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Dossier & Pêcheries du Tonlé Sap : Comment les prises augmentent alors que le stock diminue

Lorsque Puth Thavy avait 20 ans, le pêcheur et ses frères et sœurs revenaient chaque jour dans leur village avec trois bateaux pleins de poissons, soit environ 200 kilogrammes. Aujourd’hui, ils peuvent à peine remplir un seul bateau.

« Notre pêche est si mauvaise, je pense qu’elle a diminué de plus de la moitié », explique Thavy, aujourd’hui âgé de 38 ans, alors que lui et sa sœur vendent la prise du jour à un intermédiaire sur une maison flottante au bord de la plaine inondable du Tonlé Sap. « Nous vieillissons, alors que les poissons se font plus rares ».

Deux des huit frères et sœurs de Thavy ont cessé de pêcher, et ont quitté leur ville natale. La famille est originaire du village flottant de Bak Prea, dans la province de Battambang, bien connu grâce à une chanson classique cambodgienne des années 1960, « La fille du pêcheur ». De nos jours, de nombreuses filles du village sont parties pour trouver un meilleur emploi.

Puth Thavy, 38 ans, fait une pause lors d’un déjeuner dominical typique après être revenu de la pêche, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)
Puth Thavy, 38 ans, fait une pause lors d’un déjeuner dominical typique après être revenu de la pêche, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)

L’expérience de Thavy reflète ce que d’autres familles de pêcheurs du lac Tonlé Sap racontent et ce que d’innombrables pêcheurs disent depuis des années. Leurs prises quotidiennes n’ont cessé de diminuer, obligeant nombre d’entre eux à migrer pour trouver un travail saisonnier ou à quitter purement et simplement le secteur. Une analyse des statistiques disponibles confirme que moins de Cambodgiens pêchent dans le pays. Mais d’autres indicateurs révèlent une tendance difficile à croire pour beaucoup :

« Le nombre de poissons pêchés au Cambodge aurait doublé au cours des 20 dernières années »

Comment les rendements totaux de poissons pourraient-ils doubler alors que les familles de pêcheurs locaux sont dans une spirale descendante ? Le magazine en ligne VOA Khmer a analysé des ensembles de données provenant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, de l’Institut national des statistiques et de l’Administration des pêches, et a interrogé des experts en pêche, des fonctionnaires du gouvernement et des familles de pêcheurs locaux pour découvrir ce qui se passe réellement.

Si certains experts se montrent sceptiques face à ces chiffres, un chercheur affirme que les deux tendances sont possibles en raison des pratiques de pêche intensive.

« Les prises peuvent augmenter, et pourtant le stock de poissons, ou la quantité de poissons à un certain moment dans le système, peut diminuer », affirme Jean Christopher-Diepart, chercheur sur les changements agraires dans la région du Mékong, dont l’étude sur la réforme de la pêche au Cambodge a été publiée en 2016. « Ils peuvent augmenter leurs prises, mais pas de manière durable. Les poissons qu’ils attrapent ont pour l’essentiel disparu du système ; ils ne peuvent pas se reproduire. »

La pêche au Cambodge : Ère dorée, dernier refuge

Le Cambodge a longtemps été considéré comme l’une des pêcheries les plus productives et les plus diversifiées du monde grâce à son écosystème unique : les eaux de crue annuelles qui dévalent le Mékong et forcent le lac Tonlé Sap à inverser sa direction, inondant des milliers d’hectares et fournissant un habitat et une nourriture idéaux pour les poissons.

Lors d’une saison des pluies typique, les niveaux d’eau élevés inondent également des zones jusqu’au Viêt Nam. À la saison sèche, lorsque les eaux se retirent, les stocks de poissons abondants sont ramenés dans les principaux plans d’eau tels que le fleuve Mékong et le lac Tonlé Sap, et c’est à ce moment-là que les poissons sont « récoltés ».

Cet écosystème naturel a fait la fortune des familles de pêcheurs comme celle de Thavy. Les Cambodgiens sont parmi les plus gros consommateurs de poisson d’eau douce — chaque Cambodgien mange environ 40 kilogrammes de poisson par an, ce qui représente 70 % de l’apport en protéines animales du Cambodge.

Les chiffres officiels indiquent qu’il devrait encore s’agir d’un âge d’or pour les familles de pêcheurs.

