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Lili « Kep » : Une Française guidée par le cœur au Cambodge

Dans la charmante ville côtière de Kep, certains personnages deviennent des repères incontournables, incarnant l’esprit unique de cette destination . Lili, patronne de l’Hôtel de la Plage — un nom qui résonne comme un clin d’œil nostalgique au film de Michel Lang — est sans conteste l’une de ces figures emblématiques qui enrichissent le charme de la région.

Lili, patronne de l’Hôtel de la Plage
Lili, patronne de l’Hôtel de la Plage

Installée sur la terrasse colorée de son établissement, un endroit où chaque objet évoque un voyage lointain ou une touche d’authenticité artistique, Lili se prête volontiers à l’exercice de la confidence.

Elle raconte avec passion ses premiers pas au Cambodge, ce royaume fascinant qui l’a accueillie, tout en partageant les péripéties de son parcours professionnel assez étonnant.

Le lobby de l’hôtel
Le lobby de l’hôtel

Lili évoque aussi son regard tourné vers l’avenir, où chaque nouvelle idée se conjugue avec la volonté sincère de préserver l’âme singulière de son hôtel. Car avec Lili, ni le temps ni les horizons ne marquent une fin : l’aventure est un perpétuel recommencement, vibrant au rythme d’une passion intacte pour ce lieu et ses habitants.

La terrasse de l’hôtel
La terrasse de l’hôtel

Interview

Parlez-nous un peu de vous

Je suis Française originaire des Ardennes, au nord de la France, je porte naturellement un tempérament bien particulier du Nord. Travailleuse, conviviale, un peu exploratrice, c’est ainsi que je me définirais. Je viens de la ville de Rimbaud, Charleville-Mézières.

Nous avons été baignés dans le goût du voyage très tôt, dès l’école.

Venez-vous d’une famille nombreuse ?

Non, pas du tout. Je suis issue d’une petite famille, décomposée, déchirée. Ce n’était donc pas difficile pour moi de partir. Dès mes 18 ans, j’ai commencé à vouloir voyager. Dès que je travaillais, c’était uniquement pour me payer un billet d’avion et découvrir le monde.

Quel fut votre premier voyage ?

Au Sénégal, en Afrique. Pourquoi le Sénégal ? Je ne sais pas vraiment pourquoi. Les billets n’étaient pas très chers et ce n’était pas si loin de la France. Je voyageais uniquement pendant mes vacances scolaires, puisque j’étudiais.

Quel type d’études ?

J’ai fait du droit. Une maîtrise en droit, puis un doctorat en sciences politiques, appliquées aux relations internationales avec l’Afrique. Un diplôme d’études spécialisées, un DESS comme on appelait cela à l’époque.

C’est intéressant, paradoxal avec votre activité actuelle, non ?

Tout à fait. Je me voyais davantage dans la diplomatie et les relations internationales. D’ailleurs, j’ai travaillé dans des associations internationales comme le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), équivalent de SOS Racisme mais plutôt orienté à gauche.

Les perles, la première activité de Lili
Les perles, la première activité de Lili au Cambodge

Et vos voyages autour du monde ?

Au début, beaucoup en Afrique de l’Ouest, surtout parce que je suis tombée amoureuse là-bas. Je suis une grande romantique. Je suis donc venue plusieurs fois au Sénégal, puis vers 30 ans, avec mon ex-mari, nous avons commencé à voyager plus en Asie, toujours dans le cadre de Lili Perle, l’entreprise que nous avons créée pour changer de vie.

Pourquoi ce changement ?

Nous avions le sentiment d’être écrasés par le système français. Après plusieurs voyages en Afrique, nous avons préparé notre installation en Asie.

Parlez-nous de votre arrivée au Cambodge

Je suis arrivée en 2002, après quelques années de voyages en Asie, principalement en Inde que j’ai beaucoup aimée. L' idée de Lili Perles vient de mon ex-mari. Nous voulions sortir du train-train quotidien, et il m’a suggéré de créer des bijoux, car j’aimais bricoler. Ainsi est née l’idée de dessiner des modèles de perles, de faire appel à des artisans, notamment en Inde, et de vendre notre production sur le marché.

Ce fut un virage complet, non ?

Oui, j’ai quitté mon poste d’enseignante et nous avons vécu en caravane dans un camping pour économiser, un choix motivé par l’esprit de nomadisme et de liberté. J’aime les défis, c’est stimulant.

Revenons sur votre arrivée au Cambodge

Je suis arrivée comme touriste, d’abord à Sihanoukville, une ville qui ne m’a pas séduite, notamment à cause d’une ambiance liée à la prostitution très présente à l’époque. Je voulais un endroit au bord de la mer, alors je suis venue à Kep, qui semblait désuète, nonchalante, mais plus saine.

Il y avait seulement deux étrangers dans la ville à l'époque : Nicolas Strauss et Laurent Vallier, une ambiance très tranquille. Un jour, un garçon de l’orphelinat de l’ASPECA m’a parlé en français et m’a invitée à visiter l’orphelinat. J’ai été profondément touchée par ces enfants, pour la plupart orphelins, et j’ai décidé de parrainer deux d’entre eux. Ce fut le début de mon histoire avec le Cambodge.

l’Hôtel de la Plage

Je me suis installée ans les deux ou trois ans qui ont suivi. Mon ex-mari est revenu avec moi pour découvrir cet endroit et, libre ensemble, nous avons travaillé sur les marchés et préparé notre installation. À Kep, il n’y avait pas d’électricité, alors nous nous sommes installés à Kampot, où nous avons ouvert un magasin très coloré, qui a très bien fonctionné.

Vous avez su vous faire connaître ?

