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Journée Internationale des Femmes 2021 : Mme de la Souchère, la princesse de l’hévéa

À l'occasion de la Journée Internationale des Femmes de cette année, Cambodge Mag ouvre ses archives et remet à la une quelques-uns des nombreux portraits, interviews et photos de celles qui nous ont aidé à rendre le magazine vivant et attrayant au fil des années.

La Princesse de l’Hévéa
La Princesse de l’Hévéa

S’il y a bien une femme de caractère en Indochine, c’est la marquise de La Souchère ! Planteur dès 1909 à une époque où les femmes sont encore rares à la colonie, elle a réussi l’exploit de forger de ses propres mains l’une des plus vastes exploitations d’Indochine. Ces quelques lignes Extraites du livre “La femme française dans les colonies” de Chivas Baron (1929) et ‘’Dans l’Asie qui s’éveille’’ de Francois de Tessan (1923) lui rendent hommage.

Il y a 20 ans, Mme de la Souchére n’a pas craint de s’installer en brousse indochinoise. Aidée de quelques coolies, elle fit ses premières plantations. Mais, aux 1eres espérances, succédèrent les premières déceptions. L’incendie qui détruisit 50.000 plants d’Hévéas ne la découragea point. Ne la découragèrent pas davantage les énormes difficultés financières auxquelles se heurta sa ténacité. La plantation de la Souchére est, actuellement, un modèle du genre : 2000 hectares en plein rendement, coupés de plusieurs kilomètres de routes. A la place des huttes primitives, de jolies maisons, un village, infirmerie, pagode, chapelle. Tout le confort moderne colonial, toute l’élégance. Tout le progrès mécanique appliqué. Et plus de 250 tonnes de caoutchouc par an.

Dans l’Asie qui s’éveille – 1923 – François de Tessan

En 1910, Mme de la Souchére, ayant décidé de créer quelque chose, et quelque chose de bien, de grand, d’utile, de beau, s’installait dans une modeste paillote autour de laquelle le tigre venait souvent roder. Tout autour d’elle, le fouillis hostile des hauts bambous, la forêt et ses menaces, la solitude. Quand les Saigonnais apprirent qu’une jeune et charmante femme prétendait vivre ainsi à la manière des rudes pionniers, ils crurent à une gageure.. Mais ce n’était point fantaisie de citadine éprise d’une romanesque retraite. Mme de la Souchére, avec une troupe réduite de coolies, élargit peu à peu son domaine. Pour défendre les vergers naissants autour de sa demeure, contre les animaux sauvages, elle était parfois obligés de faire le coup de feu. Cerfs, chevreuils, sangliers, porcs-épics lui rendaient plus souvent visite que les personnes avec lesquelles elle était naguère en relation à Saigon. Pendant des mois et des mois, elle batailla contre la terre et les éléments hostiles. Elle avait juré qu’elle ne reviendrait à la ville que quand les hévéas auraient remplacé.. les énormes bouquets de bambous. Habillé en homme, chaussée de hautes bottes, un large feutre l’abritant contre le soleil, elle exerçait son métier de planteur avec une surprenante autorité. Parlant couramment l’annamite, s’intéressant à la vie de ses coolies, les soignants lorsqu’ils étaient blessés ou malades, elle savait tout obtenir de son personnel.

En 1912, un incendie détruisit 50.000 jeunes arbres ! Mme de la Souchère subit ce désastre sans broncher. Elle recommença la lutte dès le lendemain.. Et enfin, sa constance fut récompensée comme dans les romains moraux. Après 10 années de labeur et d’épreuve de toute sorte, la plantation qu’elle avait dirigé en personne, commença à lui apporter les satisfaction attendues. Quand on se rend de Saigon au Cap St Jacques sur la route coloniale n°2, on aperçoit au kilomètre 53 des maisons rayés de blanc et de noir au milieu des alignements d’hévéas, une jolie demeure blanche à étage qui jette une note gaie dans les terres grises : c’est la plantation de la Souchére. Plusieurs km de routes la parcourent intérieurement. Il y a, sur les 1000 hectares en plein rendement, environ 600 hectares à caoutchouc et aussi une quantité considérable de cocotiers et de bananiers. […]

C’est un Kipling qu’il faudrait pour décrire les épisodes de ce duel entre une femme et la brousse rebelle. Grande est la popularité de Mme de la Souchère en Cochinchine. Elle mérite de dépasser les limites de la colonie. C’est un exemple de vaillance et d’endurance qui doit être connu en France même, pour qu’il serve à nos futures “coloniales”.

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