top of page
Ancre 1

Infrastructures – Phnom Penh : De l’espoir pour le canal de l’ « eau qui pue »

Le Japon vient d’accorder une subvention destinée à la construction d’une nouvelle station de traitement des eaux usées située dans la commune de Choeung Ek à Phnom Penh.

Les habitations jouxtant le canal


L’eau qui pue – « loo teuk sa-ouy »

L’aide accordée par le Japon s’élève à environ 25 millions de dollars US (2 777 000 000 Yens). Cette prochaine réalisation a pour ambition de traiter les eaux usées de Boeng Trabek et Boeng Tumpun avant d’être rejetées dans le lac Choeung Ek.

A proximité de l'ancienne station d'épuration

A proximité de l’ancienne station d’épuration


Le canal de Boeng Trabek est l’un des endroits les plus affectés par la pollution ménagère et le plastique. Situé dans un vaste quartier commerçant et entouré de plusieurs centaines d’habitations plus ou moins précaires, le canal – surnommé par les Cambodgiens l’eau qui pue – « loo teuk sa-ouy » est régulièrement montré du doigt pour son aspect de décharge flottante à ciel ouvert et ses odeurs pestilentielles.

Santé publique

En période d’inondations, les ordures ménagères disséminées sur la route rejoignent celles du canal et bloquent les grilles de filtration créant ainsi des amoncellements de détritus impressionnants. Outre les problèmes d’aspect – cela n’embellit pas vraiment la ville – les eaux noires-boueuses du canal et les trop pleins d’ordures constituent un véritable problème de santé publique.

Enfant jouant prés d’un étang – dépotoir créé par les eaux usées et l’accumulation des ordures ménagères

Enfant jouant prés d’un étang – dépotoir créé par les eaux usées et l’accumulation des ordures ménagères


Les piles de déchets jouxtant les habitations et pourrissant contiennent des mélanges de bactéries et de produits chimiques, qui se combinent pour produire du dioxyde de carbone et du méthane susceptibles de provoquer certaines maladies. A l’extérieur, ce cours d’eau pollué favorise la prolifération des moustiques et donc des risques de dengue.

Quant au minuscule système écologique qui parvient à survivre dans ce cloaque, quelques plantes, poissons, escargots et petits reptiles, inutile de dire qu’il est prudent d’éviter la pêche ou la cueillette.

Initiatives

Plusieurs associations organisent régulièrement des opérations de nettoyage qui donnent des résultats spectaculaires. Mais, la satisfaction est de courte durée. Au bout de quelques jours, polypropylènes, plastics et canettes reprennent le chemin du canal.

Les membres du groupe environnemental Trash Youth, qui tentent de nettoyer le canal de Boeng Trabek, rêvent de voir un jour Phnom Penh débarrassé de ses ordures et de faire du canal un site touristique de la ville. Toutefois, le manque de moyens et la quantité grandissante de déchets produits par la capitale – plus de 3000 tonnes par jour –  risquent de compromettre ou au moins retarder leur noble ambition.

Petite histoire

Construit entre la fin du protectorat français et les premières années du Sangkum Reastr Niyum, le canal rappelle comment les urbanistes français puis cambodgiens se sont efforcés de transformer un vaste marais en une ville moderne pouvant accueillir plusieurs millions d’habitants.

Bien que moins populaire que les monuments et les larges boulevards coloniaux à la Hausmann, le réseau des canaux et des égouts fut l’une des principales contraintes environnementales de la ville de Phnom Penh dans son développement depuis les années 1950.

Les concepteurs n’avaient peut-être pas prévu les bouleversements urbains qu’allait connaitre le royaume quelques dizaines d’années plus tard. L’inspiration Haussmann ne pouvait augurer de la véritable explosion démographique, quoique…et peut-être aussi des changements de comportement de l’après-guerre. Il n’est pas outrecuidant de suggérer que le sens civique a quelque peu souffert des périodes noires et tumultueuses qu’a connu cette – toujours – belle capitale.

Tentatives

Des dizaines de millions de dollars US ont déjà été consacrés à l’entretien du canal, des réseaux en général et des stations de pompage. En 2002, la Banque asiatique de développement a dépensé 4,7 millions de dollars pour la réhabiliter dans le cadre d’un vaste projet de restructuration du système d’égouts de Phnom Penh.

Démolition de la station de Boeng Trabek

Démolition de l’ancienne station d’épuration de Boeng Trabek


Depuis lors, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a dépensé plus de 100 millions de dollars US pour le réseau d’égouts de la capitale.

Nouvelle aide

La cérémonie de signature de cette nouvelle aide a eu lieu ce jeudi 3 octobre 2019 au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale avec la présence du ministre des Affaires étrangères, Prak Sokhonn, et de l’ambassadeur du Japon, Mikami Masahiro.

En mars dernier, le Premier ministre Hun Sen et l’ancien ambassadeur du Japon au Cambodge, Horinouchi Hidehisa, ont inauguré d’autres projets de construction visant à améliorer les systèmes de prévention des inondations et d’assainissement à Phnom Penh avec une subvention, toujours japonaise, de 36 millions de dollars américains.

Ces projets comprennent l’installation d’un réseau de drainage principal dans les districts de Tuol Kork et de Daun Penh, la construction d’une station de pompage d’eau dans le parc situé devant le Conseil pour le développement du Cambodge et la fourniture de deux camions de pompage mobiles.

En souhaitant que, cette fois-ci, le canal qui pue perde définitivement ses « mille parfums » et ses couleurs bien peu touristiques et non sans risques pour les riverains.

Textes et photographies par Christophe Gargiulo

Merci pour votre envoi !

  • Instagram
  • Facebook Social Icône
  • Gazouillement
  • LinkedIn Social Icône

Accueil   Économie   Tourisme     Culture     Destination     Gastronomie     Sport   Environnement 

bottom of page