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Cambodge & Arts : Bin Chharann, le maître de la sculpture réaliste

Les deux mains tachées, Bin Chharann regarde fixement un grand morceau d'argile. Dans un élan, il commence à sculpter la masse informe. En un rien de temps, une figure humaine se révèle. De la tête aux pieds, la sculpture semble presque réelle, car elle sourit joliment à l'artiste talentueux.

Une paire de bustes réalistes de Bin Chharan. Photo fournie
Une paire de bustes réalistes de Bin Chharan. Photo fournie

Bin Chharann — qui vit aujourd’hui dans le village de Prey Doeum Thnoeng II, dans le district de Sithor Kandal de la province de Prey Veng — est né dans une famille d’agriculteurs pauvres du village de Porsvay Ming, dans la province de Tbong Khmum.

En raison de la pauvreté de sa famille — et du fait qu’il faisait partie d’une fratrie de huit enfants — à l’âge de sept ans, Chharann n’allait à l’école que la moitié de la journée. Il passait le reste de son temps à chercher des matériaux de récupération qu’il pouvait vendre, ou à vendre du jus de palme dans le village. À l’âge de 15 ans, il a demandé à ses parents s’il pouvait entrer dans la pagode Porsvay Ming et devenir moine.

Parcours

Chharan raconte qu’après deux ans, il s’est retiré de la vie monastique. Il a rencontré un peintre qui travaillait sur les statues de Bouddha dans la pagode, et lui avait demandé de lui apprendre son métier. Il l’a suivi de pagode en pagode, d’un district à l’autre, pendant trois mois, avant d’estimer qu’il avait suffisamment appris pour travailler seul. Il a demandé à ses deux frères aînés de travailler à ses côtés.

Cependant, désireux d’améliorer encore ses compétences en dessin, il est venu à Phnom Penh en 2005, à la recherche d’une école d’art. Malheureusement, il n’a pas pu payer les frais de scolarité, mais a commencé à apprendre ce qu’il pouvait en autodidacte.

Sur recommandation d’une Cambodgienne de Kratie, il est allé étudier à Siem Reap. Il y a appris la peinture, la sculpture sur bois, la sculpture sur pierre et sur argile jusqu’à ce qu’il ait le sentiment de maîtriser son art.

Le sculpteur raconte qu’après avoir obtenu son diplôme de l’école d’art de Siem Reap, il a décroché un contrat de peinture à la pagode de Prey Doeum Thnoeng, dans la province de Prey Veng. Là, il est tombé amoureux d’une jeune femme. Il lui a appris à dessiner. Ils sont maintenant mariés et ont quatre enfants.

Pendant la pandémie de Covid-19, il n’a pas pu aller travailler dans les pagodes, et a commencé à peindre et à sculpter l’argile chez lui.

« Je m’ennuyais beaucoup à la maison, car je suis tellement habitué à sortir et à travailler. C’est alors que j’ai décidé que je devais utiliser toutes les compétences que j’avais acquises pour que les gens connaissent mon travail. À cette époque, j’ai choisi comme source d’inspiration un héros cambodgien, le patriarche suprême de l’époque, Chuon Nath, le père de la littérature khmère », confie-t-il.

Bin Chharan travaillant sur une statue de feu Beat Richner, fondateur de l'hôpital pour enfants Kantha Bopha. Photographie fournie
Bin Chharan travaillant sur une statue de feu Beat Richner, fondateur de l'hôpital pour enfants Kantha Bopha. Photographie fournie

Créativité

Bin Chharann a décidé de s’appliquer à la tâche la plus difficile qui soit, les sculptures réalistes. Selon lui, il reste peu de personnes qui maîtrisent cette technique. Cela signifie qu’il peut demander un bon prix pour son travail, mais aussi que ses normes doivent être élevées.

Pour les sculptures comme les portraits, il facture 800 dollars pour un moule en ciment ou en plastique. Si un client le commande en cuivre ou en bois lourd, cela peut coûter jusqu’à 4 000 dollars.

Une figure humaine entière faite en caoutchouc coûte 2 000 dollars, mais le prix peut monter à 8 000 dollars si elle est en cuivre. Une sculpture en cuivre peut prendre deux ou trois mois, alors que les matériaux plus simples permettent d'achever le travail en un mois.

« Lorsque je sculpte, j’utilise ma créativité et mon imagination, c’est-à-dire qu’avant de commencer, je regarde le matériau devant moi et je reste calme. Lorsque je travaille, je ne pense pas à l’argent, mais à la manière de rendre l’œuvre la meilleure possible. C’est la clé de mon succès », dit-il.

Il sculpte actuellement, à ses frais, un portrait du célèbre philanthrope Beat Richner en cuivre. Beat Richner est le fondateur de l’hôpital pour enfants Kantha Bopha. Oeuvre d’un poids de 30 à 40 kilogrammes dont il fera don à l’hôpital pour enfants Kantha Bopha lorsqu’elle sera terminée.

Actuellement, il ne gagne pas assez d’argent pour mener une vie confortable. Il estime que si le public souhaite soutenir et préserver cet art de la sculpture, il devrait l’aider en achetant ses travaux - ou en lui commandant des sculptures.

Chharann confie qu’à l’avenir, il enseignera ce savoir-faire à la prochaine génération et ne fera pas payer les jeunes qui viendront apprendre auprès de lui. Il souhaite que la prochaine génération de Cambodgiens préserve l’héritage de cet art difficile.

Kim Sarom avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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