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Photo du rédacteurSuwanna Gauntlett

Le rugissement du progrès : La réintroduction des tigres, un signe d'espoir pour le climat, les forêts et les communautés autochtones

La réintroduction prochaine des tigres dans la forêt des Cardamomes est plus qu’un simple espoir pour la conservation de la faune ; c’est une promesse de progrès dans notre lutte contre le changement climatique, pour la préservation de nos forêts et pour la protection des communautés autochtones.

Depuis des siècles, le tigre est un symbole de force et de résilience. Son retour attendu dans la forêt des Cardamomes témoignera des efforts dévoués de nombreuses parties prenantes, notamment le gouvernement indien, la Wildlife Alliance, le gouvernement cambodgien et les populations locales. Cependant, cette initiative ne vise pas seulement à sauver une espèce du bord de l’extinction. Elle représente une approche intégrée de la conservation qui profite à l’environnement et aux personnes qui en dépendent.

L’Inde enverra cette année quatre tigres au Cambodge dans le cadre d’une tentative historique de faire revivre la population de grands félins du royaume.

La dernière observation d’un tigre au Cambodge remonte à 2007 et l’espèce a été déclarée « fonctionnellement éteinte » en 2016. Ces nouveaux venus seront acclimatés dans un enclos de 90 hectares à l’intérieur de la forêt des Cardamomes avant d’être relâchés dans la nature.

« D’importants préparatifs ont été effectués, notamment l’installation de plus de 400 caméras, la création de 16 postes de gardes forestiers et la mise en place de dispositifs de surveillance pour assurer la sécurité des tigres et celle des villages voisins. »

La déforestation et le braconnage ont dévasté les populations de tigres dans toute l’Asie. Le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam ont tous perdu leurs populations de tigres indigènes, tandis que le Myanmar ne compterait plus que 23 tigres à l’état sauvage. En Inde, la population de tigres sauvages dépasse aujourd’hui les 3 600 individus, grâce à une campagne de conservation massive.

Les forêts sont les poumons de notre planète, absorbant le dioxyde de carbone et produisant de l’oxygène. Les forêts en bonne santé stockent davantage de carbone, ce qui contribue à atténuer les effets du changement climatique. Les Cardamomes, l’une des dernières grandes forêts d’Asie du Sud-Est, jouent un rôle essentiel dans ce processus. En protégeant et en réhabilitant cette forêt, nous contribuons à la lutte mondiale contre le changement climatique. La présence de tigres sera le signe d’un écosystème sain. Leur retour indiquera que les efforts de protection et de restauration de la forêt portent leurs fruits.

La réintroduction des tigres nécessite la préservation de vastes étendues de forêts. Les tigres ont besoin de grands territoires pour prospérer, ce qui signifie qu'il faut protéger de très grandes étendues de leur habitat de la déforestation et de la dégradation
La réintroduction des tigres nécessite la préservation de vastes étendues de forêts. Les tigres ont besoin de grands territoires pour prospérer, ce qui signifie qu'il faut protéger de très grandes étendues de leur habitat de la déforestation et de la dégradation

Cela permet de préserver la biodiversité, d’assurer la régulation de l’eau et de maintenir les services écosystémiques dont dépendent des millions de personnes. Le travail de Wildlife Alliance dans le cadre du programme REDD+ a déjà permis de sauver 1,7 million d’hectares de la forêt des Cardamomes, et le retour des tigres souligne l’importance de poursuivre ces efforts.

« La conservation ne concerne pas seulement la faune et la flore, mais aussi les populations. Les communautés locales qui vivent à l’intérieur et autour des Cardamomes sont les gardiennes de la forêt depuis des générations. »

Leurs connaissances traditionnelles et leurs pratiques durables sont inestimables pour nos efforts de conservation. En protégeant la forêt, nous protégeons également leur mode de vie. Cependant, ces communautés sont fortement menacées par l’accaparement des terres, l’exploitation forestière illégale et d’autres formes d’exploitation. En garantissant leurs droits fonciers et en les associant aux efforts de conservation, nous préservons non seulement leur culture et leurs moyens de subsistance, mais nous renforçons également l’efficacité de nos stratégies de conservation.

