Prey Chan & Témoignages : Des villageois cambodgiens encerclés par les barbelés thaïlandais
- Youk Chhang
- il y a 4 heures
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Le 27 septembre 2025, une équipe du Centre de Documentation du Cambodge s’est rendue à Prey Chan, un village situé dans la province de Banteay Meanchey, pour recueillir les témoignages de villageois dont les maisons et terres ont été entourées de fils barbelés posés par les soldats thaïlandais. Ces événements marquent une escalade dans un conflit frontalier latent entre la Thaïlande et le Cambodge, provoquant une profonde inquiétude chez les habitants.

Un village encerclé : récit des habitants
Les soldats thaïlandais ont commencé à poser des barbelés autour des maisons et des terres agricoles de Prey Chan dès le 12 août 2025, après avoir effectué une première installation similaire dans le village voisin de Chouk Chey la veille. Trois villageois, une femme et deux hommes, ont livré leurs témoignages poignants, décrivant la perte progressive de leurs terres et la tension croissante sur place.
Thong Kimleang : un héritage douloureux
Kimleang, 55 ans, ancien chef de village, relate l’histoire de sa famille marquée par les violences du régime Khmer Rouge et des déplacements successifs vers divers camps de réfugiés. Aujourd’hui, il voit sa maison et ses cultures encerclées par les barbelés, avec l’armée thaïlandaise installant des caméras de surveillance à quelques mètres de son domicile. Malgré la douleur, il appelle le gouvernement cambodgien et la communauté internationale à intervenir pour défendre les droits des villageois.
Hul Malis : une vie consacrée à la terre
Son épouse, Hul Malis, gère une petite entreprise locale mais voit ses terres de culture — manguiers, cocotiers, orangers — menacées. Elle décrit le climat de peur provoqué par la présence militaire thaïlandaise, mise en place après le conflit armé survenu fin juillet 2025 et qui fut, selon elle, une surprise pour la communauté locale, jusque-là en paix.
Elle plaide pour le retrait immédiat des barbelés afin que les habitants puissent retrouver une vie normale.
Sam Channak : le témoin de la transformation
Pour Sam Channak, arrivé enfant à Prey Chan, les terres sont l’essence même de la survie et du commerce local. Il relate avoir vu l’évolution paisible du village, qui comptait peu d’habitants à son arrivée, puis subir la guerre et l’occupation militaire de 2025.
Aujourd’hui, il ne peut plus librement accéder à sa terre, dont une grande partie est isolée par les barbelés. Il attend une résolution pacifique du conflit.
Contexte historique et tensions frontalières
Les villageois partagent aussi le lourd passé du site : autrefois camp de réfugiés sur le sol cambodgien, la zone a été un lieu de conflits successifs entre différentes forces avant de devenir une zone marchande entre le Cambodge et la Thaïlande. L’installation des barbelés et la construction de routes et infrastructures par les forces thaïlandaises sont perçues comme une tentative unilatérale d’annexion de territoire, ce qui n’est pas reconnu par le Cambodge.
Appel à la paix et à la justice
Face à ces faits, les villageois expriment leur grande douleur et sollicitent la patience conforme aux conseils du gouvernement royal cambodgien, tout en demandant la solidarité internationale, notamment des Nations Unies et des grandes puissances, pour imposer la loi internationale et protéger les droits fonciers des populations cambodgiennes.
Ils dénoncent également les violences ponctuelles qui se sont multipliées lors des incidents récents et appellent au respect du cessez-le-feu.