Cambodge & Thaïlande : la légitimité d'Alfaro Michael Barry, « correspondant pour la Maison Blanche », mise en doute

Il fait le buzz, localement mais, qu'en est-il de son impact réel à l'international ?

Alfaro Michael Barry est présenté dans certains médias cambodgiens et sur les réseaux sociaux comme journaliste américain, « correspondant pour la Maison Blanche ». Il s’est illustré par des interventions sur la frontière et plusieurs vidéos le montrent sur le terrain, dénonçant fermement l’attitude de l’armée thaïlandaise et plaidant pour la paix au Cambodge, tout en interpellant les présidents et institutions américaines.

Alfaro Michael Barry (au centre). Photo ministère de l'Information

Parcours et crédibilité

Bien que certains articles officiels comme ceux du ministère cambodgien de l’Information décrivent Alfaro Michael Barry comme « correspondant de la Maison Blanche », des voix critiques s’élèvent parmi la presse et les analystes locaux.

De nombreux observateurs, dont le journaliste Muong Nareth, remettent vivement en cause la réalité de sa fonction et dénoncent une possible imposture. Selon eux, il n'est accrédité ni par la Maison Blanche, ni par les agences de presse américaines de référence.

La principale controverse autour de Michael Barry concerne son statut de correspondant officiel. Selon Muong Nareth, il ne s’agit nullement d’un journaliste accrédité aux États-Unis mais plutôt d’un individu dont la présence et les déclarations auraient été, à tort, officialisées et relayées par certains organes cambodgiens. Cette confusion entretient le doute et la méfiance quant à sa légitimité sur le terrain.

En dehors du Cambodge, Barry ne bénéficie pas d’une reconnaissance notable dans la presse occidentale ou internationale. Il est essentiellement connu via la couverture locale asiatique et certaines plateformes de réseaux sociaux.

Contact

Contacté par l'un des chroniqueurs de Cambodge Mag pour sa connaissance du terrain, ce dernier raconte :

« Un certain Michael B Alfaro m’a contacté il y a quelques jours depuis les US parce qu’il voulait me parler de la frontière sur les conseils d’un collègue journaliste britannique.

Ne parlant pas à n’importe qui, je l’ai fait patienter en cherchant quelques infos sur lui. »

« Ce type sort de nulle part, sur son Facebook il commence à parler du Cambodge le 5 août, puis le 8 en mettant trois photos d’un précédent voyage à Angkor et tout à coup il s’improvise pourfendeur des Siamois et sauveur des Khmers.»

« Il réussit à se faire recevoir par des officiels puis part à la frontière tel Jésus marchant sur l’eau. Il a essayé de m’appeler à nouveau avant-hier, je n’ai pas répondu car occupé sur le terrain. Puis je me suis excusé par écrit et il n’a pas répondu.»

Réalité de son statut

Selon des personnalités cambodgiennes proches du gouvernement et divers analystes, Alfaro Michael Barry n’est absolument pas un journaliste accrédité auprès de la Maison Blanche, ni reconnu comme tel par aucune instance officielle américaine ou internationale.

Plusieurs prises de parole insistent sur le fait qu’il s’agit en réalité d’un lobbyiste ou consultant en relations publiques qui s’efforce de donner une visibilité médiatique à des sujets sensibles via les réseaux sociaux, mais sans légitimité institutionnelle.

Son site web est également plutôt minimaliste avec très peu de références et de rayonnement à l’international.

Qualifications journalistiques

À ce jour, aucune source fiable n’a pu établir l’existence de diplômes ou d’accréditations journalistiques reconnues pour Alfaro Michael Barry.

Il ne figure dans aucune base de correspondants officiels ni association professionnelle américaine. Sa médiatisation en tant que « journaliste » repose principalement sur des présentations locales, souvent relayées par des groupes Facebook, des vidéos YouTube ou des témoignages communautaires, et non sur un dossier professionnel vérifiable.

La confusion autour de son titre alimente d’ailleurs la polémique sur son influence et la crédibilité de son message.

Bien que Barry bénéficie d’une forte couverture médiatique locale et soit apprécié par une partie de la population cambodgienne pour sa défense des villageois, il ne possède pas de qualifications journalistiques formelles reconnues et n’est pas accrédité comme correspondant officiel.

Son statut et ses compétences doivent donc être interprétés avec prudence : il demeure un lobbyiste engagé, mais non un professionnel du journalisme certifié ou indépendant.

Lien avec la Maison Blanche

Aucune source américaine fiable ne le cite officiellement comme correspondant accrédité à la Maison Blanche. Malgré ses interventions appelant ses « amis à la Maison Blanche » à s’intéresser au conflit cambodgien, aucune agence officielle ni portail américain ne confirme son rôle de journaliste reconnu ou de personne accréditée.

Pourquoi annoncer son départ pour la Thaïlande ?

Alfaro Michael Barry a annoncé publiquement sa volonté de se rendre en Thaïlande pour documenter et témoigner des conflits et de la réalité sur la frontière. Selon sa propre narration, il aurait agi « par courage face à la peur ambiante » et pour « exposer la vérité », alors que « tout le monde avait peur de s’y rendre ».

Ses vidéos insistent sur son engagement à enquêter et à protéger les populations locales victimes d’exactions ou de déplacements forcés, illustrant un style militant et émotionnel...

Sans accréditation officielle et avec une réputation essentiellement forgée dans l’espace cambodgien, la fiabilité de Michael Barry comme journaliste de référence reste poreuse.

Le manque de preuves de son statut et l’absence de reconnaissance internationale jettent une ombre sur la crédibilité de ses interventions et de ses prises de position.

Son histoire accrocheuse, ses déclarations spectaculaires et la confusion sur son titre nourrissent une polémique réelle à la fois locale et sur les réseaux sociaux, invitant à la prudence et à la vérification systématique des informations dont il est la source.

En somme, Alfaro Michael Barry incarne autant le mythe que la controverse : un personnage plus médiatique qu'authentiquement reconnu, qui polarise le débat public entre mobilisation populaire et suspicion professionnelle.