Cambodge et Canada misent sur un accord de libre-échange et de nouveaux axes de coopération
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Le Cambodge et le Canada souhaitent renforcer davantage leur relation économique, en misant sur un accord de libre-échange ASEAN–Canada et sur de nouveaux axes de coopération allant du numérique à la sécurité alimentaire.

Les discussions ont porté à la fois sur la relation bilatérale et sur le cadre régional, avec un accent particulier sur le futur Accord de libre‑échange ASEAN–Canada (ACAFTA).
L’ACAFTA, pivot stratégique de la relation
Les deux parties ont insisté sur la nécessité d’aboutir à un accord « substantiel » d’ici 2026, conformément au calendrier fixé par les partenaires. Pour le Cambodge, l’ACAFTA constitue un levier majeur pour diversifier ses débouchés au‑delà de ses marchés traditionnels et consolider l’accès préférentiel au marché canadien, déjà facilité par l’initiative canadienne d’accès en franchise de droits pour les pays les moins avancés.
Long Kemvichet a réitéré le soutien « sans faille » du Cambodge au processus de négociation, voyant dans cet accord un instrument de modernisation de l’économie cambodgienne, notamment via des disciplines nouvelles sur le commerce des services, le numérique et l’investissement.
Un commerce déjà dynamique, à la recherche de nouveaux moteurs
Le Canada figure parmi les principaux marchés d’exportation du Cambodge, avec des échanges de marchandises évalués à environ 2,4 milliards de dollars canadiens en 2024, en hausse continue sur les dernières années. Sur les neuf premiers mois de 2025, le commerce bilatéral a dépassé 1 milliard de dollars américains, porté par les exportations cambodgiennes de vêtements, articles de voyage, chaussures, bicyclettes et composants électroniques.
En sens inverse, le Cambodge importe principalement des produits électroniques, des véhicules et divers biens manufacturés canadiens, dans une relation encore très excédentaire au profit du Royaume, ce qui incite Ottawa à encourager davantage d’investissements et de présence d’entreprises canadiennes sur le marché cambodgien.
De la mine au numérique : une coopération à plusieurs niveaux
La relation économique s’inscrit dans un cadre politique plus large, où le Canada est engagé de longue date dans le soutien au développement du Cambodge, notamment à travers l’action humanitaire et le déminage, avec l’objectif d’un « Cambodge sans mines ». Parallèlement, la stratégie indo‑pacifique d’Ottawa fait de l’ASEAN un partenaire prioritaire, et le Cambodge se positionne comme point d’entrée vers le marché régional, appuyé par une nouvelle loi sur l’investissement et la « Pentagonal Strategy » du gouvernement.
Cette dynamique s’est illustrée en 2025 par une importante mission commerciale canadienne à Phnom Penh, conduite par la ministre Mary Ng et rassemblant près d’une centaine d’entreprises et institutions, venue explorer des opportunités dans l’énergie renouvelable, l’agro‑industrie, l’environnement et les technologies.
Nouveaux champs de coopération : IA, énergie, e‑commerce
Lors de la rencontre du 20 novembre, les responsables cambodgiens et canadiens ont identifié plusieurs domaines prioritaires pour approfondir la coopération : commerce de biens et de services, sécurité alimentaire, commerce électronique, énergie, numérisation et intelligence artificielle.
La sécurité alimentaire et l’agro‑industrie offrent un terrain naturel de collaboration, le Canada disposant d’un savoir‑faire de pointe en agriculture durable et en technologies de transformation, tandis que le Cambodge cherche à monter en gamme dans ses exportations agricoles.
Le e‑commerce et la numérisation s’inscrivent dans la volonté du Royaume de développer une économie numérique régionale, en s’appuyant sur l’expérience canadienne en matière de régulation, de logistique et de fintech.
Les énergies propres et les technologies vertes représentent un autre pilier, au croisement des objectifs climatiques et du besoin cambodgien d’infrastructures résilientes et efficaces.
L’intelligence artificielle et les services numériques liés à l’éducation, à la santé et au secteur financier ouvrent une nouvelle génération de partenariats, à la fois économiques et technologiques.
Une relation portée par la francophonie et la diaspora
À l’horizon 2026, la tenue du Sommet de la Francophonie à Phnom Penh devrait amplifier les échanges entre le Cambodge et le Canada, en particulier avec le Québec et les provinces francophones.
La diaspora cambodgienne au Canada, souvent trilingue (khmer, français, anglais), joue déjà un rôle de passerelle culturelle et entrepreneuriale, facilitant la compréhension des marchés, des normes et des pratiques d’affaires.
Les chambres de commerce et les bureaux de représentation – comme ceux du Cambodia Chamber of Commerce à Montréal et Toronto – contribuent à structurer cette relation, en accompagnant les entreprises des deux pays dans l’identification de partenaires, la prospection et la gestion des risques.
Vers un partenariat plus équilibré et durable
Au‑delà des volumes d’échanges, Phnom Penh et Ottawa affichent l’ambition d’un partenariat plus équilibré, fondé sur des investissements productifs, des transferts de technologie et une montée en compétences de la main‑d’œuvre cambodgienne. Les priorités affichées – durabilité, numérique, innovation, sécurité alimentaire – traduisent une convergence entre les objectifs de développement du Cambodge et la stratégie indo‑pacifique du Canada.
Si l’ACAFTA aboutit dans les délais, le Cambodge pourrait devenir l’un des bénéficiaires les plus dynamiques de l’ouverture accrue du marché canadien à l’ASEAN, tandis que le Canada gagnerait un ancrage stratégique supplémentaire au cœur de l’Asie du Sud‑Est, dans un environnement francophone où il dispose d’atouts historiques et culturels.



