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Cambodge & Sorcellerie : La tristesse de la jeune veuve de Prey Chunluonh

C'était en 2015, plus d’un an après qu’un cambodgien accusé de sorcellerie ait été lapidé et battu à mort par la foule dans son village natal, sa veuve se battait alors pour comprendre les raisons de son assassinat. Elle travaillait également à la construction d’une maison, celle que son mari rêvait de lui offrir…

Rappel d'histoire bien triste et d'un « fait divers » qui arrive plus souvent qu'on ne le pense dans les campagnes cambodgiennes.

Chev Chenda
Chev Chenda

Assise en face de la maison à moitié construite avec les membres de la famille, Chev Chenda, âgée d’une trentaine d’années aujourd’hui, insiste pour rappeler que son mari ne pratiquait pas la magie noire et que ses meurtriers ont tué un innocent.

« Nous ne savons toujours pas pourquoi ils s’en sont pris à nous », déclare Chenda aux journalistes.

Une larme coule lorsqu’elle rappelle les détails de la mort de son mari aux prises avec une foule déchaînée comptant plusieurs centaines de personnes, certaines étant même venues d’autres provinces pour se joindre au massacre… « Ils l’ont simplement accusé sans raison », dit-elle. « Je suis vraiment en colère, mais ne l’ai jamais su quoi dire ou quoi faire à ce sujet. Je suis toujours sans voix » ajoute-t-elle.

Mort du « sorcier », les faits…

Le mari de de Chenda, Pov Sovann, un guérisseur traditionnel, avait été tué par la foule dans le village de Prey Chunluonh dans le district de Bati, province de Takeo en Avril 2014. Pov Sovann était alors tenu pour responsable de la mort par « sorcellerie/magie noire » de sept villageois qui apparemment ne présentaient aucun signe de maladie connue. Chenda avait alors fui vers la maison de sa tante pendant l’attaque tandis que son mari tentait de s’échapper désespérément vers une autre habitation du village.

« Si j’étais restée près de lui, ils m’auraient tuée de la même façon » dit-elle.

« Beaucoup de ceux qui ont pris part à l’attaque se déplacent aujourd’hui librement dans le village, tandis que d’autres l’ont quitté pour aller vivre ailleurs », précise-t-elle pleine d’amertume. A présent, Chenda travaille pour achever la construction de la maison que son mari espérait voir achevée avant sa mort. Mais, son salaire ne suffit pas et elle doit emprunter de l’argent pour terminer le travail, précise la jeune veuve.

Meurtriers rarement punis

Ce type d’incident, une foule déchaînée lynchant un voleur ou un homme accusé de magie noire, se chiffre officiellement à une dizaine par an. Bien que l'ONG Licadho annonce que les cas ont diminué de moitié, il est difficile d’obtenir des statistiques précises tant la discrétion et le silence prévalent après ce type de violence.

A cela s’ajoute la difficulté pour les autorités d’identifier les responsables ou instigateurs et, l’impossibilité de mettre aux arrêts une foule de plusieurs dizaines, parfois plusieurs centaines de personnes… Chev Chenda déclare avoir mis peu d’espoir en la justice et en la possibilité de voir un jour les coupables punis : « Si j’avais un peu d’argent, je pourrais payer les frais de justice et avoir un peu d’espoir mais je ne peux pas, les assassins de mon mari resteront probablement impunis. » La jeune veuve avait raison, en 2020, six ans après les faits, les auteurs n'ont pasété inquiétés.

Traduit par Pagnawath Khun. Rédigé en français par Christophe Gargiulo

Avec l’aimable autorisation de RFA.

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