à condamner sans ambiguïté l’agression et à exercer une pression diplomatique pour que cessent les attaques visant des zones habitées. Derrière la rhétorique des conférences et communiqués se joue le sort de dizaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, dont la seule exigence est de pouvoir rentrer chez eux, en sécurité, sur une terre reconnue et respectée comme pleinement cambodgienne.​

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