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  • Cambodge & Nature : Reproduction réussie pour les tortues des temples à tête jaune

    Au Centre d'Angkor pour la Conservation de la Biodiversité, la persévérance d'une équipe passionnée a porté ses fruits. Elle a réalisé une avancée décisive pour assurer la reproduction de la tortue des temples à tête jaune (Heosemys annandalii), une espèce en danger critique d'extinction. Dans un communiqué, le centre annonce fièrement : « C’est un moment historique pour nous, ce n’est pas une, ni deux, mais trois femelles pour lesquelles l’accouplement s’est déroulé avec succès et qui ont pondu des couvées de 5 à 9 œufs ! Fin mars, nous avons eu la joie d’assister à l’éclosion des premiers petits qui sont sortis de leur nid, en attendant d’en voir d’autres dans les semaines à venir. » Les tortues des temples à tête jaune sont gravement menacées au Cambodge, mais grâce aux efforts du Centre d’Angkor pour la Conservation de la Biodiversité, il y a de l’espoir pour leur survie ! Ces tortues sont souvent victimes du commerce sauvage, en particulier pour la consommation humaine, la médecine traditionnelle et leur utilisation dans les « lâchers d’animaux de prière ». Cette pratique traditionnelle, qui vise à faire preuve de compassion, entraîne malheureusement la souffrance des animaux concernés, ce qui souligne le besoin urgent de protection. Pour soutenir l’introduction de descendants élevés en captivité dans leur habitat naturel, le centre soutient un programme de protection de la tortue des temples à tête jaune, afin d’enrayer son déclin. « La réussite de la reproduction de ces tortues est cruciale pour la durabilité de la population et de nos initiatives de conservation de l’espèce », conclut l’équipe du centre.

  • Cambodge & Presse : Siem Reap, « une destination de vacances d'été peu coûteuse »

    Selon le Daily Star, la province de Siem Reap se classerait parmi les cinq destinations de vacances d’été les plus économiques d’Asie. « Située en Asie du Sud-Est, Siem Reap est un joyau avec des temples à couper le souffle, des cafés animés et des rives paisibles », commente le Daily Star, poursuivant : « L’un des sites les plus impressionnants au monde, Angkor Wat, est accessible depuis la capitale provinciale. Les touristes peuvent également visiter les villages flottants du Tonlé Sap et le marché de nuit de Siem Reap, où ils peuvent découvrir un mélange de modernité et de tradition. Après une journée d’exploration de la ville, les touristes devraient conclure leur visite par un massage et un repas khmer traditionnel. » Le Daily Star note également que l’hébergement dans la région coûte environ 145 USD - probablement pour trois jours - , ce qui peut être considéré comme onéreux. Toutefois, « les touristes ne dépensent qu’environ 73 USD pour le transport et les repas. Un budget de 90 USD est suffisant pour les visites et les activités de loisirs. Des vacances de trois jours au Cambodge représentent donc un investissement raisonnable, 408 USD à 454 USD », conclut le Daily Star. Les quatre autres destinations choisies pour leur côté abordable sont Cebu aux Philippines, Goa en Inde, Nha Trang au Vietnam et Douchanbé au Tadjikistan.

  • Recette : Lok lak de bœuf (lok-lak sach kô ឡុកឡាក់សាច់គោ)

    L’un des plats « cambodgiens » les plus populaires auprès des Occidentaux, qu’ils soient expatriés ou touristes au Cambodge, est un sauté de bœuf agrémenté de légumes et de riz, connu sous le nom de « lok lak ». Le qualificatif « cambodgien » est mis entre guillemets car le mot « lok lak » est en réalité la transcription phonétique du mot vietnamien « lúc lắc », qui signifie « secouer ». Dès lors, certains esprits téméraires prétendent que ce plat de bœuf sauté est en réalité un mets que les Khmers auraient emprunté aux Vietnamiens, ce que ceux-là nient bien entendu farouchement. Remarquons qu’en khmer, le mot « lok lak » désigne aussi les dés à jouer. La découpe possible en cubes de la viande bovine explique peut=être que ce nom ait été utilisé pour désigner le plat. Ingrédients : (Pour quatre ‌à cinq personnes) 500~600 g de bœuf (filet ou rumsteak), débité en dés de 1,5~2 cm de côté ou en lamelles de quelques millimètres d’épaisseur 2 c. à s. d’ail haché 1 c. à c. de sel 3 c. à s. d’huile 3 c. à s. de sauce d’huître (préng khchâng ប្រេងខ្យង) 1 c. à s. de bouillon de volaille en poudre (msav sup ម្ស៉ៅស៊ុប) 4~5 œufs 1 c. à s. de fécule 3 c. à s. d’eau Feuilles de laitue, tomates, oignons Pour la sauce trempette : 3 c. à s. de jus de citron vert 2 c. à s. de « fumet de poisson », ou nuoc mam (teuk trei ទឹកត្រី) 1 c. à s. de poivre moulu 3 c. à s. de sucre en poudre 4 gousses d’ail haché Sauce trempette Préparation : 1. Mettre le bœuf à mariner pendant quelques minutes avec le sucre, le sel et la sauce d’huître. 2. Pendant que le bœuf est en train de mariner, dresser dans les assiettes (une assiette par personne) les feuilles de laitue. 3. Couper les tomates et les oignons en tranches, les placer sur les feuilles de laitue. Laisser de la place pour un bol de riz et pour le bœuf. 4. Réaliser des œufs sur le plat. Placer un œuf cuit dans chacune des assiettes. 5. Faire chauffer l’huile dans une poêle et mettre le bœuf à sauter jusqu’à cuisson (5 à 8 minutes). 6. Dans un petit bol, mélanger la fécule et l’eau, puis verser dans la poêle et bien mélanger avec la viande. 7. Dans les assiettes garnies des légumes, ajouter l’équivalent d’un bol de riz. Placer les morceaux de bœuf cuit. 8. Mélanger intimement tous les ingrédients de la sauce trempette. Déguster un trempant chaque morceau de bœuf dans la sauce. Lok lak « anglais » Astuces : La sauce d’huître est un ingrédient de la cuisine chinoise très fréquemment utilisé dans la cuisine cambodgienne. Le mélange eau/fécule est utilisé pour épaissir la sauce. Attention de ne pas en abuser, au risque d’obtenir une sauce trop visqueuse. L’œuf est facultatif. Il peut aussi être servi avec des pommes de terre frites. On parle alors de lok lak « anglais ». Dans certaines recettes, on ajoute aussi du piment frais coupé en petits tronçons au bœuf en cours de cuisson. Il est possible de réaliser ce plat avec d’autres viandes : poulet, chevreuil… Texte et photos : Pascal Médeville

  • Recette : Savoureux Bœuf mariné à la cambodgienne

    Une recette facile, assez voisine du fameux lok lak. Ingrédients (pour 4 personnes) : 1 cuillère à soupe de sucre, de canne de préférence 2 cuillères à soupe de jus de citron vert 2 cuillères à café de poivre noir moulu 1 cuillère à café d’eau 2 cuillères à soupe de sauce soja aux champignons 2 cuillères à soupe d’huile de canola, d’arachide ou de tournesol 8 gousses d’ail écrasées 1 salade verte 500 grammes de surlonge de bœuf, coupée en petits morceaux de trois à cinq centimètres Préparation Mélanger le sucre, une cuillère de poivre noir, la sauce de soja et l’ail écrasé. Ajouter les morceaux de bœuf et bien remuer l’ensemble pour imprégner la viande avec la marinade Laisser reposer pendant une demi-heure Mélanger le poivre restant avec le jus de citron vert et l’eau. Placer le mélange dans un saucier ou un petit bol Faire sauter le bœuf dans l’huile durant trois à cinq minutes pour le faire dorer sans le griller Disposer ensuite sur un plat garni de laitue et servir avec la sauce au citron vert Accompagner le plat avec du riz au jasmin. Il s’accommode aussi très bien avec quelques légumes frais

  • Cambodge & Archives : Koh Khsach Tunlea, Koh Memeay ou l’île des veuves sur le Tonlé Bassac

