Rencontre avec Ophélie Choisy : Parcours inspirant d’une spécialiste des ressources humaines entre La Réunion, Paris et le Cambodge
- Christophe Gargiulo
- il y a 4 heures
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Dans cette interview intimiste, Ophélie Choisy (Convergences) revient sur son parcours riche et atypique, de ses racines à La Réunion à ses études et premières expériences à Paris, jusqu’à son installation au Cambodge. Spécialiste des ressources humaines, elle partage ses motivations, défis et réussites dans un univers professionnel en constante évolution, ainsi que sa vision du marché local au Cambodge. Une rencontre pleine d’enseignements et d’optimisme sur le changement, l’adaptation et la richesse culturelle.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots
Je m’appelle Ophélie, Ophélie Choisy. J’ai 34 ans, je suis née et j’ai grandi à l’Île de La Réunion. J’ai quitté l’île à mes 18 ans, juste après le bac, pour poursuivre mes études supérieures à Paris.
Mon idée initiale était d'effectuer cinq ans d’études, puis de revenir à La Réunion. Mais, finalement, au fil du temps, j’ai changé plusieurs fois de parcours : j’ai commencé par un BTS, puis je suis retournée à l’université, où j’ai obtenu deux licences avant de me spécialiser en ressources humaines avec une licence et un master.
J’ai quitté les études assez tardivement, mais j’ai suivi ce cursus en alternance, ce qui m’a permis d’acquérir une expérience professionnelle dès mes études.
Pourquoi La Réunion ?
Ma mère est d’origine réunionnaise, mon père est parisien. Ils se sont rencontrés tous deux à Paris, où ils travaillaient au ministère de l’Intérieur en tant que fonctionnaires. En entendant parler à ma mère de La Réunion, ils ont décidé de s’y installer ensemble, et ils ne sont jamais revenus à Paris depuis. Pour mon père, quitter la Réunion est tout simplement inimaginable.
Quel a été votre premier emploi ?
Mon premier emploi a été au sein du groupe d’éducation privée IONIS. J’ai en fait fréquenté trois écoles de ce groupe : l’école de mode, l’école de commerce traditionnelle, puis une école d’ingénieurs.
À ce poste, j’étais responsable du service pédagogique, notamment en ce qui concerne les étudiants, mais j’avais aussi la responsabilité de la partie RH contractuelle des professeurs : établir les contrats, gérer les congés, suivre toute la vie administrative des collaborateurs.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est une spécialiste en ressources humaines ? Quelles sont ses missions en entreprise ?
Contrairement aux clichés populaires, les ressources humaines ne se limitent pas à faire passer des entretiens ou à gérer sanctions et récompenses.
Dans ma fonction, il s’agissait de suivre intégralement le parcours des collaborateurs, de la signature du contrat à la formation, en passant par les suivis administratifs réguliers. C’est un rôle beaucoup plus vaste et stratégique.
Est-ce une vocation ? Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
Je pense que, d’une certaine manière, c’est une vocation. J’ai commencé par un BTS d’assistante de manager, pensant naïvement que les ressources humaines n’étaient qu’une forme raffinée de secrétariat. Ce n’est qu’avec l’expérience que j’ai découvert la richesse de ce métier.
Après des tentatives en droit, sciences politiques et communication qui ne m’ont pas convaincue, j’ai travaillé en parallèle dans la restauration rapide, où j’ai évolué jusqu’au poste de manager, puis de directrice de filiale. Cependant, sans le diplôme adéquat, j’avais peur de rester coincée dans ce secteur. C’est pourquoi j’ai décidé de reprendre des études en ressources humaines pour viser des postes à plus grande échelle, dans des industries diverses.
Donc c’est votre expérience chez McDonald’s qui vous a donné envie de continuer dans les ressources humaines ?
Exactement. Cette expérience m’a donné l’envie de poursuivre dans ce domaine, particulièrement dans la gestion opérationnelle du personnel, que j’ai toujours beaucoup appréciée : organiser les plannings, suivre les équipes, former les collaborateurs, gérer leur intégration.
Comment avez-vous découvert le consulting RH ?
