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Santé & Coronavirus : Résultats surprenants du Cambodge dans la gestion de la crise

Dernière mise à jour : 29 avr. 2020

Bataille à long terme

Lors de son dernier point de presse hebdomadaire en compagnie des officiels du ministère de la Santé cambodgien, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que le Cambodge devait se préparer à une « bataille à long terme », car la menace du nouveau coronavirus ne serait pas prête à disparaître de sitôt. Ce lundi, le ministère n’a signalé aucun nouveau cas d’infection au Covid-19 et cela fait quinze jours consécutifs sans nouvel incident.

Le bilan national reste à 122 cas, avec 119 guérisons, seuls trois patients sont en cours de traitement à l’hôpital.

Vendeuse de soupes à Phnom Penh. Photographie VOA

Lors de la conférence de presse, le ministre S.E. Mam Bunheng a déclaré qu’il convenait de « rester prudent en raison des risques de contamination communautaire, une possibilité pour laquelle une grande vigilance est requise ». Mme Ou Vandine, secrétaire d’État au ministère de la Santé, a annoncé que le coronavirus est susceptible de se propager très rapidement et appelle, elle aussi, la population à rester vigilante bien qu’il n’y ait aucun nouveau cas de signalé. « Nous sommes toujours dans une situation préoccupante, nous devons rester vigilants comme toujours », a-t-elle souligné. La représentante de l’Organisation mondiale de la santé, Dr Li Ailan, a déclaré que le Cambodge était probablement au « début » de la lutte contre la pandémie, appelant le Cambodge à être prêt pour une « bataille à long terme ». La représentante a annoncé que le retour à une activité normale des entreprises et des institutions comporte cinq conditions essentielles :

  • Le contrôle des nouvelles transmissions

  • La préparation du système de santé publique

  • La réduction du risque de nouvelles flambées

  • Les mesures de prévention sur le lieu de travail

  • Le contrôle des cas venant de l’extérieur

« Pour aller de l’avant, nous discutons actuellement de la possibilité de lever les restrictions sur certaines entreprises, il est impératif de prévenir les risques de cas importés et également ceux de transmission locale », a-t-elle déclaré.

Suivre les recommandations

Dr Ailan a ajouté que la population cambodgienne doit continuer à maintenir la distance sociale et suivre les recommandations d’hygiène, même s’il n’y a pas de nouveaux cas. Dr Laurence Baril, directeur de l’Institut Pasteur du Cambodge, a demandé aux citoyens de s’adapter à la nouvelle « situation normale », ajoutant que le non-respect des consignes de santé et de sécurité pourrait entraîner une deuxième vague d’infections.

« Je pense qu’il est important de comprendre qu’il n’y aura pas de retour à la normale, même si nous n’avons aucun nouveau cas », a-t-elle déclaré.

Vendredi dernier, le Premier ministre Hun Sen a également appelé ses compatriotes à redoubler d’attention face à la menace du COVID-19. « Au cours des derniers jours, même si le taux d’infection n’est pas aussi élevé que dans d’autres pays, et que le nombre de patients guéris a augmenté, nous devons redoubler d’attention, car il n’y a pas encore de médicament pour traiter cette maladie contagieuse », a-t-il déclaré sur sa page officielle Facebook. « Sauf si cela est nécessaire, ne sortez pas ou n’allez pas dans les endroits très fréquentés, sauf le chef de famille ou celui qui doit le faire », a-t-il souligné, ajoutant :

« Veuillez transformer vos inquiétudes et votre peur en une vigilance quotidienne, et respectez les règles d’hygiène préconisées »

Tests

Les chiffres du ministère indiquent que 11 576 tests ont été effectués depuis janvier, contre 9 792 tests la semaine dernière. Cela montre que seulement 1 700 tests ont été effectués la semaine dernière, malgré la capacité de réaliser jusqu’à 600 tests par jour. Ly Sovann, porte-parole du ministère de la Santé, a déclaré que le Cambodge effectuait 723 tests par million d’habitants, qualifiant ce taux de « modérément élevé ». Il a ajouté que le Cambodge disposait de « systèmes d’alerte précoce » pour détecter les infections potentielles.

« Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucune augmentation inhabituelle de la maladie respiratoire », a-t-il précisé. « Nous n’avons pas de transmissions communautaires. »

Dans la rue

Duong Sreypov, une vendeuse de café dans le district de Daun Penh à Phnom Penh, indique qu’elle a rouvert son étal la semaine dernière parce qu’elle pense désormais qu’il n’y a pas de problème avec la maladie. « Je pense que la situation est assez sûre. Mes clients m’ont demandé de revenir », dit-elle, ajoutant qu’elle avait fermé son stand depuis le 1er avril 2020. Mais Pin Nary, une vendeuse de nouilles et de bobor, déclare qu’en dépit des inquiétudes concernant le virus, elle n’a pas d’autre choix que d’ouvrir son étal. Cela est dû à la pression financière que subit sa famille. « Nous avons dépensé tout notre argent et nous avons peur de perdre des clients », dit-elle.

«Je crains que cela se reproduise. Quand je vais au marché, je porte toujours un masque et une protection.»

Résultats surprenants

Dans un contexte régional, le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam et le Laos ont surpris de nombreux experts de la santé en enregistrant des chiffres bien inférieurs à ceux initialement attendus lors de la montée en puissance de l’épidémie. Et, même s’il est très probable que les tests COVID-19 dans la région ont été relativement beaucoup plus faibles que dans d’autres systèmes de santé, comme en Europe et aux États-Unis, le nombre de cas reste encore très bas. Selon le ministère de la santé respectif de chaque gouvernement, au cours du weekend, les trois pays, avec une population totale de 180 millions d’habitants, ont enregistré moins de 3 200 cas signalés et un total de 50 décès.

Pour quelles raisons ?

Si la presse étrangère s’est focalisée sur l’exemple du Vietnam, peu de journalistes ont cherché à comprendre pourquoi le Cambodge s’en sortait aussi bien, car plus occupés à tirer à boulets rouges sur les décisions du gouvernement. À prendre au conditionnel, mais de très récentes études de l’armée américaine semblent démontrer que le virus diminuerait considérablement sa durée de vie avec la chaleur et l’humidité. Aussi, le port du masque est une habitude plutôt bien ancrée chez les Cambodgiens qui l’utilisent régulièrement, y compris en des temps normaux. L’étude américaine confirme également que, contrairement à ce qui a pu être dit, le port du masque est relativement efficace. Ce n’est pas la protection imparable, mais le port du masque contribue largement à minimiser les risques de transmission. Le Cambodge n’est pas non plus un pays où on se fait quatre fois la bise, où la poignée de main n’est pas non plus le salut le plus utilisé, il y a donc des attitudes de distanciation sociale déjà existantes. Donc, déjà trois facteurs qui pourraient expliquer le peu de contamination interne, l’essentiel des infections ayant été importé. Aussi, les grandes entreprises tant étrangères que locales ont rapidement réagi en augmentant de façon drastique leurs pratiques d’hygiène parmi leur personnel et leur clientèle. On ne le souligne pas, mais il y a aussi énormément de communication sur les écrans géants dans la rue, sur les réseaux mobiles, à la radio et à la télévision. Les ONG d’urgence et de proximité se sont employées à distribuer rapidement masques et gels alcooliques, en particulier dans les quartiers pauvres de la capitale et, des initiatives privées ont permis de récolter des fonds pour supporter le personnel soignant et les familles dans le besoin. Les mesures de confinement partiel, fermeture des écoles, les quarantaines imposées pour les travailleurs migrants et la fermeture partielle des frontières seraient peut-être aussi à mettre au crédit de la situation actuelle du Cambodge face à la pandémie.

Tout cela reste au conditionnel tant le virus et son comportement demeure encore mal connu, y compris par les scientifiques les plus chevronnés. D’autres prendront des raccourcis en avançant que les chiffres officiels ne traduisent pas la réalité. Peut-être, mais dans quelle mesure ? Car il est strictement impossible de tester la totalité de la population et cela n’est pas non plus exclusif au Cambodge. Aussi, des spécialistes vietnamiens avancent que la contamination réelle est toujours au-delà des chiffres officiels en raison d’une espérance de vie faible du virus et qu’il peut exister des « porteurs sains » pour quelques heures. « En clair, vous pouvez avoir été porteur du virus sans le savoir et vous n’êtes pas tombé malade en raison de votre bonne santé, et vous ne serez pas recensé », explique l’un d’entre eux.