    Sur le Tonle Bassac se trouve une île que les Khmers rouges utilisèrent pour interner les épouses des victimes du régime. Avant 1975, Koh Khsach Tunlea était une île luxuriante et fertile située sur l’affluent du Mékong et du Tonlé Sap, la rivière Bassac, à une vingtaine de kilomètres au sud de Phnom Penh dans le district de Sa'ang, province de Kandal. L’endroit abritait une communauté agricole paisible qui vivait dans de petits villages de la culture des légumes, du riz et de la pêche. Camp d’internement pour les femmes Sam Chang vivait à Koh Khsach Tunlea avec son mari Eang Heang qui exerçait la profession d’avocat. Lors de la prise du pouvoir par les troupes de Pol Pot, la jeune épouse venait d’accoucher. Avec l’arrivée des Khmers rouges sur l’île, Eang Heang a choisi de fuir sachant que son métier le condamnait à une mort certaine. Mais, il n’a pas pu résister à revenir voir son fils âgé d’un mois seulement. C’est alors que les Khmers rouges l’ont emmené. Chang les a suppliés de la laisser partir avec son mari, mais ils ont refusé. On ne lui dira pas où il fut transféré et elle ne le reverra jamais. L’Angkar, l’organisation politique toute puissante qui dirigeait le Kampuchéa démocratique expulsa presque toutes les familles et y créa un camp d’internement pour les épouses dont les maris avaient été exécutés, car accusés d’être des « traîtres ». Des milliers de femmes en deuil venant du district environnant ont été rassemblées avec leurs enfants et transportées dans l’île. Conditions de vie Les femmes étaient cloîtrées à 10 ou plus dans une maison, avec leurs enfants s’ils étaient âgés de moins de 10 ans. Les plus âgés étaient envoyés dans des camps de travail pour adolescents hors de l’île. Les femmes étaient obligées de travailler de longues heures en étant mal nourries. Certaines plantaient du riz et des légumes ou travaillaient dans l’immense cuisine commune. D’autres officiaient comme nourrices pour les bébés des autres veuves. Il leur était interdit de se plaindre et, même si elles étaient tentées de se réconforter et de parler entre elles, la faim et l’épuisement les assommaient de fatigue une fois la nuit tombée. Koh Khsach Tunlea est rapidement devenue connue sous le nom de « Koh Memeay — l’île des veuves ». Exceptions Une poignée de familles de « personnes de base », c’est-à-dire celles issues d’un milieu agricole pauvre et sans éducation que le régime communiste extrémiste considérait comme non corrompu, ont été autorisées à séjourner, mais ont été séparées du reste de l’île. Chang est restée contre sa volonté, mais a été forcée de déménager de l’autre côté de l’île avec sa mère malade. Sa maison est devenue une « prison sans murs ». Aujourd’hui âgée de 72 ans et vivant toujours sur l’île, Chang est une femme bienveillante au sourire accueillant qu’on pourrait trouver apaisée. Cependant, alors qu’elle parle de ses expériences entre 1975 et 1979, le chagrin d’avoir perdu son mari, la faim, le travail forcé et la peur d’une surveillance permanente l’ont rendue renfermée et peu loquace. Plus de 40 ans après, les souvenirs restent encore très douloureux. Elle raconte qu’en raison de la position et de l’éducation de son mari, elle avait reçu l’un des traitements les plus durs sur l’île. Elle et les quatre plus jeunes de ses six enfants se nourrissaient exclusivement de bobor et de tiges de banane agrémentées parfois d’un peu de maïs. Chang travaillait plus que de raison, de 7 h à 21 h dans les champs de légumes et de riz avec une heure de pause à midi pour le déjeuner. Elle raconte qu’elle vivait dans la peur constante de se faire emmener comme son mari, des cadres khmers rouges ou des informateurs rôdaient chez elle pour savoir si elle ne critiquait pas le régime : « La nuit, ils espionnaient les familles pour voir si elles faisaient ou disaient quelque chose de mal », dit-elle. Sans aucune installation médicale sur l’île, les Khmers rouges laissaient mourir ceux qui sont tombaient malades ou souffraient de grave malnutrition. Chang raconte qu’elle n’a jamais vu les Khmers rouges tuer ou torturer quelqu’un sur l’île, mais de nombreuses veuves avaient été emmenées, une à la fois, et probablement exécutées ailleurs. « C’était un endroit difficile à vivre, je n’avais plus d’émotions, je ne réfléchissais plus, j’essayais simplement de survivre » Éviter la rébellion Hol Ly, maintenant âgée de 69 ans, a également été forcée à habiter l’île après le meurtre de son mari. Les Khmers rouges lui ont dit que son mari, un ancien soldat de Lon Nol, allait être « rééduqué », mais au lieu de cela, il a été emmené sur l’île voisine de Koh Kor qui abritait un centre de torture et d’exécution. « Lorsqu’ils m’ont dit qu’il avait été arrêté, j’ai perdu l’espoir de le revoir un jour », confie-t-elle « J’étais bouleversé et je pleurais en permanence. Ensuite, les Khmers rouges sont venus et m’ont maltraitée pour avoir pleuré, alors j’ai dû arrêter ». Tout comme Chang, elle raconte que le plus éprouvant sur l’île à l’époque était le manque de nourriture et le travail forcé. « Je travaillais dans la cuisine à décortiquer du riz plusieurs heures par jour », dit-elle, confiant également qu’aucune des veuves ne tentait de s’échapper par crainte que les Khmers rouges ne tuent leurs familles. Youk Chhang, directeur exécutif du Centre de documentation du Cambodge (DC-Cam), raconte que les Khmers rouges avaient peur de la rébellion et que les veuves ont probablement été envoyées sur l’île parce qu’elle était isolée du reste de la société. « Si vous regardez les fosses communes des prisons à Kandal, vous verrez que de nombreux meurtres ont eu lieu — laissant derrière eux de nombreuses veuves », dit-il. « Ils les gardaient à Koh Khsach Chunlea pour s’assurer qu’elles n’aient aucun moyen de révolter ou de se venger ». Travail de recherche La Cambodgienne Kalyanee Mam, réalisatrice et productrice du documentaire « A River Changes Course », a réalisé il y a une quinzaine d’années un projet de recherche sur Koh Khsach Tonlea au cours duquel elle a interviewé plusieurs veuves envoyées sur l’île : « Je me souviens avoir été particulièrement choquée que les femmes qui avaient récemment accouché aient été forcées de servir d’infirmières communes pour d’autres femmes », dit-elle. « J’ai également été horrifiée que, peut-être pour apaiser les jalousies des femmes “de base”, les veuves étaient forcées de se remarier » Il est difficile de savoir combien de veuves ont été envoyées sur l’île au total. Certaines d’entre elles prétendent qu’il y en avait plusieurs milliers. Cependant, Youk estime qu’il n’y en avait probablement que « quelques centaines ». Il est également difficile de dire combien de femmes ont été violées et assassinées à Koh Khsach Tunlea. Theresa de Langis, chercheuse et écrivaine sur les droits humains des femmes dans les zones de conflit et d’après conflit, qui compila une histoire orale des survivantes des Khmers rouges, pense que la situation sur l’île exposait les veuves à un risque élevé de violence sexuelle. « Elles étaient considérées comme des ennemies, donc sexuellement “disponibles” ainsi, certaines ont été forcées d’épouser des soldats khmers rouges handicapés ; elles se trouvaient dans une situation carcérale sous le pouvoir absolu des cadres de l’Angkar sans aucun recours », conclut-elle. Violences Youk Chhang raconte qu’à la fin des années 1990, alors qu’il enquêtait sur des allégations faisant état d’agressions sexuelles commises par les Khmers rouges, il a interviewé des femmes qui avaient été violées après avoir été emprisonnées à Koh Khsach Tunlea. Il explique : « Les gardiens de prison n’avaient pas de vie sociale et l’île est très isolée » En 2012, Sam Oeurn, qui avait été envoyée à Koh Khsach Tunlea en 1977 après l’exécution de son mari, a déclaré au tribunal khmer rouge qu’elle avait vu au moins une femme brutalement assassinée. « Un soir, une femme a volé un fruit, puis elle a été exécutée en étant frappée avec une perche et jetée dans une fosse », confie Sam Oeurn. « Et je me suis dite que mon jour viendrait bientôt ». Catégorisation Craig Etcheson, auteur de « After the Killing Fields: Lessons from the Cambodian Genocide » et ancien enquêteur en chef du bureau des co-procureurs du Tribunal khmer Rouge, s’est rendu à Koh Khsach Tunlea il y a près de 20 ans alors qu’il travaillait sur le projet de cartographie des fosses communes de DC-Cam. Il explique que des endroits comme l’île des veuves ont été créés pour deux raisons. « Premièrement, si un individu était identifié comme un “ennemi”, on supposait souvent que les autres membres de la famille de cet individu étaient également des ennemis, dans un type de culpabilité par association », dit-il. « Deuxièmement, les Khmers rouges étaient préoccupés par la possibilité pour les survivants de la famille d’un ennemi de se venger, une éventualité qui pourrait être atténuée par l’opportunité d’emprisonner et/ou d’exécuter tous les membres de la famille » Les conditions dans ces prisons étaient bien pires que celles vécues par la population dans son ensemble : des rations alimentaires plus petites, des exigences de travail plus ardues et une discipline beaucoup plus sévère, raconte-t-il. Selon Craig Etcheson les prisonnières étaient divisées en catégories et certaines étaient mieux traitées que d’autres. Les prisonniers de première catégorie étaient identifiés comme des ennemies et rapidement exécutés, les prisonnières de catégorie deux étaient constamment évaluées pour être classées dans la première catégorie tandis que les prisonniers de catégorie trois n’étaient pas considérés comme une menace et pouvaient même être libérés dans certains cas. « Les prisonniers de catégorie trois pouvaient également bénéficier de plus grosses rations et d’exigences de travail un peu moins lourdes que les deux autres catégories » Meilleur traitement Il semble que tout le monde sur l’île n’ait pas connu le même niveau de difficulté. Em Kan, vivait dans le district de Sa'ang dans le village de Prek Samrong avant l’ère du Kampuchéa démocratique. Elle est retournée y vivre après les Khmers rouges. Elle se souvient avoir été conduite à Koh Khsach Tunlea en 1977 avec beaucoup d’autres veuves. Après avoir dormi trois nuits sur le sol, ses enfants et elle ont été logés dans une grande bâtisse sur pilotis avec une poignée d’autres femmes et leurs enfants. Ayant déjà perdu une fille à cause de la maladie, son mari, son fils aîné, son oncle et la plupart de ses voisins à cause des Khmers rouges, elle craignait le pire, pensant qu’elle finirait par être exécutée. Cependant, la vie sur l’île s’est avérée beaucoup plus facile qu’auparavant. Sa famille recevait suffisamment de nourriture et même si le travail était dur et interminable, de tôt le matin jusqu’à 17 heures, c’était supportable. « Je n’ai pas eu une vie si terrible qu’au début du régime. J’avais déjà vécu sous une discipline stricte donc je savais que je ne pouvais pas me plaindre, sinon j’aurais été emmenée et tuée » Em Kan dit avoir vu des personnes âgées tomber malades et mourir, mais personne n’est mort de faim et elle affirme que les seules veuves emmenées pour être exécutées étaient « vietnamiennes ou chinoises ». Son fils Em Poul, qui avait environ 12 ans à l’époque, raconte que Koh Khsach Tunlea était « le paradis » par rapport au camp de travail pour enfants où il se trouvait auparavant. Poul, qui prétendait être handicapé mental pour pouvoir rester avec sa mère, passait ses journées à ramasser de la bouse de vache pour l’engrais ou à aider le cuisinier. Quitter Koh Khsach Tunlea Les veuves ont finalement été autorisées à quitter Koh Khsach Tunlea après l’arrivée des Vietnamiens en 1979. Kan se rappelle qu’elle cueillait du riz un jour lorsqu’elle a remarqué de la fumée et des bruits d’explosion venant de Phnom Penh. Au cours des jours suivants, les veuves avec leurs enfants et les cadres ont commencé à disparaître et il n’y avait plus personne pour préparer le repas commun. Un seul cadre khmer rouge âgé était resté. Après lui avoir dit de préparer le repas, il est parti et Kan a décidé de retourner dans son village natal. Chang et Ly ont découvert que les Khmers rouges avaient été vaincus lorsque leurs voisins ont commencé à retourner sur l’île. Bien que la vie soit restée difficile les années suivantes, leurs familles et elles se sentaient relativement heureuses. Les six enfants de Chang ont survécu aux Khmers rouges et lui ont donné 16 petits-enfants. « Nous étions heureux de retrouver nos enfants même si nous avions du mal pour nous nourrir », déclare Chang. Environ 1400 familles vivent sur l’île aujourd’hui. Alors qu’évoquer les souvenirs est encore douloureux, la famille de Chang semble avoir presque oublié, vivant aujourd’hui de la culture du gingembre, des oignons, des bananes, des mangues, du jacquier et du chou, la même activité qu’ils exerçaient avant l’arrivée des Khmers rouges. « Il fait beau et le sol est fertile. C’est aussi un bon endroit pour vivre », conclut Em Kan. Notes : DC CamKoh Khsach Chunlea : une île des veuves par Kalyanee Mam Illustrations : Enrico Stocchi, Rodney Topor et Bo Nielsen

