Depuis quelques mois, la ville de Siem Reap a pris l’apparence d’un gigantesque chantier à ciel ouvert. Le nouveau plan d’urbanisme, qui entérine la réfection et l’agrandissement de pas moins de 38 rues, laisse présager pour le futur de larges artères aptes à fluidifier un trafic en constante expansion.
À cet effet, une enveloppe de 150 millions de dollars a été débloquée par les autorités, et le Premier ministre est venu inaugurer en personne le début de ce chantier pharaonique. Dans l’immédiat, c’est une tout autre histoire : nombreux sont les occupants des bâtiments longeant ces routes à devoir amputer une partie de leurs logements : murets, vitrines, terrasses et même parfois façades qui ont l’infortune de se trouver du mauvais côté de la ligne rouge.
Sur les murs, des fonctionnaires ont en effet fixé d’un coup de bombe de peinture les limites à respecter, symbolisées par un trait au-delà duquel toute construction devra disparaître. En conséquence, nombreux sont ceux qui ont dû, dans l’urgence, procéder eux-mêmes aux travaux de démolition, maniant avec dextérité masses, pioches et disqueuses dans des conditions de sécurité toutes relatives.
Parallèlement à ces travaux, de vastes aménagements de voirie sont entrepris, permettant la mise en place d’un nouveau réseau de canalisations. Cette cohorte d’ouvriers, qu’ils soient professionnels ou improvisés, se rajoute aux travailleurs toujours occupés sur les bâtiments en construction : car si nombreux sont les projets à avoir été abandonnés ou suspendus, d’autres continuent d’être menés malgré les conditions économiques difficiles et l’avenir incertain.
Plus que l’ampleur des chantiers engagés, ce sont ces travailleurs qui se trouvent au centre cette série de photos réalisées dans une ville qui, depuis mon arrivée en 2013, n’aura cessé de se transformer, et ce quelles que soient les circonstances.