Pêcheries familiales. Photo WorldFish
Pêcheries familiales. Photo WorldFish

Le rendement de la pêche continentale du pays a doublé au cours des 20 dernières années, passant d’environ 250 000 tonnes à plus d’un demi-million de tonnes par an, indiquent les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui utilise les totaux annuels recueillis par les administrations de la pêche des districts et des provinces.

Les responsables cambodgiens estiment que les tendances générales montrent que la pêche en eau douce au Cambodge se porte bien, grâce à « une bonne gestion et à des pêcheurs qui respectent les lois et les règlements ». Les prises de poissons ont principalement augmenté avant 2018, et sont actuellement considérées comme stables. Mais la dernière mise à jour de l’administration des pêches révèle que la pêche a chuté d’un cinquième au cours des deux dernières années.

Une légère baisse en 2020 peut être attribuée aux faibles niveaux d’eau causés par des précipitations inhabituellement faibles dans le bassin du Mékong, explique Hong Hy, directeur du département de l’administration et de la législation de l’administration des pêches du Cambodge.

Zeb Hogan, biologiste spécialiste des poissons à l’université du Nevada à Reno, qui anime l’émission télévisée « Monster Fish » de NatGeo Wild, soutient que la sécheresse et les faibles niveaux d’eau font que le lac Tonlé Sap ne s’étend plus autant qu’auparavant.

« Au cours des trois à cinq dernières années, nous n’avons pas eu les grandes inondations qui contribuent vraiment à la pêche et à l’écosystème », dit-il.

Même les données officielles montrent les conséquences à long terme des faibles niveaux d’eau. La surveillance annuelle des larves de poissons par l’administration des pêches révèle la relation entre les niveaux d’eau et les prises de poissons. En bref, il indique qu’en cas de faible niveau d’eau, comme lors de la sécheresse de 2019, lorsque les pluies ont eu deux mois de retard, les prises de poissons sont moins importantes et la diversité des prises est moindre. Les pêcheries Dai — les pêcheurs qui utilisent un chalut stationnaire et de longs filets dans la rivière Tonlé Sap pour capturer les poissons migrateurs — ont vu une baisse de la diversité, avec 10 espèces constituant 90 % des prises.

Zeb Hogan, biologiste spécialiste des poissons à l’université du Nevada à Reno, qui anime l’émission télévisée « Monster Fish » de NatGeo Wild
Zeb Hogan, biologiste spécialiste des poissons à l’université du Nevada à Reno, qui anime l’émission télévisée « Monster Fish » de NatGeo Wild. Photo Post

Cette baisse de la diversité a été remarquée par les pêcheurs. Quand Thavy était jeune, il ne s’attendait pas à connaître une pénurie de poissons. Mais au cours des dernières années, il a commencé à remarquer que certaines des espèces qu’il connaissait dans son enfance avaient disparu.

« Je ne vois plus la tête de serpent géante (Trey Diep) depuis un moment », raconte-t-il. « Ils ont complètement disparu. Le serpent à quatre yeux (Trey Kanhchorn Chey) a également disparu. Maintenant, nous ne voyons que des poissons plus petits ».

Hogan souligne que la pêche au Cambodge repose désormais largement sur des espèces plus petites, comme le célèbre Trey Riel, ou carpe de boue siamoise, un petit poisson résistant à la surpêche.

« La population de gros poissons a diminué, mais la population de Trey Riel est restée extraordinairement stable », clame M. Hogan.

« Le Trey Riel et d’autres petits poissons soutiennent vraiment les pêcheries du Cambodge en ce moment. »

Pourtant, ajoute Hogan, « le Mékong est l’un des fleuves les plus productifs du monde, et le Cambodge est vraiment le cœur de cette production ».

« Le Cambodge est en quelque sorte le dernier refuge pour un grand nombre de ces grands poissons migrateurs. Et c’est la zone la plus importante pour la pêche dans tout le Mékong, et dans toute l’Asie du Sud-Est », ajoute-t-il. « Mais plus on construit de barrages, plus il est difficile d’inverser les changements que nous observons. »

« Ici, dans cet endroit, notre espoir réside dans les eaux du lac »

Marchande de poisson à Bak Prea et mère de cinq enfants, Pheav Soriya, 52 ans, et son mari Tung Yoth, 57 ans, ont cessé de pêcher en 1995 après la naissance de leur premier enfant. Leur maison en bois peinte en bleu clair est comme un port, flottant à l’intersection du village. C’est là que chaque pêcheur vient amarrer son bateau, charger son poisson et le vendre.