  • Angkor & Destination : Découvrir le temple caché de Ta Nei

    Ta Nei est l’un des nombreux temples construits par Jayavarman VII à la fin du 12e. Assez peu fréquenté, il est situé à l’angle nord-ouest du réservoir d’Angkor, le Baray oriental. Le temple est situé dans la forêt et ne peut être atteint qu’en utilisant une piste à travers la forêt. Il apparaît à quelques centaines de mètres à l’est de Ta Keo et au nord de Ta Prohm. Ce temple un peu isolé n’est pas encombré de touristes comme celui de Ta Prohm tout proche et offre au visiteur la possibilité de réaliser le rêve d'explorer les ruines d’un temple ancien presque enfoui dans la jungle. Dans l’enceinte du temple, il est possible d’entendre les bruits des animaux au lieu des conversations parfois bruyantes et clics d’appareils photo. À l’époque de Jayavarman VII, le temple devait mesurer 35 mètres de long et 26 de large. Plus tard, le temple a été étendu vers l’est pour atteindre une longueur totale de 46 mètres. Enfin, il a été agrandi pour atteindre 55 mètres de long et 47 de large sous le règne d’Indravarman II. Il s’agit donc de l’un des derniers temples sans étage construits à l’époque d’Angkor. Dans le parc archéologique, il n'existe que de petites tours isolées, comme Mangalartha, qui datent d’une période plus tardive que Ta Nei. Le Gopuram de l’entrée principale fait face à une terrasse sur le côté est. Deux tours Prasat dans l’axe principal dominent la cour du temple. Celle de l’est était à l’origine une porte Gopuram dans la première galerie de l’aile est, avant que le temple ne soit agrandi. L’autre tour plus à l’ouest est le sanctuaire d’origine, elle est reliée par une chambre plus petite au Gopuram Nord. Outre les deux Prasats centraux et cette chambre, il existe un bâtiment, probablement une bibliothèque qui a été érigée près du côté sud, à présent partiellement effondré. Toute la cour du temple est entourée d’autres tours en grès reliées par des couloirs couverts le long des murs du temple. Ces galeries sont construites en latérite. De nombreuses structures de la cour du temple se sont effondrées et il est difficile de marcher sur les pierres et les rochers. Néanmoins, c’est exactement pour cela que Ta Nei constitue une expérience authentique de temple ancien à découvrir. Il n’y a pas autant de décoration que dans les grands sanctuaires bouddhistes de la même époque, comme Ta Prohm et Preah Khan ou Banteay Kdei et Ta Som. Cependant, on peut découvrir à Ta Nei suffisamment d’Apsaras et de sculptures de fronton en assez bon état. Certaines des sculptures en pierre de Ta Nei représentent des sujets assez inhabituels. Sur le fronton nord du Prasat, une personne sur un bateau donne une bénédiction, des personnages volants portent des parasols. Sur le côté nord du Gopuram sud-ouest, une figure agenouillée bénit des enfants à l’intérieur d’un palais. Sur la façade sud du Gopuram nord-ouest se trouve un cavalier brandissant une épée. Le temple fera le bonheur des photographes et il est recommandé de s’y rendre vers 16 h pour capter les meilleures lumières. Il n’y a pas de frais d’entrée, l’accès est inclus dans le pass pour l’intégralité du parc archéologique. Photographies flowcomm

  • Histoire : Chuon Nath, père de la « khmérisation » et de l'hymne cambodgien

    Dans la quête de l’identité khmère et pour contrer l’influence liée à l’arrivée des commerçants d’Inde et de Chine et du protectorat français, un moine se distingua comme un visionnaire — un lexicographe et chef de file du bouddhisme cambodgien, Samdech Chuon Nath. Chuon Nath (1883-1969) a vécu à une époque où les traditions culturelles cambodgiennes étaient menacées par les influences étrangères. Il se trouvait à la tête d’un mouvement réformiste au sein de la Sangha bouddhiste khmère qui a développé un modèle rationaliste-scolastique du bouddhisme. Khmérisation La traduction de l’intégralité des textes bouddhistes en khmer et la rédaction du dictionnaire de la langue khmère ont été quelques-unes de ses réalisations les plus notoires. Fils d’une famille de fermiers, la vie de Choun Nath peut être considérée comme consacrée au bouddhisme et à l’identité khmère, en particulier pendant la période française. Il a utilisé sa grande connaissance de la langue pour encourager la « khmérisation » dans la religion et l’éducation. Il a ainsi inventé des mots khmers à partir de leurs racines dans le Pali et le Sanskrit pour décrire des inventions modernes comme le train. Choun Nath a, par exemple, pris le mot Ayomoyo qui signifie quelque chose en métal et l’a combiné avec le mot Yana qui signifie véhicule et a créé le mot khmer utilisé aujourd’hui Ayaksmeyana. Nath a encouragé les innovations dans le Sangha khmer à partir du début du XXe siècle : l’utilisation de l’imprimerie pour les textes sacrés plutôt que les méthodes traditionnelles d’inscription manuelle sur des feuilles de palmier ; un plus haut degré d’expertise en pali et sanskrit parmi les moines ; une vision de l’orthodoxie basée sur l’enseignement des textes du Vinaya pour les moines et les laïcs ; et la modernisation des méthodes d’enseignement des études bouddhistes. Il a également supervisé la traduction de l’intégralité du canon bouddhique Pali et la création du premier dictionnaire moderne en langue khmère. Durant le protectorat, les Français souhaitèrent remplacer le khmer par la leur langue et cette intention a rallié de nombreux érudits cambodgiens à la cause de la conservation de la langue khmère ; l’un de ces érudits était Nath. Il possédait une connaissance approfondie de la langue khmère. Maître de l’enseignement du Bouddha, il était très connu dans le cercle du bouddhisme et très doué pour les langues. Ce que Nath entendait par « khmérisation », c’est qu’il voulait faire dériver de nouveaux mots khmers de ses racines ancestrales, les langues pali et sanskrit. Cependant, la khmérisation de Nath n’a pas été globalement acceptée par tous les Khmers. Des érudits comme Keng Vannsak, qui étaient pro-français, ne trouvaient pas pratique le type de mots khmers dérivés du pali et du sanskrit. Ils ont utilisé un autre type de dérivation en adoptant le mot français normalisé dans le vocabulaire khmer. Le seul changement majeur était d’utiliser l’alphabet khmer pour écrire le mot plutôt que l’alphabet romain. Mais malgré l’opposition, la khmérisation de Nath a réussi. Il est devenu membre du comité initial qui a reçu l’ordre royal de compiler un dictionnaire khmer en 1915 et a été reconnu comme le fondateur du dictionnaire, car il a finalement réussi à imprimer la première édition du dictionnaire khmer actuel en 1938. En 1967, il a été élevé au rang de docteur. Son titre honorifique complet est Samdech Sangha Rāja Jhotañāno Chuon Nath (សម្តេចព្រះសង្ឃរាជ ជួន ណាត ជោតញ្ញាណោ). Parmi les autres contributions de Nath au Cambodge, citons l’hymne national actuel, « Nokor Reach », dont il a composé la musique et les paroles. L’hymne a été écrit dans un esprit de fidélité à la devise de la nation, « Nation, Religion, Roi », ainsi que pour démontrer la grandeur et le passé glorieux de la nation khmère. Hymne national L’hymne a été adopté en 1941 puis supprimé lors de la période des Khmers rouges. Il a été restauré en 1993. Il se traduirait ainsi : Que le ciel protège notre Roi Et lui dispense le bonheur et la gloire Qu’il règne sur nos cœurs et sur nos destinées, Celui qui, héritier des souverains bâtisseurs, Gouverne le fier et vieux Royaume Les temples dorment dans la forêt, Rappelant la grandeur du Moha Nokor Comme le roc, la race khmère est éternelle, Ayons confiance dans le sort du Kampuchéa, L’Empire qui défie les années Les chants montent dans les pagodes À la gloire de la Sainte foi Bouddhique Soyons fidèles aux croyances de nos pères Ainsi le ciel prodiguera-t-il tous ses bienfaits Au vieux pays khmer, le Moha Nokor Source : Buddhasāsanapaṇḍity (1970). Biography of Samdech Preah Sanghareach Chuon-Nath, the Chief of Mahanikava Order (Issue 7 of Série de culture et civilisation khmères). Phnom Penh, Cambodia: Institut bouddhique

