C’est demain que sera commémoré le 7 janvier, anniversaire marquant la fin du régime totalitaire des Khmers rouges grâce à la victoire des troupes vietnamiennes alliées aux dissidents du régime de Pol Pot.
Divergences
Cet événement historique est souvent fustigé par les opposants et critiques du régime actuel qui parlent plus d’invasion que de libération. Logiquement… le 7 janvier 1979 est une date aussi largement mise en avant par les dirigeants d'aujourd'hui.
L'ancien Premier ministre Hun Sen rappelait souvent que, quelles que soient les critiques concernant l’intervention vietnamienne, cette dernière a permis de libérer les Cambodgiens d’un régime sanguinaire qui avait aussi mis le pays à genoux, affamé et décimé une grande partie de sa population. « Le 7 janvier est toujours très important pour nous. Il s’agit du deuxième anniversaire du peuple cambodgien et cette date sera vénérée à jamais », déclarera régulièrement l’actuel Président de l’Assemblée Nationale, Heng Samrin lors des multiples célébrations. La suite des événements après ce fameux 7 janvier 1979 montrera malheureusement que le pays n’était pas totalement sorti d’affaires.
Rappel : Purges internes
À partir de 1978, les Khmers rouges ponctuent leur régime dictatorial de purges internes régulières. La zone Est du Kampuchéa démocratique, où les Khmers rouges sont, dit-on, plus modérés, est prise d’assaut par les troupes de Ke Pauk et Son Sen à partir d’avril 1978. Beaucoup de cadres de Pol Pot de cette région ne doivent leur salut que dans la fuite vers le pays voisin.
Dans le même temps, les relations avec le Vietnam se sont dégradées et sont passées de la rupture politique à l’hostilité ouverte avec des incursions militaires en territoire vietnamien.
En 1978, le Vietnam est finalement décidé à en finir avec les Khmers rouges. Les troupes vietnamiennes se préparent à engager le combat et préparent une alternative politique pour le Cambodge.
Les Vietnamiens disposent déjà d’alliés khmers avec une partie des anciens cadres Khmers Issarak dont beaucoup vivent au Vietnam. La dissidence d’une partie des cadres Khmers rouges, dont l,ancien Premier ministre, leur fournit également un vivier d’alliés. Le 2 décembre 1978, 70 cadres et officiers khmers rouges dissidents proclament la naissance du Front Uni de Salut National du Kampuchéa dont Heng Samrin prendra la direction.
Victoire
Le 25 décembre 1978, 100 000 soldats vietnamiens aidés par 20 000 Cambodgiens envahissent le territoire cambodgien. L’armée des Khmers rouges, moins bien équipée et affaiblie par des désertions massives, est vaincue en deux semaines. Pol Pot, Ta Mok, Nuon Chea et le reste du gouvernement du Kampuchéa démocratique prennent la fuite vers les montagnes.
Le prince Norodom Sihanouk sort de sa résidence surveillée pour être évacué vers la Chine.
7 janvier 1979
Le 7 janvier 1979, les Vietnamiens investissent Phnom Penh. Ils trouvent une ville quasi vide, abandonnée par ses défenseurs. Des unités de troupes vietnamiennes et cambodgiennes errent dans les rues vides de la capitale, découvrant seulement 70 habitants survivants et les cadavres encore frais des dernières victimes du centre de torture Toul Sleng.
Le 11 janvier, la République populaire du Kampuchéa est proclamée. Un gouvernement provisoire est formé, sous la forme du Conseil révolutionnaire populaire, avec Heng Samrin comme président. Hun Sen, alors âgé de 26 ans, est chargé des affaires étrangères. Dès le 18 février, un traité d’amitié est signé avec le Vietnam, qui place le nouveau gouvernement cambodgien sous sa protection.
Phnom Penh interdite
L’accès à Phnom Penh demeure interdit durant plus de six mois aux anciens habitants encore en vie qui doivent camper à la périphérie. Les autorités vietnamiennes tentent de rétablir un minimum d’infrastructures dans la ville. Les nouvelles autorités recherchent activement parmi les rescapés des fonctionnaires et ouvriers qualifiés pour relancer la production et installer un minimum d’administration. En 1980, l’entrée de la capitale redevient à peu près libre.
Chaos
Avec la chute du Kampuchéa démocratique, le chaos n’a pas cessé au Cambodge. Le pays est parcouru par des milliers de Cambodgiens, anciens déportés, à la recherche d’un toit ou de leurs proches disparus. Désormais libres de leurs déplacements, les villageois déportés sont autorisés à regagner leurs villages natals. Ces déplacements de populations, et l’absence de semences empêchent de reprendre la culture des rizières.
Tentative de collectivisation
L’aide humanitaire est gravement entravée par le manque de reconnaissance internationale du nouveau régime. Et, le gouvernement cambodgien est peu enclin à ouvrir ses frontières. Afin de financer une partie de la reconstruction, une collectivisation de l’économie est tentée, mais elle se heurte rapidement aux réticences de la population. Les agriculteurs n’eurent aucun mal à contourner les nouvelles mesures, préférant conserver leurs récoltes ou les vendre aux commerçants qui se réinstallaient plutôt qu’aux magasins d’État.
Kampuchéa démocratique
Pol Pot et Ieng Sary sont condamnés à mort par contumace quelques mois plus tard. Le nouveau régime bâtit l’essentiel de sa propagande sur la dénonciation des crimes commis sous le Kampuchéa démocratique.
Les Khmers rouges continuent de mener des actions de guérilla les années suivantes. En 1982, à l’initiative de Norodom Sihanouk, le Gouvernement de coalition du Kampuchéa démocratique est créé pour se poser en rival du régime allié du Vietnam. Le Kampuchéa démocratique (Khmers rouges) détient toujours un siège à l’ONU, en tant que seul gouvernement reconnu internationalement pour le Cambodge.
Ce n’est qu’en 1991 que les accords de Paris « règlent », sur le plan international, la question du statut du Cambodge.
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