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Archive & Portrait : Dj Illest, figure de la vie nocturne phnom-penhoise

Avec la réouverture des discothèques, retour sur quelques personnages de la vie nocturne de la capitale...

Un t-shirt à l’effigie du rappeur 2Pac, un bandana sur la tête, Dj Illest est une figure du monde de la nuit phnom-penhoise, directeur artistique et co-propriétaire des clubs le Pontoon, Epic 1 et Epic 2 et du Palace Gate Hotel.

Ce franco-khmer a commencé à mixer il y a quinze ans, à son retour au Cambodge. Mais il fait partie du mouvement hip-hop depuis bien plus longtemps. Passionné, il est passé du graff, pendant ses années lycée entre la France et le Canada, au mix, pour enfin se lancer dans le management de clubbing, à Phnom Penh.

Portrait :

CM : Parle-nous un peu de ton activité…

Initialement, je suis DJ. Au fil des années, j’ai fait des mixtapes, et j’ai ensuite commencé à faire de l’organisation d’événements. Pendant longtemps c’est resté un hobby, puis c’est vraiment devenu mon cœur de métier. J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont permis d’avoir des opportunités à l’étranger, en Thaïlande, Malaisie, Chine…

J’ai ensuite commencé le management avec le Pontoon, un club que nous avons ouvert, avec des partenaires iraniens, en 2006. À l’époque, le club était sur l’eau. Il a ensuite été déplacé à Koh Pich en 2009. Puis, en 2011, il a ouvert sur terre, au Golden Sorya Mall. Le public touché est plutôt un mix entre une clientèle cambodgienne, des touristes et des expats, donc c’est une clientèle très internationale.

Nous avons trois salles, avec trois styles de musique différents. Depuis, nous avons aussi ouvert le club Epic 1 & Base club, le Duplex que l’on a revendu, mais aussi un hôtel, le Palace Gate, en face du palais royal. Le dernier projet en date, c’est le club Epic 2, dans le complexe Eden Garden.

CM : Tu as grandi entre la France et le Canada. Quand es-tu rentré au Cambodge et pourquoi ?

Ce sont des circonstances familiales qui m’ont porté ici, quand j’avais 20 ans. Ça fait quinze ans que je suis là. J’ai d’abord travaillé avec ma famille, puis, il y a dix ans, j’ai commencé ma propre carrière.

CM : Quand as-tu commencé à mixer ?

J’ai commencé à mixer peu après être rentré au Cambodge. J’étais déjà dans le mouvement hip-hop. Je faisais du graff, et je fais partie d’un groupe de graffeurs en France, les CP5. On graffait dans les terrains vagues, les tunnels de métro… J’ai toujours voulu conserver dans ce que je fais ce bagage hip-hop, ce qui me permet de garder un lien avec mon “ancien monde”, même si, au-delà de ça, je vois toujours mes amis, en France et au Canada. J’avais acheté mes platines en France, mais je les avais laissées là-bas, en venant ici. Au bout d’un moment, je les ai ramenées et, alors que je travaillais pour ma famille, je mixais quand je rentrais, le soir, enfermé dans ma chambre. Au début, je le faisais uniquement par passion, pour moi et pour le plaisir de ceux qui étaient avec moi. Par contre, malgré mon côté hip-hop, le rap ne m’a jamais tenté. Je ne pense pas avoir assez d’inspiration pour écrire des textes !

CM : DJ Illest, d’où vient ce nom ?

Ça vient du superlatif de “ill” en anglais. Ça signifie “le plus malade”. En fait, ça vient d’un morceau de Notorious BIG, Unbelievable, dans lequel il dit “Biggie Smalls is the illest it’s unbelievable”. Et j’ai trouvé que ça sonnait bien en plus d’être “hip hop”.

CM : Est-ce une inspiration pour toi, Notorious BIG ? En as-tu d’autres, dans la sphère hip-hop ?

Oui forcément ! C’est une grande figure du hip-hop. Sinon, Mon t-shirt parle pour moi (il montre son t-shirt 2Pac). Je suis plutôt “old school”, j’écoute beaucoup de vieux rappeurs. Mais bien sûr, je ne suis pas fermé aux nouveaux artistes. Ça fait partie de l’évolution. Il y a du bon et du moins bon, il faut piocher dedans, en tant que DJ. Cependant, j’ai quand même mis ma carrière entre parenthèses ces derniers temps pour me consacrer au management.

CM : Cela ne te dérange pas, justement, d’avoir dû laisser de côté ton activité de DJ ?

Non, cela reste dans mon univers ! Ce n’est pas du tout déplaisant d’organiser le concert d’un artiste que j’aime. Par exemple, je suis plutôt content de pouvoir faire venir Grandmaster Flash, un des parrains du hip-hop. Je programme aussi Cut Killer tous les ans, par exemple.

J’ai eu la chance de programmer mes idoles ! Certains d’entre eux sont même devenus des amis. Mais je mixe toujours, deux soirs par semaine, ça contribue à mon équilibre professionnel, je suis DJ résident au Pontoon.

Cependant grâce à mon réseau DJ, je suis fréquemment invité à jouer à l’étranger, au Japon, Malaisie, France, etc. J’ai par ailleurs monté une branche de DJ du groupe CP5, ici, au Cambodge. J’ai donc une douzaine de DJ cambodgiens qui tournent dans tous les établissements. Trois d’entre eux particulièrement sont devenus très bons, techniquement. Le fait qu’ils soient meilleurs que moi au niveau technique est un aboutissement, pour moi.

CM : As-tu constaté des changements dans ce que l’on peut appeler la “vie nocturne” au Cambodge, depuis ?

Ça a beaucoup évolué, depuis 20 ans, et je constate beaucoup de changements positifs. C’est un privilège de pouvoir participer à la vie de clubbing de Phnom Penh. On est là depuis un moment, avec des établissements qui tournent relativement bien, donc on peut dire que l’on contribue un peu au développement de la vie nocturne, ici ! On est positionné sur deux marchés, le marché international qui est le Pontoon, avec une clientèle plus éclectique, et le marché de la “jeunesse dorée” cambodgienne sur lequel s’axe plus Epic.

Propos recueillis par Adèle Tanguy

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