  • Histoire & Parcours : Jean Commaille, l'aventurier conservateur du groupe d’Angkor

    Bon nombre de ceux qui visitent le temple d’Angkor Thom ne savent pas qu’il existe une tombe discrète, dissimulée dans les buissons et arbustes au sud-ouest de la route contournant le Bayon. Pourtant, il s’agit de la sépulture de Jean Commaille (1868-1916), premier conservateur d’Angkor pour le compte de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO). Le 30 avril 1916, Jean Cormaille était assassiné par des voleurs sur la route d’Angkor Wat. Si son nom est moins connu que celui de Georges Groslier, il fut pourtant l’un des premiers à apporter une contribution significative à la conservation d’Angkor. Henri Parmentier, qui fut chef du service archéologique de l’EFEO, lui rendait alors hommage dans le bulletin de l’EFEO : Grande perte Le 29 avril 1 916, notre collaborateur Jean Commaille, conservateur du groupe d’Ankor, mourait assassiné, victime de quelques bandits alléchés par l’argent qu’il rapportait de Siem Reap pour la paie des coulis. C’était une grande perte pour l’École et pour l’œuvre même entreprise à Angkor, œuvre à laquelle il s’était dévoué du plus profond de son âme. Une vie des plus mouvementées Je rappellerai en quelques mots le peu que je sais de lui avant son entrée à l’École ; je m’étendrai davantage sur le temps où nous avons compté parmi nous cet ami précieux. Il disait lui-même qu’il n’avait trouvé sa véritable voie que du jour où il avait pris sa part de notre tâche. Fils de soldat, il fit ses premières études au Prytanée de la Flèche et il aimait à en évoquer le souvenir ; mais il était de caractère trop indépendant pour soumettre toute sa carrière à l’inflexible discipline militaire, et d’ailleurs l’art le sollicitait trop pour qu’il pût résister à son appel. Il renonça donc à Saint-Cyr, et ce fut alors la dure existence de l’artiste-né à qui sont refusés les moyens de travailler. Il acquit cependant malgré son labeur cahoté une sérieuse connaissance du dessin, et il avait d’ailleurs à un degré intense le don naturel de la couleur. Pendant plusieurs années, sa vie fut des plus mouvementées, un dernier avatar le jeta dans la Légion étrangère. C’est ainsi qu’il vint en Indochine, puis passa dans les services civils. L’École française d’Extrême-Orient En 1900, Commaille entrait à l’École française d’Extrême-Orient comme secrétaire-trésorier, elle devait le garder plusieurs années et trouver en lui un collaborateur extrêmement dévoué. Si la nomination, à la même époque, d’un architecte-pensionnaire réduisait un peu le rôle qu’avec son talent de dessinateur et de peintre il pouvait espérer jouer parmi nous, par contre ses fonctions dans notre toute jeune École n’étaient pas encore très absorbantes et il trouva dans l’installation de notre petit Musée à Saigon un emploi parfait de son activité. D’ailleurs une fouille intéressante, celle de Bassak, ne tarda pas à lui être confiée et il s’en tira a son honneur, bien qu’un tel travail fût entièrement nouveau pour lui II rendit également de grands services lors du transport de nos collections à Hanoï et de leur mise en place à l’Exposition de 1902. Embarras d’argent Malheureusement de cruels embarras d’argent auxquels ses tendances fastueuses devaient fatalement l’acculer, l’obligèrent à quitter l’École pour se mettre en quête d’une occupation plus lucrative. Il la trouva, très conforme encore à ses goûts, dans la direction de l’imprimerie Schneider, dont le chef partait en France prendre quelque repos. Au retour de celui-ci, Commaille ne tarda pas à rentrer dans les Services civils, et c’est là qu’en 1907, la rétrocession des provinces septentrionales du Cambodge mettant Angkor sous notre surveillance, l’École put venir le chercher de nouveau pour lui confier le poste de conservateur du groupe d’Angkor qui, malgré de rudes fatigues et un pénible isolement, lui offrait l’idéal même de vie qu’il rêvait. Il y fut exactement le « right man in the right place » et il y vécut près de huit ans, sans autre interruption qu’un congé d’un an en France, congé mérité certes, car il avait, je crois, quand il partit, plus d’une dizaine d’années de colonie. Ces monuments, qu’il connaissait déjà fort bien et qu’il aimait, lui devinrent familiers jusque dans leur plus petit détail et son excellent Guide ďAngkor montre avec quel amour il s’en occupait. Il s’était consacré avec une ferveur sans cesse croissante à leur sauvetage souvent si angoissant. Angkor Ce fut d’abord Angkor qui lui demanda un travail long et souvent fastidieux. Il y employa près de quatre années, qu’il vécut la plupart du temps, soit dans la misérable case construite autrefois pour les voyageurs, soit dans une autre paillote élevée au moment de la visite de S. M. Sisovath et qui bientôt ne fut guère plus confortable, entourée par la réverbération de l’éblouissante chaussée dallée, assaillie par les tourbillons des moustiques qui naissent des mares d’Ankor et que les feux les plus asphyxiants n’écartent jamais entièrement. Le départ de sa femme, dont la santé ne put résister à des conditions de vie si pénibles, le laissa seul en ces solitudes mortes les trois quarts de l’année. Abandonné à lui-même, il lui fallut prendre le temple étage par étage et le débarrasser des tonnes de terre que le vent y avait amoncelées. Puis, l’opération faite pour les étages supérieurs, il fallut la renouveler pour les grandes cours des étages intermédiaires et inférieurs ; et l’on se rendra compte de l’importance du travail quand on saura que les avenues latérales du sanctuaire, qui, à elles trois, font plus d’un kilomètre sur une hauteur moyenne d’un mètre environ, furent reconstituées uniquement avec ces déblais. Travail gigantesque Commaille dut déplacer presque partout les énormes pierres des soubassements pour en arracher les souches des buissons qui les avaient envahies et, chose plus fastidieuse encore, répéter ce nettoyage plusieurs années de suite, tant est vivace la végétation en ces régions tropicales. Enfin cette besogne lassante put être considérée comme terminée et il lui fut permis de réaliser son plus ardent désir : le dégagement du Bayon, dont la mystérieuse beauté hante tous ceux qui, ne fût-ce qu’un jour, ont approché des ruines d’Angkor. Il eut le bonheur de conduire à bien cette entreprise, sans éboulement dans un édifice aussi chancelant, aussi ruiné, et il put l’étudier, au cours même de ces travaux, dans le plus minutieux détail. Il rêvait d’en faire une monographie complète, qui mettrait le public savant au courant de toutes les bizarreries de ce monument, qui est une des plus étranges conceptions humaines, et d’expliquer tous les mystères qu’il y avait reconnus au cours de ses longues heures de recherches. Études remarquables Par malheur, confiant dans son excellente mémoire, il n’a pris aucune note, ou du moins n’a-t-on rien trouvé de tel dans ses papiers. En revanche il avait préparé quelques dessins à grande échelle. Ces relevés devaient former la partie essentielle de cette œuvre importante, destinée, dans sa pensée, à perpétuer son souvenir. Bien qu’au crayon et sur papier quadrillé, par suite impossible à reproduire dans cet état, ces remarquables études sont si nettes et si précises, — je puis ajouter, si remarquablement exactes, les ayant vérifiées en partie moi-même, — qu’on peut espérer les faire paraître un jour : ainsi le rêve qu’il avait caressé et les efforts qu’il avait consentis pour le réaliser ne seraient pas entièrement perdus. D’autres temples Les dégagements du Bayon achevés, il entreprit ceux du Baphuon et de la Terrasse dès Éléphants, et les avait déjà menés fort loin lorsqu’une mort brutale est venue interrompre ses travaux, mort d’autant plus cruelle et injuste que rien dans ses relations avec les autochtones ne pouvait expliquer l’attentat. Il était très aimé d’eux ; il savait les conduire sans brutalité, quoiqu’avec cette fermeté qu’ils comprennent, et peut-être même désirent, chez le chef qui a charge de les mener et qui leur garantit ce qu’ils veulent avant tout : la justice. Parlant couramment la langue du pays, il pouvait expliquer ses ordres et y mêler cette verve humoristique qui galvanise les hommes et qui leur fait donner de bonne humeur, et presque sans s’en apercevoir, l’effort attendu. La meilleure preuve de son influence, en dehors du témoignage de tous ceux qui le virent à la besogne, c’est que jamais le recrutement des coulis ne fut une difficulté pour lui ; et cependant il avait fallu faire passer ces bûcherons du travail de la forêt à la tâche toute différente, et qu’ils n’aiment guère, de remueurs de pierres. Sa mort fut un véritable deuil pour les ouvriers de ses chantiers, et c’est avec une sincère indignation qu’ils repoussèrent tout soupçon de connivence avec ses assassins. Sa mort prématurée a privé d’un dévouement passionné notre école au service de laquelle il avait trouvé cette liberté et cet intérêt au travail — qui lui étaient indispensables ; et bien plus que par le petit monument qu’on lui élève près du Bayon qu’il a tant aimé, l’œuvre même qu’il a réalisée à Angkor, au prix de tant de fatigues et de désintéressement, maintiendra sa mémoire, aussi longtemps que subsisteront ces vieilles pierres elles-mêmes auxquelles il s’est sacrifié. Henri Parmentier Jean Commaille a publié quelques études d’archéologie cambodgienne dont nous croyons utile de donner la liste : 1. Les ruines de Bassac (Camboage). (BEFEO, II [1902], p 260-267.) 2. Les monuments ď Angkor. I. Vue rapide sur les remparts et l’ensemble de l’ancienne ville royale. — H. Le Bayon. — III. Le Baphuon. — IV. Le groupe du Phimeanakas. — v — La Terrasse dite du Roi lépreux. (Revue indochinoise, XIII [1910, 1], p.363-373 ; XIV [1910, и], p. 7-14. 141-151, 340-353 —) 3. Les ruines ď Angkor (Cambodge) ; conférence [faite à Marseille le i8 » février 1912]. (Bull, de la Soc. de géogr. de Marseille, XXXVI, 1912, p. 36-47.) 4. Guide aux ruines ď Angkor. Paris, Hachette, 1912, in-12. 5. Angkor, avec 44 illustrations. I. Angkor Vat. II. Angkor Thorn. (Ostasiatische Zeitschrift, Jahrg. II, Hefti-2. Berlin, 1913, in-4*.) 6. Notes sur la décoration cambodgienne. BEFEO, XIII [1913], in, p. 1–38.) XVI. 5

