Cambodge & L'invitée du Mag : Linda Nguon - Fondatrice de Banh Mi, « montrer que la France est plurielle, vivante et métissée »
- Christophe Gargiulo
- 13 mai
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 mai
Linda Nguon est à l'origine de la création de Banh Mi Média, une entité qui se présente comme le « premier média en France dédié aux cultures et identités asiatiques ». Après avoir résidé en Asie pendant huit ans, elle a ensuite initié la création de cette plateforme qui vise à offrir une voix à une communauté de France fréquemment négligée, parfois marquée par le racisme et le manque de reconnaissance.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Linda Nguon. Je suis Française, d’origine vietnamienne et cambodgienne. Mes parents sont tous les deux nés et ont grandi au Cambodge, dans des familles vietnamiennes. Ils ont fui le pays à cause du régime des Khmers rouges, et après un parcours mouvementé entre le Cambodge et le Vietnam, ils se sont installés en France. J’ai grandi en banlieue parisienne. Mon frère est né au Vietnam, moi en France. J’ai suivi un parcours universitaire classique, en école de commerce, avec une spécialisation en business international.
Comment votre histoire familiale a-t-elle influencé votre parcours ?
L’histoire de mes parents a profondément marqué mon identité. Ma mère, issue d’un milieu modeste, a quitté l’école à 12 ans pour vendre des snacks à la sortie des écoles. Mon père venait d’une famille aisée, commerçante, qui a pu s’installer en France grâce à ses moyens. Ce mélange d’héritages, de cultures et de trajectoires improbables m’a donné le goût de la curiosité et du voyage.
Qu’est-ce qui vous a poussée à explorer l’Asie et à y débuter votre carrière ?
J’ai toujours eu envie de découvrir l’inconnu. J’ai fait des stages au Vietnam, au Canada, un échange en Corée du Sud, puis je suis partie à Singapour avec un contrat VIE. J’y ai travaillé pour un chocolatier français, puis à Hong Kong et Bangkok pour une marque de sirops et liqueurs. Ces expériences m’ont permis de voyager à travers toute l’Asie, de m’immerger dans différentes cultures et de développer une sensibilité particulière à la question des identités.
Avez-vous beaucoup voyagé pendant cette période ?
Oui, j'ai constamment voyagé. Singapour étant une plaque tournante aéroportuaire, j'ai exploré les Philippines, la Malaisie, l'Indonésie, etc. Avec Giffard, j'ai voyagé encore plus pour le travail, et je restais souvent quelques jours de plus pour explorer. J'ai visité le Japon, la Chine, la Mongolie, le Bhoutan, le Sri Lanka, l'Inde, etc. J'aime découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles cuisines, et voir comment vivent les gens du pays.
Avez-vous documenté vos voyages ?
Oui, j'ai créé un blog de voyage avec des amis, intitulé « Yusuke Travels », dont le nom japonais signifie « aventurier et curieux ». Nous partagions des articles de voyage et j'ai même été publié dans un magazine bhoutanais après un voyage dans ce pays, où j'ai photographié et écrit sur les personnes que j'ai rencontrées.
Comment est née l’idée de Banh Mi ?
Vivre en Asie m’a fait réaliser à quel point j’étais à la fois française et asiatique. Partout où j’allais, les gens me prenaient pour une locale. Mais dès que je disais “I’m French”, cela surprenait. J’ai compris alors que la France, malgré son rayonnement, était peu connue pour la diversité de ses communautés asiatiques. J’ai voulu raconter ces histoires, donner la parole à ceux et celles qui, comme moi, naviguent entre plusieurs cultures.

J’ai d’abord lancé un blog, puis un podcast : Banh Mi. Le nom fait référence au bánh mì, sandwich vietnamien métissé, symbole de mélange et d’hybridité. Le média s’est construit autour de l’idée de valoriser les identités asiatiques en France, mais aussi de parler d’Asie, de culture, d’histoires de migration, d’héritage.
Quel a été le déclic pour passer du blog au podcast ?
J’ai toujours aimé écouter et raconter des histoires. Plus jeune, je voulais être journaliste, mais je ne voyais personne qui me ressemblait dans ce métier. C’est grâce à une expérience de théâtre en Thaïlande, puis à un stage de formation en Biélorussie, que j’ai pris confiance en ma voix et mon image.
