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Histoire & Indochine : L’épopée du caoutchouc

L’Indochine produisait 10 millions de tonnes métriques de latex en 1931 ; Elle en produisait 130 millions en 1995, et encore bien plus aujourd’hui...

En 1897, le pharmacien Raoul, en mission à Java, adressa des graines d’Hévéa au Jardin botanique de Saigon qui en avait reçu une première fois en 1891, et expérimenté sans résultat.

Les plants furent placés partie aux champs d’essai des Services Agricoles à Ongiem, partie chez quelques colons. À la même époque (1898 — 1899 —, monsieur Belland établit, le premier, une petite plantation d’hévéa, par ses propres moyens, aux environs de Saigon. Cependant, il fallut attendre 8 années pour que cette culture naissante prît consistance, cela malgré des efforts enthousiastes de Capus, directeur Général des Services économiques, de Josseline, Seligman, du Docteur Yersin, Canavaggio, O’Connel, Guèry et enfin Cazeau, Girard et Haffner. L’essor de la création des plantations de Suzannah [1907] et de Xatrach [1908]. Alors, et jusque vers 1918, ce fut l’occupation, en blocs importants, de sols riches, par de grosses sociétés, avec des méthodes rationnelles et des capitaux appropriés.

C’est dans les régions élevées, vallonnées et boisées du Nord et de l’Est que l’effort s’est porté. Là se rencontrent deux types de sols appelés d’après leur couleur : terres grises et terres rouges, toutes deux convenant à l’Hévéa. Les terres rouges, à forte puissante rétentrice de l’eau et leur richesse totale en acide phosphorique et en fer, en font des terres beaucoup plus riches que les grises. L’hévéa y prospère admirablement ; seulement leur éloignement, leur végétation épaisse [forêt de bambou], l’absence de main d’œuvre sur place font que leur exploitation est difficile et exige d’importants capitaux. En 1911, il y avait 4 900 hectares de plantations. L’essor fut remarquable jusqu’à la guerre. La baisse des prix en 1920, 21, 22 signa l’arrêt des extensions, puis l’abandon de beaucoup de petites plantations. La balance se rééquilibra en 1923 et les prix remontèrent fortement en 1925 jusqu’en 1928… A cette date, la production atteignait 10 330 tonnes avec 90 225 hectares, dont 60 % issus des terres rouges. A cette date, les Indes Néerlandaises produisaient 108 000 tonnes… En 1928, les plantations d’Indochine utilisent les services de plus de 80 000 travailleurs indigènes, recrutés pour plus de la moitié au Tonkin.

Les usines de métropole utilisent 68 000 tonnes, mais à peine 5 483 tonnes viennent de l’Indochine… Un gros effort de colonisation a été fourni pour le caoutchouc en Cochinchine, dû en majeure partie à l’énergie et à la ténacité des planteurs. L’administration, elle aussi, a bien rempli son rôle, non seulement par l’aide efficace qu’elle leur a donné, mais en contribuant, elle-même à des recherches sur les hévéas, le latex, le caoutchouc, etc. C’est une fierté pour les Français de Cochinchine de posséder ces grandes plantations de caoutchouc, qui peuvent soutenir la comparaison avec celles des Indes néerlandaises ou de la Péninsule Malaise, par l’organisation et les résultats obtenus.

La production

Les pays asiatiques représentent en 1995 94 % de la production, l’Afrique 4,4 % et l’Amérique du Sud 1,3 % Aujourd’hui, l’hévéa culture fait vivre 8 % de la population de Thaïlande, soit 5 millions d’habitants ! Sur les dernières années, l’accroissement de la production dans la péninsule indochinoise est très spectaculaire : au Cambodge, les arbres ont souffert d’une surexploitation irrationnelle et irrégulière. Néanmoins la qualité des sols est réelle et les exportations sont passées de 25 mille tonnes métriques en 1987 à 44 en 1995. Un protocole franco-cambodgien a été signé pour la réhabilitation de l’hévéa culture. Le Vietnam a profité de l’aide de l’URSS dans les années 75 à 89 et a augmenté considérablement ses surfaces cultivées : de 55 à 95 milles tonnes métriques de 1987 à 1995.

La récolte [industrielle]

Après un délai de 5 à 6 heures, le saigneur ramasse le latex puis le porte au centre de ramassage. Le latex est maintenu dans des seaux puis une citerne et stabilisé à l’ammoniac pour éviter toute coagulation. En usine, la coagulation est obtenue par adjonction d’acide formique au latex.

À la sortie du bac de coagulation, le caoutchouc est généralement traité au laminoir ; équipé de cylindres lisses ou cannelés. Le séchage pendant plusieurs heures intervient ensuite, le plus souvent en fait par fumage dans des bâtiments prévus à cet effet. Les feuilles de caoutchouc sont ensuite compressées en balle de 250 livres [113 kilos].

Usage du caoutchouc naturel

Par ses propriétés d’élasticité, de résistance à l’usure et à la chaleur, le caoutchouc naturel se révèle toujours indispensable dans de nombreux domaines tels que l’aéronautique, la mécanique, le domaine médical, les adhésifs, etc.. Cependant, le secteur du pneumatique représente à lui seul 70 % de l’utilisation du caoutchouc naturel dans le monde.

L’hévéa, culture

La culture de l’hévéa Brasilensis est particulièrement bien adapté à une température de 25 ° et à des hauteurs pluviométrique de 1800 à 2500 mm par an. Les zones favorables se situent donc à l’intérieur des zones équatoriales et tropicales. C’est le cas de l’Indonésie et de la malaisie. Les climats de mousson comme en Thaïlande, au Vietnam et au Cambodge, en inde (Kerala) conviennent bien.

L’hévéa, haut de 20 mètres environ, produit en permanence à travers son écorce du latex. Pour obtenir le latex, le saigneur entame l’écorce tendre à l’aide d’un couteau ou d’une gouge suivant une écorce généralement en spirale. La blessure laisse rapidement perler des gouttes de latex qui s’écoulent le long de l’encoche de la saignée. L’ Hévéa peut ainsi “produire” plusieurs jours par semaine, toute l’année ou presque et sur plus de 30 ans. Il faut 8 années entre la plantation d’un hévéa et la récolte du premier latex.

La vie dans une plantation en Indochine

Des planteurs déjeunaient chez Berquel. C’étaient des directeurs de plantations. Ils étaient envoyés en Indochine par leur société, comme des généraux d’armée sont envoyés sur le champ des opérations par leurs gouvernement. Mais ils combattent pour la même cause. Point de rivalités apparentes. On échangeait des résultats. On discutait les cours de caoutchouc, les prix de revient et les salaires. Ces hommes représentaient 30.000 hectares de concessions qui seraient en valeur dans quelques années. Ils avaient gagné ces 30.000 hectares sur la brousse en moins de 20 ans. Conquête qui représentait bien des victoires. On pouvait admirer.

Belin discutait avec Ferraut sur la question du logement des indigènes. Il prétendait que les Tonkinois ou l’Annamite préférait une case individuelle. Il était partisan du village et repoussait le baraquement….

D’après L’Indochine Moderne, Percheron et Teston, 1931. “Le Caoutchouc Naturel”, Economica, 1997. “L’ Épopée du Caoutchouc”, 1927

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