  • Le tamarin dans la cuisine des villages d’Angkor : des Mémoires de Zhou Daguan à aujourd’hui

    Cette recherche part des Mémoires de Zhou Daguan portant sur la société angkorienne de la fin du xiiie siècle et de leur apport à l’anthropologie sociale et culturelle. L’auteur met ainsi en perspective plusieurs remarques faites par le voyageur chinois sur la culture culinaire des gens d’Angkor avec les pratiques qu’il a pu observer en milieu familial dans la région de Siem Reap de nos jours. Cette note revient en particulier sur la place du tamarin dans la préparation des sauces et des condiments dans la cuisine cambodgienne. Cet article se veut une mise en perspective des pratiques d’assaisonnement ayant cours actuellement dans la région de Siem reap avec deux courts passages des fameux « mémoires » de Zhou Daguan (Tcheou Ta-Kouan) sur Angkor et ses habitants, le seul document d’une certaine consistance que l’on connaisse sur la vie quotidienne des Khmers vers la fin du XIIIe siècle. Les passages en question relatent l’absence au Cambodge de deux sauces connues comme essentielles dans la cuisine chinoise : la sauce de soja et le vinaigre. En aucun cas, il ne s’agit, dans le cadre de la présente note de lecture, de voir un quelconque essai de reconstitution des pratiques culinaires de ces temps-là, bien qu’a priori une telle entreprise ne soit pas totalement impossible, par le biais d’une véritable ethnologie historique. Des publications en langues occidentales sur Zhou Daguan et son écrit sur l’ancien Cambodge, deux au moins font autorité : celle du grand sinologue Paul Pelliot datant de 1951 et celle de Peter Harris publiée en 2007. Ces deux auteurs ont chacun mis en garde et invité à la prudence les lecteurs face aux déformations, passages ou chapitres manquants, tronqués, ou bien aux rajouts plus ou moins volontaires dans cette source incontournable. Qu’on se reporte à leurs ouvrages respectifs. Je me permettrai ici de rappeler très simplement la structure du texte tel qu’il apparaît dans une version du xvie siècle, la plus ancienne connue, alors que l’original à jamais perdu lui est antérieur de presque trois siècles. Il débute par une introduction générale suivie de quarante rubriques de longueurs inégales, dont la progression ou l’agencement n’obéit pas toujours à une logique immédiatement saisissable. À peu près tout l’ensemble consiste en descriptions ou remarques ethnographiques sur la vie de la cité d’Angkor et de ses habitants. Depuis quelque temps, je fais une recherche en sociologie culinaire des villages d’Angkor d’aujourd’hui. L’étude concerne six villages essentiellement ruraux, trois villages que l’on pourrait qualifier rapidement de périurbains, et plusieurs situations culinaires extra-villageoises. Dégager une profondeur ou une dimension historique, dans le sens fort du terme, à partir des pratiques actuelles n’était, au départ, inscrit ni dans l’objectif ni dans la démarche d’investigation. C’est seulement au cours de la recherche que certaines données du terrain se sont révélées intéressantes à confronter avec les rares témoignages historiques disponibles. J’ajouterai, d’une part, que le séjour approximatif d’un an de Zhou Daguan se résume à la région d’Angkor, d’autre part, que mes affirmations ne concernent que les villages d’Angkor que j’ai étudiés et ne préjugent pas de l’évolution des habitudes culinaires à venir. Laissons parler l’observateur chinois en renversant quelque peu l’ordre de la progression des passages : « Les indigènes ne savent pas non plus préparer le soy, faute d’orge et de haricot ». Dans l’aire ou, plus précisément, dans toutes les maisonnées et les diverses situations couvertes par mon étude, pas une seule fois je n’ai rencontré l’utilisation ni même la présence dans la cuisine de sauce de soja. C’est dire combien, sur ce point précis, la constatation de Zhou Daguan reste d’actualité. Je m’empresse cependant de préciser que l’étude concerne les repas quotidiens, domestiques en premier lieu et, en second lieu, ceux préparés et pris en commun dans différents chantiers de restauration des monuments d’Angkor, mais toujours hors contexte commercial. En sont exclus, par conséquent, les repas et collations servis soit dans les restaurants, soit dans les échoppes des villages, où, effectivement, on vous propose plutôt le non-quotidien au sens strict du terme. Cela étant, il va sans dire que dans les zones urbaines, ou même seulement semi-urbanisées, la sauce de soja s’impose assez fréquemment dans les cuisines. Bien des marques sont fabriquées au Cambodge même. Son utilisation semble être ancrée dans les habitudes culinaires des villes depuis bien longtemps. On peut même imaginer qu’assez tôt, le soja a pénétré dans les campagnes des berges du Grand Fleuve et de ses affluents, là où se sont installés de préférence les immigrants chinois de différentes ethnies. Cela n’est d’ailleurs qu’une idée générale, car il serait évidemment imprudent d’aller plus loin en conjecture. Remarquons simplement qu’à plusieurs reprises Zhou Daguan laisse entendre que, de son temps, les Chinois étaient déjà nombreux à Angkor, et que des produits de Chine y étaient négociables. Certains, comme la table basse, introduisaient carrément une nouvelle « technique du corps » chez les Khmers de l’époque. Pourtant la sauce de soja – pour revenir à notre sujet – était encore inconnue d’après le témoignage de Zhou Daguan. Il ajoute à propos d’un autre condiment, cette fois porteur non plus de la saveur salée mais acide : « Les indigènes ne savent pas faire de vinaigre. S’ils désirent rendre une sauce acide, ils y ajoutent des feuilles de l’arbre hien-p’ing (? Ampil). Si l’arbre bourgeonne, ils emploient les bourgeons ; si l’arbre est en graines, ils emploient les graines.» Bien qu’incomplète en ce qui concerne l’usage des éléments naturels acides, l’assertion ci-dessus est criante de vérité. Dans le cadre de cette note, j’essaierai de la confronter rapidement avec les données du terrain déjà présenté. On sait que le vinaigre est bien connu et assez largement utilisé des Cambodgiens d’aujourd’hui. À la différence de la sauce de soja qui est toujours manufacturée, le vinaigre, dont on connaît une grande variété, est assez souvent fabriqué individuellement pour le besoin de la maisonnée. En d’autres termes, sa fabrication est relativement facile. À la campagne, il est assez fréquent qu’il soit fait à base de jus de palme. Et pourtant pas une seule fois, là non plus, je n’en ai rencontré au cours de ma recherche (entendre : dans la région couverte par celle-ci). Pour le goût acide, les gens recourent à une multitude de feuilles et de fruits dont je suis incapable de produire la liste complète. Dans cette gamme, comme l’indique Zhou Daguan, figure évidemment le tamarin (ampil) : ses jeunes feuilles, ses fruits à différentes étapes de la croissance. Quelles sont les préparations khmères où l’acidité intervient comme saveur particulièrement marquée ? Grosso modo elles relèvent de deux catégories de mets et des sauces d’une manière générale. La première catégorie est celle des « mets liquides » (mhaup teuk) dont la saveur dominante tire vers l’acidité, précisément : les samlâ mchou. Le second type, relevant du groupe « mets solides » (mhaup kôk), est représenté par la catégorie bok, « (mets) pilé ». Comme accompagnement de certains plats – par exemple une grillade de poissons –, la plupart des sauces ou condiments se dotent d’une composante acide. Concrètement, voyons maintenant l’usage que l’on fait du tamarin, puisque l’on en trouve mention dans Zhou Daguan. Les exemples suivants viennent tous de la seule aire bordant immédiatement le marché de Roluoh, la plus « urbanisée » par rapport à tout le reste de la zone étudiée. On l’a choisie à dessein pour son caractère relativement ouvert vers l’extérieur. En principe, dans un tel milieu, mais cela reste un a priori, les ressources de l’environnement deviennent soit plus pauvres soit peu exploitées. Le potager de la maison apparaît souvent comme moins vital qu’en rase campagne et l’économie domestique quotidienne fait appel à davantage de transactions commerciales. Plaçons les exemples relevés dans le cycle des moussons, étant donné qu’il commande celui de la végétation, en particulier du point de vue de l’exploitation culinaire. Jeune tamarin (fruit) Le premier exemple illustre l’utilisation de jeunes fruits du tamarinier – le tamarin. Plusieurs tamariniers poussent sur le grand terrain de la maison