Cambodge & Thaïlande : Youk Chhang, « Le conflit va prendre une nouvelle forme car la violence ne disparaît jamais, elle change de visage jusqu’à s’épuiser. »
- Youk Chhang

- 30 juil.
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Dans l’histoire tourmentée du Cambodge, peu de voix s’élèvent avec autant de poids et de gravité que celle de Youk Chhang. Directeur du Documentation Center of Cambodia (DC-Cam) et survivant du génocide khmer rouge, il s’est imposé comme l’un des plus ardents défenseurs de la justice, de la mémoire et de la souveraineté nationale.

À l’heure où les tensions régionales ressurgissent, notamment entre le Cambodge et la Thaïlande, son analyse lucide sur la nature changeante des conflits et l’importance du droit international résonne douloureusement dans le débat public.
« Le conflit va évoluer et prendre une nouvelle forme. La violence ne disparaît jamais : elle ne fait que changer de visage jusqu’à s’épuiser. »
Par cette réflexion, Youk Chhang insiste sur le caractère cyclique et insidieux de la violence. Même quand la scène internationale s’apaise en apparence, il met en garde contre la tentation de croire à la disparition complète des conflits. Pour lui, la paix véritable ne se limite pas à l’absence de combat ouvert ; elle exige aussi un engagement constant contre les injustices latentes et les tensions sous-jacentes qui n’attendent qu’à resurgir, camouflées ou transformées.
La scène internationale récente en Asie du Sud-Est l’illustre avec acuité. Si les gouvernements cambodgien et thaïlandais ont convenu d’un cessez-le-feu au terme des pourparlers de paix en Malaisie, Youk Chhang n’ignore pas les causes profondes du conflit. À ses yeux, il ne s’agit pas seulement de rivalités frontalières ou d’accidents militaires ponctuels, mais bien d’un symptôme d’une crise plus large :
« Il ne fait aucun doute que ce conflit tragique trouve son origine dans un mépris du droit international, et à tout le moins dans une préférence militaire qui, sinon dans une stratégie délibérée, vise à miner la souveraineté cambodgienne. »
À travers ces mots, Youk Chhang alerte sur la fragilité de l’ordre international actuel, dans lequel les intérêts géopolitiques et les erreurs de commandement peuvent rapidement dégénérer. Ce qu’il met en avant, c’est la nécessité d’une vigilance morale et politique permanente. Les conflits d’hier, explique-t-il, se métamorphosent sous de nouveaux atours tout en gardant leur substance : injustice, violence, mépris des lois. Le devoir de la communauté internationale, et de chaque citoyen cambodgien, est alors de refuser l’oubli et le cynisme, de défendre à chaque instant la mémoire des victimes et la résilience du peuple.
Youk Chhang incarne cette vigilance. À travers son travail inlassable pour documenter les crimes du passé, il refuse d’accepter une version édulcorée de l’histoire et plaide pour une paix fondée sur la justice, la vérité et le respect des lois internationales. Face à l’épreuve, il rappelle l’urgence de donner sens au souvenir, et de résister à la tentation de la résignation.
Ainsi, sa voix demeure essentielle pour le Cambodge, pour l’Asie du Sud-Est, et pour tous ceux qui, dans le monde, refusent la fatalité de la violence et militent pour une paix durable.







Vigilance à tout instant de notre part, oui, d'autant que les Thais n'ont jamais accepté le tracé frontalier établi dès 1907 . Nos moyens tant économiques que militaires restent cependant limités par rapport à eux.
Faisons entendre nos voix