Oui, notamment grâce à une page annuelle dans le magazine « L’écho du Cambodge ». Les gens se demandaient qui étaient ces deux Français qui vendaient des perles à Kampot. Le magasin a suscité beaucoup de curiosité et a bien marché, tout comme nos autres boutiques à Phnom Penh, Siem Reap ou Battambang.

Les employées souriantes de l’Hôtel de la Plage
Les employées souriantes de l’Hôtel de la Plage

Je me souviens parfaitement de nos débuts, lorsque nous proposions des bijoux originaux, délicatement conçus, qui les distinguaient de tout ce qui existait sur le marché. Parallèlement, nous organisions de nombreux ateliers, une initiative qui nous a placés dans une niche quasi inexploitée. Là, nous n’avions absolument aucune concurrence.

Notre clientèle fidèle s’est rapidement constituée parmi ces femmes d’expatriés, souvent accompagnées de maris très pris par leur travail. Elles s’ennuyaient, cherchant un lieu chaleureux pour se retrouver autour d’un café, partager un moment créatif. Ces ateliers ont séduit, rencontré un franc succès, renforçant notre sentiment d’avoir créé quelque chose d’unique.

Puis, est venu le moment charnière : l’arrivée à l’Hôtel de la Plage. Comment cette transition s’est-elle opérée ?

Nous avions établi notre vie à Kep, où nous tenions un magasin sur la route menant au marché aux crabes, un endroit stratégique qui nous permettait d’exprimer pleinement notre créativité. Mais la vie a ses imprévus. Après une séparation avec mon ex-mari, qui a conservé la maison, j’ai dû quitter Kep pour Phnom Penh.

Nous avons vendu cette maison, perdant ainsi notre pied-à-terre dans cette ville chère à mon cœur.

C’est alors que le destin m’a offert une nouvelle chance : un petit espace disponible à l’Hôtel de la Plage. J’ai décidé de le prendre, de le rénover entièrement, et d’ouvrir le magasin Lili Perles. La propriétaire, impressionnée par la transformation et par notre dynamisme, m’a proposé de reprendre l’hôtel lui-même, dont le contrat était arrivé à terme.

Réception à l’Hôtel de la Plage
Réception à l’Hôtel de la Plage

Nous étions en 2010, et depuis ce jour, cela fait aujourd’hui plus d’une décennie que cette aventure extraordinaire se poursuit. Les débuts n’ont pas été sans doutes, certes, mais la localisation était prometteuse et, surtout, j’avais construit un réseau solide au fil des années.

Très rapidement, j’ai réuni une équipe fidèle, issue de mes connaissances et de ma petite famille professionnelle, qui est toujours à mes côtés aujourd’hui.

Cette réussite repose autant sur ce réseau que sur la passion mise dans chaque pierre, chaque détail. On y vient volontiers :

« On va chez Lili » est devenu le mot d’ordre local pour désigner une simple sortie à l’hôtel. Aujourd’hui, j’œuvre à ce que l’on dise plus naturellement « Je vais à l’Hôtel de la Plage », tout en gardant ce lien intime entre ma personnalité et ce lieu qui lui doit tant.

Car au fond, cet hôtel est le reflet de mon âme, construit avec passion, ténacité et une vision profonde qui lui confère une identité forte. C’est cette âme que ressent chaque visiteur, un refuge à la fois chaleureux et authentique, fruit de 12 années d’engagement sans relâche.

C’est mon histoire, racontée à travers chaque pierre de l’Hôtel de la Plage, un lieu où l’élégance rencontre la simplicité et où le rêve devient réalité.

l’Hôtel de la Plage
l’Hôtel de la Plage

Ensuite, le Covid a malheureusement impacté votre activité ?

Pendant deux mois, nous avons dû fermer, et la plupart des étrangers sont partis, mais grâce à une large clientèle cambodgienne, nous avons rapidement rebondi, même mieux que jamais, notamment après la réouverture des routes avant le Nouvel An Khmer.

Quel est le secret pour attirer la clientèle cambodgienne ?

Un accueil en khmer, le fait de parler leur langue, un emplacement privilégié à côté de la place avec un grand parking, des chambres familiales, des prix adaptés, et une bonne qualité de service.

Un menu français, Lili aime à répéter que son hôtel propose l'une des meilleures tables de la ville
Un menu français, Lili aime à répéter que son hôtel propose l'une des meilleures tables de la ville

Vous avez même obtenu la nationalité cambodgienne ?

Oui, un événement qui m’a beaucoup touchée. En 2018, lors de la fête de la mer organisée à Kep, j’ai rencontré des dignitaires cambodgiens. Curieux de savoir qui j’étais, ils m’ont proposé la nationalité cambodgienne ; deux semaines plus tard, je l’avais.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

La retraite approche, et je souhaite céder mon fonds de commerce à mon équipe. Je vais assurer une dernière saison sur place pour les accompagner vers l’autonomie.

Par ailleurs, j’ai un projet qui me tient à cœur : ouvrir une école française à Kep, homologuée et professionnelle, pour encourager les familles dynamiques à venir s’installer ici, un besoin crucial car il manque d’infrastructures scolaires.

Quelles sont vos passions personnelles ?

L’autre, l’être humain, est ma grande passion. Malgré tout, j’aime voir le meilleur en chacun de nous. J’adore converser avec toutes les personnes qui viennent ici, découvrir leurs parcours, leurs histoires. À côté de cela, j’aime nager, marcher, rêver.

Vous vous engagez également dans l'humanitaire au niveau local

Au début, je voulais changer le monde à grande échelle par la politique. J’ai vite compris que c’est au niveau local, par des actions de proximité, qu’on impacte réellement. C’est cette philosophie qui guide mon engagement ici.

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