qui nous concerne ici, sans que celle-ci dispose d’un potager véritablement digne de ce nom. Nous sommes vers la fin du mois d’août, la mousson s’est installée depuis un peu plus de trois mois déjà. Un poisson andèng grillé est l’un des deux mets que l’on prépare pour le repas de ce soir. Il faut, bien sûr, un condiment pour l’accompagner. En ville, sans même parler des restaurants où le réflexe est, pour ainsi dire, automatique, on recourrait volontiers au teuk trei. Une telle sauce serait agrémentée de différents ingrédients, y compris d’un fruit acide quelconque – et pourquoi pas de tamarin – du moment que le très salé teuk trei commande le goût général. Tel n’est pas le cas ici, où le goût dominant recherché doit être, au moins, équilibré entre le salé et l’acide, sinon plutôt tiré vers l’acide. Jeunes feuilles de tamarinier Nous sommes à la mi-septembre, encore en pleine mousson d’été. Les fruits restant du même tamarinier se sont quelque peu raréfiés et surtout, deviennent mûrs. Mais ce qui intéresse notre cuisinière, ce sont les jeunes feuilles toutes vertes, abondantes, dont elle cueille une certaine quantité. En effet, le mets liquide du repas du soir est un samlâ mchou aux crabes. Il faut dire que le crabe, en saison des pluies, bien que relativement facile à trouver, est moins apprécié qu’en saison sèche où certes il faut alors le sortir péniblement à coup de bêche de son trou, à environ 80 cm dans un sol très dur, mais la récompense est que, étant resté en estivation des mois durant, il devient bien gras. Les principaux ingrédients sont (photo ci-dessus) les feuilles de tamarinier, de la citronnelle arrangée en botte, qu’on laisse seulement infuser pour ses qualités olfactives avant de la retirer du produit fini, du galanga (rumdéng), indispensable à nombre de mets, de l’ail, du prahok (pâte de poisson salé et fermenté) et du gros sel pour le goût salé, du sucre de palme, du basilic sacré (mreah preou) à mettre en dernier, lorsque tout est prêt. L’ail, le galanga découpé en tranches et les feuilles de tamarinier sont ensuite aussi pilés Tamarin adulte Nous sommes dans une autre maisonnée du même village de Roluoh Lech. On y prépare un plat particulier, à mi-chemin entre un vrai mets et un amuse-gueule, sorte de mets d’agrément pris hors des repas : un bok l-hong connu sous l’appellation « salade de papaye ». Il convient de rappeler ici qu’un bok l-hong khmer, préparé hors commerce, est très différent du som tam thaï ou du tam mak houng lao. L’utilisation du prahok à la place du kapi (pâte de crevette en thaï) ou du padèk (lao) est l’une de ses caractéristiques. On voit aussi un poisson phtuok entier mis à cuire de la même façon, dont la chair cuite est ensuite pilée avec l’ensemble des ingrédients. Autre trait remarquable : pour la salade khmère, le citron n’est pas indispensable et systématique comme pour ses congénères thaï et lao. On cherche souvent à le remplacer par un autre élément acide qui ne soit pas trop neutre. Dans le cas qui nous concerne, on recourt aux tamarins. Les jeunes fruits seraient l’idéal, mais il est impossible de s’en procurer en ce début de janvier. Il faut se contenter des fruits adultes, car il en reste encore, bien que la plupart aient déjà atteint la maturité. La préparation n’en est pas si simple. Il faut d’abord, à l’aide d’un couteau, enlever la peau, puis découper chaque fruit pelé dans le sens de la longueur pour, enfin, les débarrasser des graines. On pile dans un premier temps les ingrédients contenus dans le mortier,, avant de les mêler, toujours dans le même mortier, avec la chair émiettée du poisson grillé, puis enfin avec la papaye râpée. Le tout sera servi avec des cacahuètes et un ensemble de légumes dont certains viennent du potager, tout comme la papaye elle-même. Il n’est pas inopportun de revenir un court instant dans la première maisonnée pour voir, à la même époque de l’année, une autre forme d’utilisation du tamarin au même stade de croissance. L’un des mets du repas est un ph-âk kreum tonsay, c’est-à-dire de minuscules poissons fermentés d’une certaine manière. Parmi les légumes d’accompagnement, on relève des tranches de tamarin non débarrassées ni de l’écorce ni des graines. C’est donc le goût de ce fruit dans sa globalité qui est ici recherché, l’âpreté et la pointe d’amertume des graines corrigeant l’acidité de la pulpe… Tamarin mûr On a vu qu’on peut trouver du tamarin mûr ici ou là, en pleine saison des pluies, certes en petite quantité. Mais c’est en saison sèche et chaude qu’il règne en maître sur les arbres. Son aspect et sa constitution changent drastiquement : le cortex s’enlève presque tout seul, en tout cas sans difficulté, les graines deviennent très dures et ne servent plus. Seule la pulpe est utilisée, présentant un goût autre, mais tout aussi apprécié que quand elle est plus jeune. L’avantage est qu’on peut la garder longtemps et, de ce fait, on peut en avoir à longueur d’année. Sans tamarinier chez soi ou chez les voisins, il n’y a qu’à s’en procurer dans n’importe quelle échoppe du village. Le prix en est tout à fait modique. Le village de Ta Prak est contigu au marché de Roluoh qui s’étend et se modernise de jour en jour. Située en zone urbanisée, la maisonnée qui nous concerne ici conserve pourtant un mode de vie rural encore à peine perturbé. Le potager offre une variété importante d’arbres fruitiers et de plantes culinaires. Pour ce soir, l’un des mets du repas est un samlâ mchou de papaye des plus simples. Deux poissons phtuok ont été achetés au marché tout proche, ce matin. Les deux papayes, dont une seulement va être utilisée, viennent du potager. Sont successivement mis dans la marmite sur le feu : une botte de citronnelle et un morceau de galanga écrasés (qu’on laisse seulement infuser), de l’ail haché, du sucre, du sel et un morceau de prahok. Dès les premières ébullitions, on incorpore les tranches plates de papaye verte, suivies des morceaux de poisson. Ce n’est qu’ensuite qu’on s’occupe du mchou (élément acide), en l’occurrence du tamarin mûr. Tout le liquide est ensuite versé dans la marmite. L’opération est renouvelée plusieurs fois dans le but de tirer le maximum du tamarin. Puis on jette toute la matière grossière. C’est ainsi que le produit fini peut tromper la vue sous l’apparence d’un plat plutôt pauvre. Voilà quelques exemples d’utilisation du tamarin à l’époque actuelle qui montrent combien le deuxième passage déjà cité de Zhou Daguan reste d’actualité. Il faut dire et répéter que l’intention de l’émissaire chinois n’était point de parler du tamarin, mais d’informer ses compatriotes en Chine qu’au Cambodge on ne trouvait ni sauce de soja ni vinaigre. Le détail est d’importance pour les Chinois car ce sont là deux sauces ou condiments absolument indispensables dans leur cuisine. À partir de cette glose ou commentaire sur le tamarin, la réflexion devrait, dans une étape ultérieure, s’orienter sur l’influence que la cuisine chinoise (encore faible ? voire même nulle ?) pourrait avoir exercée sur la cuisine khmère au xiiie siècle. Vu l’utilisation assez fréquente aujourd’hui de ces deux sauces en milieu urbain, nous commençons à disposer là d’une vue diachronique, timide il est vrai. Sur l’autre plateau de la balance, mais cette fois en synchronie, nous venons de voir qu’à Angkor aujourd’hui, même en milieu relativement urbanisé, on continue de recourir au tamarin dans les différentes étapes de sa croissance. Bien sûr, il ne saurait être question de tirer une conclusion définitive à partir d’un seul exemple. Le tamarin, du reste, n’est qu’un ingrédient dans la vaste gamme de ceux qui fournissent l’acidité : le krasaing, le tromoung, le pongro, le sandan, le mkak (cultivé ou spontané), le kralanh, le thnoeng, le kréng, la mangue verte et bien d’autres plantes encore que j’ignore. Non seulement on recourt aux plantes pour leur acidité, mais encore, et très souvent, aux ângkrâng, grosses fourmis rouges qui font leurs nids sur des branches d’arbre. Si l’on étend la description à tous ces ingrédients, on aura traité ou abordé un pan important de la cuisine rurale khmère, à savoir les sauces et condiments culinaires. Ainsi, on comprendra sans doute un peu mieux les différents degrés de pénétration d’éléments et de modes culinaires étrangers au Cambodge, selon les régions et les types de srok (« pays »). Par Ang Chouléan - Ethnologue, Université Royale des Beaux-Arts (Phnom-Penh), conseiller de l’autorité APSARA et fondateur de l’association Yosothor.

