Exposition : HIGHLANDS par Chhim Sothy- une exploration captivante des communautés ethniques du Nord Cambodge
- Jean-Michel Filippi
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L'équipe de The Gallerist est heureuse de présenter la dernière exposition de l’artiste contemporain Chhim Sothy, - HIGHLANDS - une exploration captivante des communautés ethniques du Nord Cambodge. À travers cette collection, l’artiste nous livre un regard unique sur les traditions, la vie quotidienne et les liens spirituels des minorités des hauts plateaux.
À propos de l’exposition
Les compositions de Chhim Sothy nous sont familières. D’emblée, il apparaît comme le chantre d’un monde traditionnel où se mêlent épopées royales, dont l’inévitable Ramayana, danseuses célestes et vie à la cour d’un Cambodge classique dont il égrène gestualités et superbes parures.
L’oeuvre de Chhim Sothy serait donc enracinée dans une vision de ce monde cambodgien, à la fois hindouisé et bouddhiste, qui a fleuri sur le pourtour du grand lac et le cours du bas Mékong.
Or ce Cambodge se double d’un ailleurs, un autre monde que résume le terme de « hauts-plateaux ». Un monde où perdure une vie tribale à l’écart des civilisations qui ont marqué la péninsule indochinoise.
Il s’agit de populations que les peuples majoritaires de la région ne manquent pas de stigmatiser comme le montre le terme de Phnong qui, outre la désignation de l’ethnie majoritaire du Mondulkiri, se traduira par « sauvage ».
C’est précisément cette « sauvagerie » qui va intéresser notre artiste. Il ne s’agit pas du sauvage, bon ou mauvais, que véhicule l’image d’Épinal. «Sauvagerie » s’entend ici comme l’absence d’état moderne, le village comme cadre principal d’existence, le culte des dieux locaux, la culture sur brûlis et non pas la rizière irriguée, le recours à un animal totem pour symboliser un lignage ou un clan, les sacrifices d’animaux…
Il n’est pas indispensable de poursuivre cette énumération car les toiles de Chhim Sothy nous en proposent une vision bien plus prenante.
Dans ces compositions, l’humain n’est jamais laissé à lui-même, mais est intégré dans un cadre naturel où il est en position adjacente à de superbes représentations animalières. L’animal sauvage ou domestique voisine avec ses représentations totémiques, insistant par-là sur une vision de l’existence où profane et sacré s’entremêlent.
Chasse à l’arbalète, cueillette de fruits et de tubercules ne relèvent plus d’activités autonomes mais d’un grand tout où le sacré a, de fait, le dernier mot.
À cette activité essentielle qu’est le pilonnage du riz, s’affairent autour d’un mortier deux silhouettes féminines entourées de toutes les entités qui sacralisent leur activité : animaux totémiques, jarres, hottes, dessins symboliques.
Les activités sacrificielles sont au rendez-vous avec les jarres à alcool de riz et les gongs indispensables au sacrifice du buffle qui est au cœur de la composition ainsi que de la vie des hauts-plateaux.
La notion d’anthropologie visuelle est à la mode depuis les années 1980 ; en bref, comment représenter par l’image, photo ou film, traditions et modes de vie en mettant de côté la linéarité de l’écriture traditionnelle ?
En une concentration qui évite lourdeur et didactisme, Chhim Sothy inaugure une anthropologie visuelle d’un mode de vie, en conjoignant en une brillante synthèse ses dimensions à la fois holistique et tellement évanescente.
Chhim Sothy – Biographie
Chhim Sothy est un artiste cambodgien contemporain de premier plan, reconnu pour sa fusion distinctive des thèmes khmers traditionnels avec des techniques artistiques modernes. Son travail englobe la peinture, la sculpture et les arts mixtes. Sothy est largement salué pour avoir contribué à la renaissance et à la modernisation de l’art cambodgien.
Né en 1969 dans la province de Kandal, il est diplômé de l’Université Royale des Beaux-Arts de Phnom Penh (RUFA) en 1996. En 1997, il passe une année à Siem Reap au sein des Chantiers-Écoles, un centre de formation professionnelle fondé en 1992 pour préserver et transmettre le patrimoine culturel khmer. Il est actuellement conseiller auprès du Ministère de la Culture et des Beaux-Arts et enseignant à la RUFA.
L’art de Sothy est un mélange fascinant de thèmes cambodgiens traditionnels et de techniques picturales évoquant l’art européen moderne. Son oeuvre constitue un commentaire poignant sur les transformations culturelles qui ont marqué Phnom Penh depuis l’après-régime khmer rouge jusqu’à aujourd’hui.
Ses créations explorent souvent la philosophie bouddhiste, la mythologie cambodgienne et les symbolismes spirituels. Parmi ses sujets récurrents figurent le Bouddha, les apsaras (danseuses célestes) et des scènes tirées du Reamker (la version cambodgienne du Ramayana). Il intègre des éléments décoratifs classiques cambodgiens — motifs complexes, sculptures de temples et iconographie ancienne — qu’il réinvente dans un contexte contemporain.
Sothy mêle des éléments abstraits à des représentations figuratives, permettant ainsi au spectateur d’interagir à la fois avec les dimensions émotionnelles et narratives de son oeuvre. Ses peintures se distinguent par des couleurs riches et saturées — or, rouge et bleu — profondément symboliques dans la culture cambodgienne, renforçant l’atmosphère spirituelle et mystique qui imprègne son travail.
La soirée d’ouverture, en présence de l’artiste, aura lieu le 11 novembre 2025 à partir de 6 pm. Nous vous invitons à venir rencontrer l’artiste et à travers ses œuvres voyager au cœur du Cambodge.
Texte de Jean Michel Filippi
The Gallerist team
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