Envisager une reprise

Un rapport du ministère du Tourisme indique qu’au 17 avril 2020, 2 698 hôtels, maisons d’hôtes, restaurants et agences de voyages ont dû fermer leurs portes. Certains pensent que les conséquences économiques liées aux restrictions sont susceptibles de causer des dégâts conséquents sur le tissu économique du royaume. Vrai, le Cambodge n’a pas encore enregistré un seul décès et aucun nouveau cas depuis le 12 avril, mais ceux qui ont perdu leur emploi ou vu leur entreprise subir une forte baisse d'activité peuvent s’interroger sur les restrictions. Toutefois, en dehors de la fermeture de certains établissements tels que Karaokés, cinémas, des restrictions de voyage ponctuelles, et la fermeture des écoles qui peuvent perturber l’activité et les revenus des familles, le royaume reste dans un environnement de restriction assez souple qui permet le maintien d’une activité minimale. Les officiels de la santé et les responsables politiques cherchent et prennent des décisions difficiles avec la volonté de maintenir l’équilibre entre les besoins économiques et sanitaires du Royaume. Et cela reste un exercice périlleux qui n’est pas non plus exclusif au Cambodge. Il semble toutefois, au vu des signes de stabilisation de la crise sanitaire, que le développement du virus au cours des prochains mois deviendra un test décisif pour les entreprises qui envisagent de reprendre une activité normale et même de poursuivre/reprendre leurs investissements. Les entreprises de tourisme et de restaurations les plus implantées ont choisi dès le début de la crise de ne pas baisser les bras en adaptant leur offre et en communiquant sur les mesures de sécurité. Elles ont également pris des initiatives pour réduire leurs charges fixes, ont négocié des moratoires ou échelonnements avec leurs banquiers et, pour de nombreuses entreprises étrangères, ont multiplié les réunions et débats avec les organismes très actifs comme Eurocham, Amcham, Brittcham… la Fédération du Tourisme du Cambodge, l’Association des restaurateurs et quelques autres qui constituent une force de consultation non négligeable avec le gouvernement royal du Cambodge qui, contrairement à ce que laissent entendre certaines rumeurs, reste très à l’écoute de la voix du secteur privé. Pour ceux-là, l’attitude est claire : Maintenir l’activité, même si cela implique des sacrifices, sans compromettre la sécurité du personnel et des clients et préparer l’après Covid-19. Sur cet “après Covid 19”, là encore, il est difficile de tirer des pronostics. Les économistes prédisent une trajectoire en U, c’est-à-dire une chute de l’activité, une stabilisation assez longue et une reprise. Localement, le gouvernement est moins d’accord en prévoyant une reprise en V, c’est-à-dire une chute suivie d’une reprise quasi immédiate. Là aussi, personne ne lit dans le marc de café et la situation économique cambodgienne dépendra en grande partie, au moins pour le tourisme et le textile, de la conjoncture internationale, de la situation du virus, et des évolutions concernant la possibilité d’un vaccin. L’industrie du vêtement est malheureusement aussi gravement touchée par la pandémie. Jusqu’à présent, 130 usines ont soumis des avis de suspension et cela affectera jusqu’à 100 000 travailleurs, a déclaré un porte-parole du gouvernement la semaine dernière. Pour le deuxième trimestre de cette année, les exportations de vêtements et de chaussures devraient enregistrer une chute d’au moins 50 % en raison de la baisse de la demande. Face à cela, le gouvernement royal a pris des mesures de soutien de l’industrie en garantissant un salaire. Des négociations sont en cours avec les grandes marques, entre les représentants du secteur et le gouvernement royal du Cambodge, mais il est encore trop tôt pour savoir quels en seront les résultats. À rappeler toutefois que le secteur, tout comme celui du tourisme à Siem Reap, était déjà en état d’alerte suite au retrait du régime préférentiel “Tout sauf les Armes”. Le Cambodge a donc choisi une politique mesurée vis-à-vis de la pandémie en n’oubliant pas toutefois de se doter de la possibilité de décréter l’état d’urgence, si décrié avant même son application, en privilégiant la coopération avec l’OMS et d’autres partenaires internationaux et en cherchant à éviter d’appliquer des mesures extrêmes telles confinement total ou fermeture intégrale des frontières. CG

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