  • Environnement : Rencontre avec les grands-pères protecteurs des forêts du Cambodge

    À la lisière d’une forêt, dans les plaines du nord du Cambodge, une communauté autochtone met en place son propre système de surveillance. Il s’agit d’un petit avant-poste construit avec du bois confisqué à des bûcherons opérant illégalement. Pour cette toute nouvelle patrouille forestière, il s’agit d’une stratégie nécessaire. La plupart des communautés autochtones sont trop souvent réduites à l’état de spectateurs devant la destruction de leurs forêts ancestrales. « Nous pouvons difficilement compter sur la loi, elle est trop lente », déclare Ruos Lim, le chef de patrouille, âgé de 67 ans. Son groupe est principalement composé des aînés des communautés. Ils se considèrent comme un groupe chargé de protéger les forêts qui leur fournissent nourriture et revenus. « Jour et nuit, nous apprendrons à nos enfants et à nos petits-enfants à protéger nos moyens de subsistance », explique Lim, qui estime que si les forêts sont détruites, la communauté, ses traditions, son langage et potentiellement tout leur mode de vie ne survivront pas. Investir dans les forêts La forêt a des fruits sauvages, du bois et du miel. « Cet endroit est un type de banque assez particulier », explique Lim. « Nous investissons en entretenant la forêt et il y a toujours plein de choses à en retirer ». Lim a passé toute sa vie dans le petit village de Bang Khanphal, derrière la forêt de Chom Penh, qui fait partie de la réserve naturelle de Beng Per (242 500 hectares). La forêt de Chom Penh fournit au village des matériaux de construction, de la nourriture et des produits de plus grande valeur tels que le miel et la résine, deux produits qu’ils peuvent commercialiser. « Les arbres, les ruisseaux et les montagnes sont le cadeau que nous offrons à nos enfants », déclare Lim, tard dans la nuit, alors qu’il se balance dans un vieux hamac en fumant du tabac sauvage enroulé dans une feuille. « La forêt est leur héritage et nous devons la protéger des voleurs ». Selon ses grands-parents, membres de la minorité indigène Koi, présente dans le nord du Cambodge et à la frontière avec la Thaïlande, la forêt était la seule source de richesses de la communauté. Mais, à mesure que la déforestation s’accentue, les peuples autochtones sont obligés de s’aventurer davantage dans la réserve naturelle de Beng Per pour trouver des produits de la forêt, faisant de Chom Penh, au cœur de la réserve, une zone de plus en plus menacée. En 2013 seulement, Beng Per a perdu 12,4 % de sa surface boisée, selon les données satellites de la Licadho, un groupe de défense des droits cambodgien. Et elle en a perdu au moins 33 % depuis 2000. « Nous sommes les seuls patrouilleurs actifs, ici » Depuis plus de deux décennies, les communautés autochtones luttent contre une vague d’investissements étrangers et locaux, qui ont obtenu l’autorisation de défricher des surfaces cultivables du Cambodge.  Les parcs nationaux et les réserves naturelles, où l’exploitation forestière est interdite, sont devenus des zones convoitées par les bûcherons. Et comme les arbres les plus anciens et les plus précieux ont été abattus, ces zones ont été reclassées en « forêts dégradées », et transformées en plantations. Le ministère de l’Environnement déclare que le gouvernement soutient les patrouilles dans les communautés et donnera suite à tout signalement d’exploitation forestière illégale. Il ajoute que la coupe des forêts protégées est nécessaire pour « développer le pays et créer des emplois » et qu’une évaluation de l’impact environnemental est réalisée avant la remise de chaque concession. « Nous avons constaté qu’il n’y aurait aucun impact sur la réserve », dit-il. Défendre les richesses Lim et ses hommes ont transformé leurs escapades régulières en patrouilles effectuant des roulements. Leur mission est d’empêcher le pillage de Chom Penh, et ils combinent éducation, réprimandes et menaces. Par un beau jour d’août, deux équipes de patrouilles quittent le village de Bang Khanphal avant l’aube, à pied, à la recherche de bûcherons.  L’expédition commence réellement quelques heures plus tard, sur un ko yun, une longue remorque plate attachée à un moteur diesel sur roues. Ils transportent du carburant, des hamacs et quatre semaines de rations : 30 kg de riz, 10 litres d’alcool de riz, des boissons énergisantes et du sel. Tout le reste viendra de la forêt. La planification et le départ sont effectués avec une précision militaire. Plus tard dans la journée, la patrouille atteint l’extrême sud de Chom Penh, Lim bouillonne. « C’est la zone de guerre », déclare-t-il. À l’âge de 21 ans, Lim a rejoint les Khmers rouges, passant de petit espion de village à chef d’une unité de sécurité locale dont la zone couverte englobait des parties de Chom Penh. À 67 ans, il affirme n’avoir jamais tué personne au combat ni avoir perdu le contrôle de sa forêt. Aujourd’hui, sa ligne de front est marquée par des arbres marqués à la tronçonneuse et des piles de bois fraîchement coupé — les restes de batailles gagnées et perdues. « Si nous trouvons des voleurs ici aujourd’hui, déclare Lim, cela me rendra très heureux ». Toutefois, les pillards que la patrouille rencontre sont principalement des opportunistes. 90 %  des « voleurs » découverts sont de la communauté Koi, dont les forêts se sont raréfiées, les forçant à se rapprocher de Chom Penh pour essayer de se faire un petit peu d’argent. « Certains jours, ils ne trouvent qu’un seul morceau de bois, d’autres jours, ils ne trouvent rien », explique Lim plus tard, alors qu’il se repose dans son hamac. « Ils ne savent pas comment trouver un emploi. Ils ont perdu leurs forêts, leurs fermes — tout a été balayé. C’est pourquoi ils viennent quêter ici ». Un après-midi, après avoir suivi le bruit des tronçonneuses vers un camp de bûcherons improvisé situé juste à l’extérieur de Chom Penh, Lim appelle : « Les rangers sont là… venez nous faire face ». Trois jeunes hommes en sueur et pleins de sciure de bois émergent et font alors face à un groupe de grands-pères portant des pioches et des couteaux. Ils s’assoient dans la boue pendant que Lim se tient au-dessus d’eux et les réprimande : « Comprenez-vous à quel point la forêt est importante pour votre peuple ? », déclare-t-il. « Avez-vous oublié qui vous êtes ? ». Les bûcherons déclarent avoir entendu des rumeurs selon lesquelles la forêt serait bientôt défrichée et replantée avec du caoutchouc, et avoir décidé qu’ils pourraient eux aussi récupérer une part du butin. « C’est une astuce pour vous faire abattre votre propre forêt », déclare Lim. « Vous écoutez des étrangers et ils vous rendent avides d’argent ». Parmi une douzaine de rencontres avec des bûcherons, durant les quatre jours de patrouille, un seul groupe a tenté de s’échapper. Les patrouilleurs les ont retrouvés plus tard dans leur village et les ont remis à la police. Les autres ont accepté leur punition, une forte réprimande d’un ancien, qu’ils connaissent, craignent et respectent. L’un d’eux a compris la leçon puis a rejoint la patrouille. Texte et photographies par  Matt Blomberg  – Mekong Eye (cc) – Pour des raisons de clarté, le texte original a été réduit

  • Phnom Penh & Arts : (re)découvrir la symphonie chromatique de Stef au restaurant Khéma La Poste