Le podcast s’est imposé comme un format naturel, intime, propice à la transmission orale et à la valorisation de parcours manquant souvent de visibilité.
Comment fonctionne Banh Mi aujourd’hui ?
C'est devenu un média collaboratif, avec une équipe de 15 à 20 bénévoles : illustrateurs, graphistes, rédacteurs, vidéastes… Chacun y trouve un espace pour s’exprimer, se former, et parfois se révéler. Par exemple, la première illustratrice qui nous a rejoints a pu, grâce à cette expérience, décrocher des commandes pour de grandes maisons d’édition.
Nous produisons des podcasts, des vidéos, des articles, et nous sommes très présents sur les réseaux sociaux. L’audience est fidèle et engagée, avec des épisodes qui atteignent plusieurs milliers d’écoutes. Nous adaptons les formats selon les plateformes : podcasts longs, vidéos courtes, reels, etc.
Quel type d'invités présentez-vous ?
Principalement des personnes liées à l'Asie ou aux cultures asiatiques, mais pas toujours d'origine asiatique. Par exemple, j'ai interviewé André Derainne, un illustrateur qui a passé trois mois à Ho Chi Minh Ville our son dernier ouvrage « Un orage par jour ». Il a même appris le vietnamien et la cuisine vietnamienne. Les réactions à cet épisode ont été très positives.
Quelles sont les thématiques qui vous tiennent à cœur ?
Je m’intéresse à tout ce qui touche à l’identité, à la mémoire, à la transmission. Je donne la parole à des Asiatiques de France, mais aussi à des personnes non asiatiques qui s’intéressent à l’Asie, comme des artistes ou des chefs. L’idée, c’est de montrer la richesse, la diversité, la complexité des parcours, loin des clichés.
Quelle est la taille de votre public ?
Elle est variable. Sur les podcasts, certains épisodes atteignent 5 000 écoutes sur plusieurs mois. Le nombre de vues sur YouTube est plus faible, probablement parce que les épisodes sont longs et que les utilisateurs de YouTube préfèrent les contenus plus courts.
Les auditeurs de podcasts sont plus ouverts aux contenus longs. Je crée également des vidéos courtes pour TikTok et Instagram, qui peuvent atteindre entre 10 000 et 800 000 vues. En moyenne, mes vidéos sont vues environ 15 000 fois.
À quelle fréquence publiez-vous des épisodes ?
Lorsqu'il n'y avait que de l'audio, je publiais chaque semaine. Avec la vidéo, c'était toutes les deux semaines. Maintenant, c'est plus irrégulier, je n'ai pas de délais stricts. Le dernier épisode a été publié en novembre dernier et j'ai fait une pause pour réorganiser l'équipe afin qu'elle puisse fonctionner de manière plus indépendante.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans ce travail de représentation ?
Il y a encore beaucoup de stéréotypes autour des Asiatiques en France. Les médias traditionnels parlent peu de nos histoires, ou alors à travers des prismes réducteurs. Il faut sans cesse expliquer, contextualiser, déconstruire. Mais je constate aussi une vraie soif de récits, d’identification, surtout chez les jeunes générations.
Comment voyez-vous l’avenir de Banh Mi et de la représentation des Asiatiques en France ?
Je veux que Banh Mi devienne une plateforme incontournable, qui inspire, relie et donne confiance. J’espère aussi que d’autres médias suivront, que la diversité deviendra une évidence. L’enjeu, c’est de créer des ponts, de raconter nos histoires avec nos mots, et de montrer que la France est plurielle, vivante, métissée.
Linda is a force of nature and has transformed the experience of people with Asian heritage in France to build community and connections for generations to come
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Reading about Linda Nguon's journey really resonated with me. Growing up in a multicultural environment, I also faced moments where my identity seemed misunderstood or simplified. Linda’s dedication to sharing diverse Asian narratives in France highlights the importance of representation and storytelling. Her creation of Banh Mi Média is inspiring because it bridges cultures and gives voice to often overlooked communities. It’s a reminder that our stories matter and help build a more inclusive society. After taking in all this, I’d recommend trying Block Blast as a fun way to unwind and enjoy some light entertainment.