Après mon école d’ingénieurs, j’ai intégré un cabinet de consulting IT. Là, j’ai appris ce métier en devenant HR VP, c’est-à-dire responsable du suivi des collaborateurs. Je ne gérais pas les recrutements, cela appartenait à l’équipe recrutement. Mon rôle était de suivre les salariés une fois intégrés, d’assurer les formations, les augmentations, et la conformité RH. C’était passionnant de garder un lien avec des collaborateurs placés chez différents clients.
Pouvez-vous nous parler de votre expérience en post-acquisition au niveau international ?
J’ai rejoint une entreprise française récemment rachetée par un groupe italien. En tant que DRH, j’ai dû piloter pendant deux ans une politique de changement : expliquer aux équipes françaises les nouvelles règles imposées, tout en faisant comprendre aux Italiens les spécificités françaises.
Nous étions une centaine de collaborateurs entre la France et la Tunisie, et en contact régulier avec des équipes RH en Italie et au Royaume-Uni. Cette expérience internationale a renforcé mon désir de travailler à l’étranger.

Qu’est-ce qui vous a poussée à venir travailler au Cambodge ?
Avec trois amis, tous cadres supérieurs, nous cherchions à changer de vie. Nous avons dressé une liste de critères : climat ensoleillé, environnement anglophone, absence de quarantaine pour nos chats.
Après avoir écarté plusieurs destinations, il ne restait que Dubaï et le Cambodge. Le Cambodge, bien que surprenant, nous a séduit, notamment grâce au soutien de la famille d'un de nos amis sur place.
Quelles ont été vos premières impressions à votre arrivée ?
Respirer un air plus pur, malgré la pollution, après une vie parisienne intense. J’avais déjà envisagé l’international, notamment via des concours au ministère des Affaires étrangères. Je pense que j’attendais simplement le bon moment pour partir.
Comment avez-vous rapidement trouvé un emploi ici ?
Par un heureux hasard lors d’un appel à Paris : j’ai mentionné mon départ, et une connaissance m’a rapidement mise en contact avec des professionnels au Cambodge, dont Denis Barre de Convergences. Deux semaines plus tard, j’ai rencontré le PDG de Lagardère Travel Retail au Cambodge, Stéphane Piccard, et j’ai commencé à travailler une semaine après dans le cadre de leur partenariat avec Techo International Airport.
Pouvez-vous décrire votre mission actuelle ?
J’étais la seule RH au début, chargée d’un recrutement massif pour constituer une équipe qui est passée en quelques mois de 4 à plus de 100 collaborateurs. J’ai veillé à la conformité légale des contrats et politiques RH en partenariat avec Denis et des experts locaux.
Aujourd’hui, ayant recruté un directeur RH, je me concentre davantage sur l’organisation globale en vue de l’ouverture prévue le 9 septembre.
Quel est le plus grand défi de ce projet ?
Le plus beau défi a été de recruter dès le départ toute une équipe qui incarne les valeurs de la société. Travailler avec Denis est un vrai plaisir : sa disponibilité et son esprit de collaboration ont été et demeurent précieux.
Comment percevez-vous le marché local des ressources humaines ?
Il existe une concurrence, mais la qualité diffère beaucoup. Beaucoup d’agences se contentent de diffuser des CV sans suivi sérieux. Nous cherchons à nous démarquer par un réseau régional efficace et une approche personnalisée.
Quelles activités pratiquez-vous en dehors du travail ?
J’ai découvert le Pickleball grâce à un groupe local. Au Cambodge, il est facile de rencontrer des gens et de s’adonner à de nouvelles activités, même si en ce moment, mon emploi du temps est chargé par l’ouverture prochaine de Techo International Airport.
Comment vous déplacez-vous ici ?
Je n’ai pas encore acheté de voiture. J’adore les tuk-tuks, qui donnent une sensation de manège. J’aimerais un scooter pour le weekend, mais ce n’est pas sans risques : plusieurs collègues ont eu des accidents de moto. Je préfère donc prendre mon temps.
Qu’est-ce qui vous plaît le moins au Cambodge ?
L'absence de McDonald’s (rires). Plus sérieusement, il est difficile de se déplacer à pied au centre-ville, car les trottoirs sont peu nombreux ou encombrés. Il faut souvent utiliser tuk-tuks ou vélos-cyclos.
Et qu'appréciez-vous le plus ?
J’aime beaucoup la présence de l’eau, le Mékong, avec ses bancs de sable, qui me rappellent un peu La Réunion.
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