    Dessinateur de bandes dessinées accompli, illustrateur et peintre, Stéphane Delaprée illustre depuis 26 ans la joie de vivre cambodgienne. Ses œuvres sont toujours exposées au Khéma La Poste de Phnom Penh, l'occasion de redécouvrir cet artiste talentueux et plein de bonheur. En 1994, Stéphane Delaprée foule pour la première fois le sol cambodgien. Ce dessinateur-voyageur impénitent ne compte alors y rester qu’une poignée de mois, juste le temps de saluer ses deux frères qui se sont établis dans la capitale. Le billet retour finira, fatalement, dans une poubelle, et l’artiste fera du royaume son pays d’adoption. 26 ans plus tard, il continue de célébrer, à travers ses œuvres, une certaine idée du bonheur. « Peins ce que tu chéris » Ses peintures sont immédiatement reconnaissables tant son style est personnel. Aucune ombre dans ses tableaux, mais au contraire une lumière vive et éclatante, omniprésente, tout comme les couleurs et les sourires. Des scènes tirées de la vie quotidienne, transports, moines, enfants, vendeurs, sans oublier les femmes élégantes et ravissantes, descendantes des gracieuses apsaras d’antan. Avec, toujours, ce même visage rond, cet imperturbable sourire et ces yeux sur le côté, « ces yeux croches qui sont comme les miens, un peu de travers » Des maisons sur pilotis, des forêts, une rivière servent souvent de toile de fond, et les dômes d’Angkor Wat ne semblent jamais loin. Dans cette mélodie de couleurs où prédominent le rouge, le bleu et l’or, le printemps semble éternellement durer. Un paradis terrestre, en somme, vision pas si fantasmée d’un pays de cocagne où tout est merveille pour qui sait admirer. « C’est un peu le regard d’un enfant qu’est le mien, et si je devais me donner un âge mental, je pense que je serais bien plus proche des 12 ans que de mon âge véritable. Et vous, quel âge vous donneriez-vous ? ». L’artiste est ainsi, invitant à chaque instant son interlocuteur à se découvrir en lui retournant les questions. Très vite, en sa compagnie, l’habituel l’interview-monologue se transforme en un échange forcément haut en couleur. Happy Painting, hommage à la joie de vivre Ce courant pictural qu’il a lui-même fondé sera baptisé bien plus tard « Happy Painting », une peinture faussement naïve mais véritablement réconfortante, imprégnée de poésie et de joie de vivre. « Faire croire que je me suis un jour réveillé en “inventant” ce style serait un gros mensonge, déclare le peintre. Honnêtement, je ne pense pas que les artistes puissent avoir d’emblée une idée claire du style qui sera le leur. Celui-ci vient étape par étape, et c’est seulement après-coup que des tendances se dégagent, une cohésion, assez pour définir l’ensemble d’une œuvre ». Paradoxalement, il aura fallu que l’artiste traverse une période sombre pour que cet hymne à la joie voie le jour. « J’étais empêtré dans une situation délicate et difficile à vivre. Sans vraiment m’en rendre compte, mes tableaux sont devenus comme une sorte de refuge, un antidote à la douleur. Je peignais la lumière que j’avais du mal à trouver dans ma vie. D’ailleurs, dessiner n’est pas pour moi une passion, il s’agirait beaucoup plus d’un besoin » « J’étais le gamin qui dessine » Toute sa vie, Stef l’aura consacrée au dessin, qu’il apprend en autodidacte. « Mes parents étaient des intellos, ils m’emmenaient au musée et achetaient beaucoup de livres, y compris des livres d’art. Je recopiais tout ce que j’y trouvais d’intéressant, notamment les illustrations du dictionnaire. Il m’arrivait même de faire semblant d’être malade afin de pouvoir rester à la maison et faire tranquillement mes croquis. J’étais “le gamin qui dessine”, et je pense que mes parents ne se faisaient pas trop d’illusions sur mon avenir. S’ils ne m’encourageaient pas particulièrement, ils ne tentèrent jamais non plus de me dissuader ». Adolescent, il réalise pour son école une sculpture sur bois qui se vend immédiatement. Ses dessins aussi trouvent très vite acquéreurs, même s’il préfère les donner ou les échanger plutôt que de les vendre. « J’étais bien trop timide pour aborder le thème de l’argent ! », déclare l’artiste avec un léger sourire, comme s’il était gêné de cette particularité dans un monde où chaque objet, chaque œuvre se voit octroyer une valeur marchande. La vie comme un roman graphique Pendant longtemps, Stef avoue n’avoir vécu que pour la BD, dévorant les numéros de L’Écho des Savanes, À Suivre, Hara Kiri, Pilote et Tintin. Sans se douter que des années plus tard, ses dessins rempliraient les cases de quelques-uns de ces magazines devenus cultes. Il franchit un pas de plus lorsque, résidant au Canada, il fonde la revue Bambou, un bimestriel dont le tirage ira jusqu’à atteindre les 5 000 exemplaires. Une belle réussite dans le Québec du milieu des années 1980, qui lui rapportera une moisson d’incroyables souvenirs et de soirées dantesques. Électron libre et rêveur invétéré, la soif de découvertes le pousse à partir vers de nouveaux horizons. Car avant de peindre les splendeurs du Cambodge, Stef aura traîné ses cartons à dessins dans d’innombrables contrées. Alors qu’il n’est encore qu’un enfant, ses parents quittent la région parisienne pour les frimas québécois, avant de gagner la côte sénégalaise. « J’y ai passé une adolescence fabuleuse, c’était une période vraiment heureuse. Et, bien sûr, je dessinais tout le temps. Je me souviens même avoir commis, avec Normand Baillargeon au scénario, un petit ouvrage intitulé “Astérix chez les Wolofs”, dont un ami a retrouvé un exemplaire il y a peu de temps ». L’attrait du voyage et du dépaysement se porte bien dans la famille, comme le prouve cette téméraire traversée du Sahara entreprise en Méhari. À bord, Stéphane est entouré de son père et de l’un de ses frères. Quelques années plus tard, à 17 ans, Stef quitte l’école et décide de s’embarquer pour un périple solitaire le menant jusqu’en Inde. Puis ce sera le Salvador d’avant la guerre civile, dont il garde le souvenir d’une montagne russe émotionnelle, où des joies ineffables se retrouvent entrecoupées d’épisodes sanglants. À chaque fois, Stéphane parvient à vivre de son art, créant tantôt des affiches, des story-boards, des pochettes de 33 tours, des couvertures de livres… Il illustre des hommages à Prévert, dont l’un des poèmes, Le Cancre, semble avoir été écrit pour lui. Sans oublier les dessins et les peintures, qu’il vend parfois dans la rue. Cette vie de bohème ne dérange alors pas cet artiste bien peu intéressé par la réussite financière. « Ce n’est qu’au tournant de la trentaine que j’ai commencé à réellement me soucier du futur. Auparavant, seul importait le fait de pouvoir m’acheter de quoi dessiner ». « Je n’ai pas choisi le Cambodge, c’est lui qui m’a pris » En 1994, le voilà donc au Cambodge, « Juste le temps de passer l’hiver ». Il trouve immédiatement un engagement auprès de la LICADHO, et le voilà chargé d’illustrer un fascicule sur la nouvelle Constitution. L’ambiance qui règne alors dans la capitale n’est pas pour lui déplaire : « Tout le monde se saluait, une sorte de fraternité et une grande solidarité prédominaient. Et puis, comme il y avait très peu de barangs, on était invités à toutes sortes de cérémonies, dont certaines très prestigieuses » « En parallèle, Phnom Penh ressemblait à une ville du Far West. Il n’y avait presque pas de voitures, on marchait au milieu de montagnes de poubelles, entre lesquelles slalomaient des rats énormes. C’était un endroit dangereux, on y croisait des mecs complètement bourrés qui tenaient un flingue à la main. Souvent, à la nuit tombée, des coups de feu retentissaient dans la ville. Les choses ont bien changé depuis ! ». Après deux décennies passées dans la capitale, Stef a décidé de s’installer à Siem Reap, « Un endroit plus calme, à l’aspect un peu campagnard, où on peut tranquillement se balader en vélo au bord de la rivière ». « Je suis un rêveur, pas un businessman » Ces 26 années passées au Cambodge auront vu son art se développer, stimulé par l’amour qu’il porte à ce pays hors du commun. Les commandes, parfois de grande ampleur, se sont succédé, comme cette fresque de 15 mètres de long qui a longtemps orné les murs de l’aéroport de Sihanoukville. Ou encore les 108 couvertures réalisées pour le magazine japonais NyoNyum. Les points de vente et les Happy Galleries ont fleuri un peu partout. « J’ai fait beaucoup d’argent, mais tout cela en coûtait tout autant, en plus du temps qu’il fallait consacrer aux aspects techniques et administratifs. Je ne suis pas un homme d’affaires ni un pro du marketing. Je ne suis pas fait pour ce genre de chose, je suis un rêveur, pas un businessman » La crise provoquée par le coronavirus a accéléré la fermeture des derniers points de vente physiques, mais les œuvres de l’artiste peuvent être admirées et acquises sur son tout nouveau site internet, avec en prime une promotion spéciale qui durera tout le mois de juillet. Créateur prolifique, Stef ne compte plus le nombre d’œuvres qu’il a produites, « Disons simplement qu’il y en a beaucoup ! Je suis un mélange de flemmard et de gros bosseur, l’idéal étant pour moi de ne rien faire et de trouver une manière de ne rien faire », confesse l’artiste en prenant un air malicieux. « Pourtant, au bout d’un moment, ma mauvaise conscience reprend le dessus et me pousse à m’enfermer dans mon atelier ». Mi-amusé, mi-surpris, il se pose à lui-même la question : « Comment un artiste a pu vivre de son art pendant plus de 40 ans, hors du circuit artistique traditionnel et des galeries, sans argent, sans affiliation, sans contact, sans protection et sans marketing ? ». Le talent serait très certainement une réponse satisfaisante. Texte et photographies par Rémi Abad - CG Article en anglais ici... Site internet de l’artiste : https://stefhappygallery.com/ Facebook : https://www.facebook.com/sdelapree/

  • Le coin du sommelier : Le rare et authentique « Feudi Bizantini 8 Limited Edition » disponible à Phnom Penh

    L’art du vin devenant de plus en plus populaire dans le Royaume, nous avons recherché quelques raretés dans la belle cave à vin du restaurant Siena à Phnom Penh. Tellement vaste et sophistiquée qu’il est difficile de faire un choix, mais le maître des lieux, Giussepe Napolitano, admet avoir un petit faible pour un vin italien définitivement unique en son genre. « Il s’agit d’un vin en édition limitée, seulement six mille bouteilles seront produites pour chaque millésime, et le vigneron ne sélectionnera que le meilleur vin qui a été vieilli en barriques. Sur dix barriques, seules huit seront mises en bouteille », explique Giussepe, qui ajoute : « Ce beau vin est issu du cépage Montepulciano, qui produit un vin rouge riche et corsé. Il présente une couleur rouge rubis très intense et élégante et un bouquet large et complexe, avec des notes fruitées de prune, de confiture de cerise et un soupçon de tabac, accompagné d’un piquant subtil. » « Ces caractéristiques en font un vin exceptionnel qui ravit les sens à tout moment de la journée. C’est pourquoi j’aime ce vin qui, selon moi, se marie parfaitement avec les viandes ». Le profil gustatif de Feudi Bizantini 8 Limited Edition est tout aussi impressionnant et original. Les notes prononcées de baies sombres apportent une douceur généreuse équilibrée par une structure claire. Le vin n’est pas trop sucré et sa complexité et sa profondeur de goût en font un excellent choix pour les amateurs qui apprécient un vin unique et différent, offrant à la fois élégance et caractère. Feudi Bizantini 8 Limited Edition 0.75L se distingue non seulement par son goût exceptionnel, mais aussi par sa rareté et le fait qu’il soit possible de le collectionner. Il s’agit d’un vin produit en quantité limitée, ce qui en fait une perle rare pour les collectionneurs et les amateurs de vin. L’exclusivité de ce vin ajoute à son attrait et en fait une bouteille convoitée par les amateurs de vins fins. Qu’il soit dégusté lors d’une occasion spéciale ou ajouté à une collection de vins, le Feudi Bizantini 8 Limited Edition se distingue par ses qualités uniques et sa fabrication exceptionnelle. Version anglaise de l’article ici… Si vous souhaitez goûter ce vin unique, rendez-vous au restaurant Siena. D’autres vins à découvrir dans la lettre d’information de Thalias : https://thalias.com.kh/email-signup/

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