L'esprit éternel de l'hôtel Cambodiana : un monument vivant à Phnom Penh
- Voyageuse Passion

- 24 juil.
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S'élevant majestueusement le long des rives de Phnom Penh, l'hôtel Cambodiana est bien plus qu'une simple adresse : c'est une chronique qui retrace les plus grandes aspirations et les luttes historiques du Cambodge.

Au départ, les rêves modestes de Sihanouk se heurtèrent à la réalité économique. Le projet de dix bungalows, esquissé par le roi lui-même, s'avéra irréalisable. C'est Lu Ban Hap qui, sentant le vent de la modernité, a incité le monarque à voir plus grand.
« Un véritable hôtel serait viable sur le plan commercial », a-t-il fait valoir.
Avec le soutien du ministre du Tourisme Ang Kim Khoan et la transformation de SOROTEL en une coentreprise bénéficiant d'investissements de la Banque Nationale du Cambodge, le rêve royal a pris de l'ampleur pour être en phase avec les ambitions de la nation.
Ambitions architecturales : l'identité khmère rencontre la modernité
La conception de l'hôtel est devenue un concours d'identité cambodgienne. Alors que le ministère des Travaux publics privilégiait un gratte-ciel moderniste, Lu Ban Hap, après de longues promenades contemplatives le long du Mékong, a décidé d'honorer la silhouette de la ville avec une structure rappelant les toits khmers des pagodes et des palais.
« Une tour serait un corps étranger », affirmait-il, intégrant la culture cambodgienne dans le béton et les angles.
La construction a commencé en 1966 sur des terrains gagnés sur la mer, l'hôtel étant surélevé sur des piliers afin de profiter de la brise et de la vue sur le fleuve.
Cependant, au fur et à mesure que les plans avançaient, les débats se poursuivaient entre l'architecte et le roi, notamment sur la taille et l'utilité des chambres. Le résultat fut un compromis original : chaque chambre disposait d'un balcon ombragé, et de vastes salons communs étaient aménagés au cœur du bâtiment.
Une grandeur interrompue et des bouleversements politiques
L'hôtel Cambodiana ouvrit son aile nord en 1970, son ambition intacte, mais le pays en pleine mutation. La même année, le général Lon Nol renversa Sihanouk. L'hôtel, symbole naissant du progrès cambodgien, se retrouva transformé : muré, réaménagé en caserne militaire, son gala d'inauguration fut reporté sine die.

Alors que le pays sombrait dans le chaos, le bâtiment devint un refuge, puis, sous le régime des Khmers rouges, il fut abandonné et utilisé de manière intermittente pour stocker des engrais.
Malgré tout, ses piliers sont restés debout, témoins silencieux des années les plus sombres de Phnom Penh, sans jamais être complètement effacés.
Renaissance dans une nouvelle ère
Une nouvelle ère s'est ouverte en 1988, lorsque les investisseurs singapouriens Stephen Lek et Lim Ban Thoon ont réimaginé le Cambodiana. Les traditions ont été respectées : la façade khmère a été conservée, les motifs inspirés des pagodes ont réapparu dans les halls et les chambres, et le parc a de nouveau résonné des voix du monde entier.

Le début des années 1990 s'est avéré être un âge d'or. Diplomates, célébrités et fonctionnaires des Nations Unies ont afflué, et l'hôtel Cambodiana est devenu le quartier général de facto de la reconstruction du pays pendant la période de la PNUAD.
Des personnalités telles que François Mitterrand et Jackie Chan ont honoré ses halls de leur présence...
Héritage et présence durable
En 2005, le flambeau a été transmis au Royal Group of Companies, une entité cambodgienne déterminée à poursuivre l'histoire de l'hôtel. Grâce à des travaux de rénovation, d'agrandissement et de modernisation, le Cambodiana a vieilli avec élégance, préservant son héritage architectural tout en s'adaptant à l'évolution des temps.
Aujourd'hui, l'hôtel n'est pas seulement l'une des résidences les plus prestigieuses au bord du fleuve à Phnom Penh, mais aussi le témoin vivant d'un voyage, de rêves imaginés, reportés et renaissants. Ses plafonds résonnent encore des banquets royaux et des conseils de guerre précipités ; ses salons sont une tapisserie de repas, de réunions et d'événements marquants qui ont façonné le destin du Cambodge.
Se promener dans l'enceinte de l'hôtel Cambodiana, c'est retracer le passé du Cambodge, ses espoirs, ses bouleversements, sa résilience et son renouveau. Dans chaque ligne de toit sculptée et chaque couloir baigné de soleil, l'esprit d'une nation perdure.
Tous les détails historiques et les informations architecturales sont tirés de l'article original de Willimann Cyberhome, d'entretiens avec l'architecte Lu Ban Hap et de documents publics et sources historiques corroborants.







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