Courrier des lecteurs : Peut-on demander une intervention des Casques Bleus au Cambodge ?
- La Rédaction
- il y a 1 jour
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Pour répondre à une question posée par un lecteur, quelques précisions concernant la possibilité et l'improbabilité de voir des Casques Bleus au Cambodge. Pour rappel, le conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande, ravivé en 2025, oppose deux voisins dans une escalade meurtrière marquée par des tirs d’artillerie, des frappes aériennes et des milliers de déplacés.

Malgré des cessez-le-feu fragiles et des médiations comme celle du président américain Donald Trump, les hostilités persistent, avec au moins 26 morts en une semaine fin 2025 et des fermetures de frontières totales. Une intervention des casques bleus de l’ONU semble improbable sans un alignement rare de conditions géopolitiques et juridiques.
Racines Historiques et Escalade Actuelle
Le différend remonte au traité franco-siamois de 1907 et à la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) de 1962 attribuant Préah Vihear au Cambodge, bien que les zones adjacentes restent contestées. Les affrontements de 2008-2011 firent des dizaines de morts ; en 2025, ils reprennent violemment dès juillet avec des roquettes BM-21 cambodgiennes et des F-16 thaïlandais, causant des dommages civils massifs et 134 707 déplacés au Cambodge. Le Secrétaire général de l’ONU exprime son inquiétude le 7 décembre 2025, sans proposition concrète de mission.
Conditions Requises pour une Intervention ONU
Les casques bleus exigent une résolution du Conseil de sécurité sous le chapitre VI ou VII de la Charte de l’ONU, nécessitant un cessez-le-feu préalable signé par les parties et leur consentement au déploiement. Sans accord bilatéral – absent ici malgré les pourparlers malaisiens infructueux – et face à un conflit interétatique en Asie (rare pour l’ONU, concentrée en Afrique), Phnom Penh et Bangkok devraient conjointement solliciter une force d’interposition pour surveiller la frontière ou protéger les civils.
Le processus inclut une évaluation technique, un mandat précis (désarmement, déminage) et des contributeurs comme l’Inde ou le Bangladesh, mais prendrait des mois.
Obstacles Géopolitiques et Régionalisme ASEAN
L’ASEAN privilégie les solutions bilatérales pour préserver la non-ingérence, rendant improbable une escalade vers l’ONU où la Chine (alliée du Cambodge) et les États-Unis (proches de la Thaïlande) pourraient veto-er une résolution.
Historiquement, l’ONU intervint au Cambodge en 1992-1993 (UNTAC) pour une guerre civile, non un différend frontalier bilatéral ; aucune proposition casques bleus n’émerge en 2025 malgré les appels. Les mines antipersonnelles posées récemment (violation d’Ottawa par le Cambodge ?) compliquent un déploiement sans autorisation claire.
Perspectives : Paix Fragile sans Bleus
Sans volonté politique unie des deux gouvernements – minée par le nationalisme thaïlandais et les tensions internes à Bangkok –, les casques bleus restent un outil théorique, favorisant plutôt la CIJ ou des médiateurs régionaux.
Une escalade majeure (menace régionale) pourrait forcer la main du Conseil de sécurité, mais le précédent des cessez-le-feu rompus suggère une résolution diplomatique laborieuse. L’Asie du Sud-Est paie le prix d’un héritage colonial non soldé, loin des casques bleus.