Le succès prochain de la réintroduction du tigre illustrera de manière éclatante l'interconnexion de nos défis environnementaux
Le succès prochain de la réintroduction du tigre illustrera de manière éclatante l'interconnexion de nos défis environnementaux

La lutte contre le changement climatique, la protection des forêts et la défense des droits des populations autochtones ne sont pas des questions distinctes ; elles sont profondément liées. Notre approche exhaustive tient compte de cette interconnexion. En abordant ces questions ensemble, nous pouvons créer un avenir durable pour les populations et les espèces sauvages.

Le rugissement d’un tigre dans la forêt tropicale des Cardamomes sera plus qu’un son, ce sera un appel à l’action. Il nous rappellera que lorsque nous nous unissons pour protéger notre planète, nous pouvons réaliser des choses remarquables. La réussite de ce projet montrera qu’avec du dévouement, de la collaboration et un engagement en faveur d’une conservation holistique, nous pouvons inverser le cours des choses pour l’avenir de notre planète.

Alors que nous nous préparons au retour des tigres, engageons-nous également à poursuivre nos efforts pour lutter contre le changement climatique, protéger nos forêts et faire respecter les droits des populations autochtones. Les défis sont grands, mais les récompenses — pour notre planète, pour la faune et pour les générations futures — sont encore plus grandes.

 

Suwanna Gauntlett

Je suis la fondatrice et la directrice générale de Wildlife Alliance, une organisation basée au Cambodge qui met en œuvre une approche directe sur le terrain pour conserver les ressources naturelles et qui combine la gestion des écosystèmes avec le développement d’incitations économiques pour les communautés locales. En tant que protectrice de l’environnement, ma mission est de mettre un terme au trafic d’animaux sauvages et à la déforestation tropicale en aidant les gouvernements à créer des unités de lutte contre le trafic d’animaux sauvages qui interceptent les cargaisons des contrebandiers dans les villes, sur les routes et aux frontières nationales, ainsi que des unités de patrouille de gardes forestiers qui mettent un terme à la destruction au bulldozer des forêts tropicales humides.

« Le gouvernement royal du Cambodge m’a décerné cinq médailles d’or, dont le prix national Mohasereyvat en 2022, le titre de chevalier de Sahametrei en 2016, le titre de chevalier de Sowathara en 2014, le titre de chevalier de Sahametrei en 2004 et le titre de reconstruction et de réhabilitation nationale en 2001. »

Mon travail de protection des gardes forestiers, de lutte contre le trafic d’espèces sauvages, de sauvetage des éléphants et de création de l’équipe de sauvetage rapide des espèces sauvages, la seule unité de lutte contre le trafic d’espèces sauvages à temps plein en Asie, a été présenté sur Discovery Channel par Jeff Corwin dans sa série Planet in Peril et Animal Planet, ainsi que par Anderson Cooper sur CNN.

Mon travail de protection des tigres au Cambodge a été présenté dans le documentaire de la BBC Big Cats About the House. Un chapitre de Unsung Heroes a été consacré à mon travail de protection des espèces sauvages, et j’ai été reconnue comme l’une des 40 héroïnes de la philanthropie de Forbes Asia 2018.

La campagne que j’ai menée avec succès pour empêcher l’exploitation industrielle de la forêt tropicale de Cardamome a fait l’objet d’un reportage sur ABC Nightline, en Australie, lorsqu’un groupe australien prévoyait de défricher 14 981 hectares du corridor des éléphants pour y planter une bananeraie à grande échelle et des usines destinées à l’exportation, sans aucun respect pour les lois locales.

Mon écotourisme communautaire à Chi Phat, au cœur des Cardamomes, fournit des moyens de subsistance à 350 familles d’anciens braconniers d’animaux sauvages et a reçu le Dubaï International Award for Best Practices to Improve the Living Environment (prix international de Dubaï pour les meilleures pratiques visant à améliorer le cadre de vie) décerné par la municipalité de Dubaï.

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