24/7. Trois chiffres qui définissent l’activité continue des villes asiatiques. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, il y aura toujours un endroit où se restaurer, boire un verre, faire ses courses ou bavarder.
La ville cambodgienne ne déroge pas à cette règle, bruissant sans cesse au rythme imposé par les heures. Ouvriers, étudiants, fêtards, curieux, touristes, noctambules et forains se croisent et se succèdent dans les artères de la ville.
Il n’est guère besoin d’effectuer une vaste déambulation afin d’assister à tout cela : le choix judicieux d’un point d’observation correctement situé garantira une excellente promenade statique.
Ainsi attablé à son café favori, des scènes toutes plus remarquables les unes que les autres se succéderont sans discontinuer. Quelques-unes resteront à jamais gravées dans ma mémoire, comme cette fois où était passé, au ralenti, cet immense camion surchargé : debout sur le toit de la cabine, une femme, droite comme un I et tenant fermement une immense perche de bambou, regard en avant, port hiératique, scrutait la venue du moindre obstacle, ligne à haute tension, branche, câble téléphonique, pour l’écarter d’un geste à la fois vif et sûr à l’aide de sa sarisse.
Ou bien la vision fugace d’un gamin assis à l’arrière d’une voiture et dont le visage souriant, derrière la vitre, avait été subitement éclairé le temps d’une seconde par un rayon de soleil, image inattendue apportant autant de satisfaction que la contemplation d’un clair-obscur caravagesque. Dans ces villes, le quotidien le plus routinier côtoie en permanence l’insolite et l’inattendu. Pour notre plus grande satisfaction.
Par Rémi Abad
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