Accord de Paix Cambodge-Thaïlande : Le « silence » calculé de Pékin
- La Rédaction
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La Chine n’est pas intervenue de manière directe dans l’accord de paix récent entre le Cambodge et la Thaïlande, et cette posture s’explique par une analyse complexe mêlant diplomatie prudente, intérêts stratégiques, et respect des dynamiques régionales.

Plusieurs sources sérieuses révèlent que Pékin a opté pour un rôle en coulisses, préférant soutenir des médiations régionales plutôt que de s'imposer comme un arbitre direct, et ce, malgré son influence déjà solide et croissante en Asie du Sud-Est.
Prudence diplomatique et respect de l’ASEAN
La Chine a toujours affiché une position officielle d’objectivité et d’impartialité dans le conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande. Dès les premiers affrontements, Pékin a appelé les deux parties à un règlement pacifique par le dialogue et la retenue, tout en laissant l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) jouer le rôle principal dans la médiation.
Selon Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères, la Chine soutient activement l'ASEAN et encourage l'organisation à prendre le leadership dans la résolution du conflit. Cette stratégie évite à la Chine de paraître comme un acteur hégémonique imposant sa volonté, ce qui pourrait alimenter critiques et suspicions des pays limitrophes et de la communauté internationale.
La réaction officielle de Pékin après l’accord de cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande a été marquée par un ton mesuré et constructif. La Chine a salué cet accord comme une avancée positive pour la stabilité régionale et a exprimé sa volonté de continuer à soutenir les deux pays dans leur résolution pacifique du différend frontalier.
Le ministère chinois des Affaires étrangères, par la voix du vice-ministre Sun Weidong, a déclaré que les échanges avec les dirigeants cambodgiens et thaïlandais s'étaient déroulés dans une atmosphère « franche, amicale et chaleureuse ». Pékin a réaffirmé son engagement à jouer un rôle constructif pour encourager la paix et la coopération, sans toutefois être directement impliqué dans la médiation officielle, qui a été surtout portée par l’ASEAN, la Malaisie, et les États-Unis.
Ce positionnement traduit la politique chinoise de soutien discret et non interventionniste, privilégiant le dialogue régional et l’équilibre des relations bilatérales avec les deux pays.
La Chine a ainsi évité d’apparaître comme un acteur hégémonique dans ce dossier sensible, tout en montrant sa capacité à encourager la stabilité dans son voisinage immédiat. Cette posture diplomatique s’inscrit dans la stratégie plus large de Pékin visant à consolider son influence en Asie du Sud-Est par la coopération régionale et le respect des mécanismes multilatéraux comme l’ASEAN.
Intérêts géostratégiques et équilibre régional
La non-intervention directe de Pékin s’explique aussi par la nature délicate de ses relations avec les deux pays. La Chine entretient une alliance étroite avec le Cambodge, qui lui accorde notamment des avantages militaires et géostratégiques dans la région. Cependant, la Thaïlande est également un partenaire économique important et un acteur clé dans la sécurité régionale.
Une implication directe trop marquée de la Chine risquerait donc de déséquilibrer ses relations bilatérales et de susciter des répercussions politiques et économiques. Par ailleurs, Pékin souhaite préserver une stabilité régionale face à ses rivalités stratégiques avec les États-Unis et éviter que le conflit ne s’aggrave, ce qui pourrait compromettre également ses projets d’intégration régionale, comme l’initiative “Belt and Road”.
Un rôle discret en coulisses
Malgré cette réserve, la Chine a proposé son aide à travers des discussions trilatérales avec l’ASEAN et les ministres des Affaires étrangères cambodgiens et thaïlandais. Elle a ainsi encouragé la réouverture des points frontaliers, la coopération pour le déminage et la répression des crimes transfrontaliers tels que la contrefaçon et la cybercriminalité qui affectent la région.
Ces initiatives reflètent une volonté de Pékin de contribuer à la stabilité régionale de manière constructive mais subtile, sans s’imposer en médiateur principal ni risquer un échec gênant.
Le leadership américain au premier plan
Enfin, il est notable que l’accord de paix final a été signé en présence du président américain Donald Trump, qui a joué un rôle de médiation reconnu publiquement. Des sources américaines affirment que Pékin a eu un rôle limité, voire nul, dans les négociations de la trêve finale, laissant aux États-Unis prendre ce rôle de premier plan.
La posture chinoise reflète aussi la compétition diplomatique sino-américaine en Asie du Sud-Est, où la Chine préfère parfois éviter des confrontations directes sur des dossiers sensibles pour éviter une course aux armements diplomatique ou militaire.
La non-intervention directe de la Chine dans l’accord de paix entre le Cambodge et la Thaïlande trouve sa source dans une diplomatie qui souhaite s'afficher comme équilibrée, respectueuse des mécanismes régionaux, prudente face à ses intérêts stratégiques conflictuels, mais néanmoins présente en soutien discret à la paix, laissant le rôle public de médiateur à d'autres acteurs influents, notamment les États-Unis.
Cette position illustre ainsi la complexité des relations internationales en Asie du Sud-Est, où Pékin cultive une influence croissante tout en restant attentif à ne pas déstabiliser l’équilibre fragile de la région



