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Cambodge–Thaïlande : Une urgence, arrêter la spirale et l'enlisement

Dix jours après la reprise des hostilités le 7 décembre, le conflit armé entre le Cambodge et la Thaïlande s’enlise et s’intensifie, transformant une vieille querelle frontalière en crise régionale majeure. Les combats, concentrés le long de la frontière terrestre mais désormais étendus jusqu’aux infrastructures intérieures, ont déjà fait au moins 27 morts, dont 13 Cambodgiens, et déplacé près de 800 000 personnes des deux côtés.​

Cambodge–Thaïlande : Une urgence, arrêter la spirale et l'enlisement

Civils cambodgiens pris au piège

Selon le ministère de l’Intérieur cambodgien, la nouvelle vague d’attaques depuis le 7 décembre a provoqué la mort d’au moins 12 civils et blessé 74 autres, tout en forçant plus de 394 000 personnes à fuir leurs foyers dans plusieurs provinces frontalières.

Les autorités évoquent 121 372 familles déplacées, soit plus de 405 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants vivant désormais dans des camps temporaires où l’accès à l’eau, à l’hygiène et aux soins reste précaire.​​

Infrastructures et lieux de culte sous les bombes

Les frappes thaïlandaises ont touché des zones civiles et des infrastructures essentielles, notamment des écoles, des centres de santé, des bâtiments administratifs ainsi que des pagodes et casinos le long de la frontière, selon les autorités cambodgiennes et plusieurs médias régionaux.

À Tamone, site archéologique classé dans l’inventaire national, les forces thaïlandaises auraient bombardé en continu le temple et ses environs avec des avions, de l’artillerie lourde et des véhicules blindés, symbole d’un conflit qui n’épargne plus le patrimoine culturel.​​

Nouveaux modes de guerre : drones, F‑16 et gaz toxiques

La journée du 15 décembre marque une nouvelle étape avec l’usage d’armes plus sophistiquées et controversées. Dans la région militaire 5, à Thmar Da (province de Pursat), le ministère cambodgien de la Défense accuse l’armée thaïlandaise d’avoir largué, par drones, une « grande quantité de gaz toxique » sur une zone déjà frappée dans la matinée par des drones bombardiers, de l’artillerie et des F‑16.

Plus au nord, à Pouy Samrong et dans le secteur d’O’Beichoan, des bombardements aériens et des reconnaissances par drones se seraient succédé, illustrant une guerre désormais pilotée depuis le ciel.​​​

Deux récits opposés, une même ligne de feu

Bangkok accuse Phnom Penh d’avoir violé à plusieurs reprises les accords de cessez‑le‑feu, d’utiliser des roquettes de type BM‑21 et de viser des zones civiles en territoire thaïlandais, justifiant ainsi ses ripostes aériennes et d’artillerie.

Le gouvernement cambodgien, lui, parle d’« invasion » et de « guerre d’agression territoriale », affirmant que ses forces n’utilisent que des moyens de défense face à des frappes massives contre des villages, des marchés et des infrastructures civiles.​

Enjeux géopolitiques et pression internationale

Le conflit s’inscrit dans un différend frontalier ancien autour de la délimitation héritée de la période coloniale et du contrôle de sites historiques, mais il met désormais à l’épreuve la crédibilité des mécanismes de paix de l’ASEAN.

Malgré les appels à la retenue et les tentatives de médiation, notamment par les États‑Unis et la Malaisie, la réalité du terrain est celle d’un cessez‑le‑feu jamais réellement appliqué et d’une montée aux extrêmes qui fragilise tout l’arc continental de l’Asie du Sud‑Est.​

Peur, exode et appel à la paix

Dans les centres d’évacuation du nord‑ouest cambodgien, les témoignages évoquent des nuits rythmées par les explosions et des familles qui fuient en abandonnant bétail, rizières et maisons, sans savoir quand ni dans quel état elles les retrouveront.

Les organisations locales et internationales multiplient les appels à l’ouverture de couloirs humanitaires, tandis que de jeunes Cambodgiens et Thaïlandais, sur les réseaux sociaux et dans la société civile, réclament une désescalade immédiate et un retour à la voie diplomatique.​

Un tournant décisif pour Phnom Penh et Bangkok

Pour le gouvernement cambodgien, cette guerre est présentée comme un test de souveraineté nationale et de résilience, les forces armées promettant de « défendre chaque parcelle du territoire » malgré la supériorité matérielle de l’armée thaïlandaise. Côté thaïlandais, les autorités cherchent à afficher fermeté et contrôle de la situation, mais affrontent aussi le coût politique, économique et humain d’un conflit qui commence à affecter le commerce, l’énergie et la stabilité intérieure.​​

Une urgence : arrêter la spirale

À la date du 15 décembre 2025, la question n’est plus de savoir qui a tiré le premier, mais comment arrêter une spirale militaire qui, chaque jour, repousse un peu plus la frontière entre « incident » et guerre ouverte. Tant que l’artillerie et les F‑16 continueront de parler plus fort que les chancelleries, les civils cambodgiens et thaïlandais resteront les otages d’un conflit dont le coût humain dépasse déjà largement tout gain territorial possible.​

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