« C’est très mauvais cette année », dit Soriya. « Il n’y a presque pas de poissons car il n’y a pas beaucoup d’eau. L’année dernière, nous avons attendu jusqu’en novembre pour que l’eau remonte. Nous sommes presque morts de faim. Et cette année, la pandémie n’a fait qu’empirer les choses. »

Dans le passé, sa famille de sept personnes pouvait gagner jusqu’à 100 dollars américains par jour. « Maintenant, si je peux gagner 100 000 riels (25 dollars américains) en une journée, je suis heureuse », ajoute-t-elle.

La famille de son cousin a complètement abandonné la pêche et travaille dans des usines de la province voisine de Poipet. Mais Soriya compte toujours sur la pêche.

« Ici, dans cet endroit, je vous le dis franchement, notre espoir réside dans le lac », confie Soriya.

Les villageois de la plaine inondable du Tonlé Sap sont parmi ceux qui ont le plus ressenti les impacts. Phal Phany, 25 ans, et son mari Pov Sith, 30 ans, pêchent ensemble depuis leur adolescence dans le village de Prek Troab. Le couple utilise les bénéfices de la pêche pour faire pousser des cultures, notamment des haricots mungo, du maïs, des pastèques et des citrouilles.

Un jour ordinaire, les pêcheurs du village de Bak Prea amènent leurs bateaux pour vendre du poisson devant la maison du marchand de poisson Pheav Soriya. Les pêcheurs interrogés disent que leurs prises sont en baisse, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)
Un jour ordinaire, les pêcheurs du village de Bak Prea amènent leurs bateaux pour vendre du poisson devant la maison du marchand de poisson Pheav Soriya. Les pêcheurs interrogés disent que leurs prises sont en baisse, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)

Cette année, ils n’ont pratiquement pas réussi à attraper autre chose que des escargots.

« Si l’eau ne vient pas bientôt, je ne pourrai pas gagner assez d’argent avec la pêche », déclare Phany, qui est enceinte et a un garçon de sept ans. « Mon objectif cette année est de contracter un nouveau prêt pour me lancer dans l’agriculture la saison prochaine ».

Phany confie qu’elle dépense habituellement jusqu’à 40 000 riels (10 dollars américains) par fois pour aller pêcher, ceci incluant l’essence et les appâts, mais certains soirs, ils n’ont pas de poisson et perdent les appâts.

« Je ne m’attendais pas à ce que nous grandissions seulement pour voir des eaux basses, et moins de poissons », dit-elle. « Mon dernier recours serait de quitter à nouveau ma ville natale pour trouver du travail afin de rembourser mes prêts »

Son père, Chuch Phal, 59 ans, est assis à côté :

« Pour ma génération, » dit-il, « je pouvais jeter deux filets et obtenir un bateau de poissons, mais pour la génération actuelle, cela leur prend du crépuscule à l’aube, et ils ne peuvent même pas attraper 10 kilos. »

Pour faire face à un tel changement, Phany et son mari sont partis en Thaïlande en 2016 pour travailler dans la construction. Ils y sont restés trois ans. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus voyager à cause de la pandémie, et ils ne veulent plus laisser leurs enfants chez les grands-parents.

Phal Phany, 25 ans, et son mari Pov Sith, 30 ans, sont pêcheurs dans le village de Prek Troab, commune de Prek Norin du district d’Ek Phnom de la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)
Phal Phany, 25 ans, et son mari Pov Sith, 30 ans, sont pêcheurs dans le village de Prek Troab, commune de Prek Norin du district d’Ek Phnom de la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)

Beaucoup des pairs de Phany ont également quitté le village pour travailler dans la construction ou dans des usines à Phnom Penh, Poipet ou dans d’autres villes.

« Sur dix de mes camarades du village, je dirais que six émigrent et quatre restent ici », indique Phany.

Les données officielles le confirment. En 2009, plus de la moitié des ménages pratiquaient la pêche comme source de revenus. Dix ans plus tard, ce chiffre est tombé à environ un sur trois. Le déclin s’est produit dans toutes les zones de pêche en eau douce du pays. Dans la région du Tonlé Sap, le nombre de familles de pêcheurs a diminué de 17 % au cours de la même période de dix ans.

« Il y a moins de pêcheurs qu’avant », affirme Hong Hy, « parce que la pêche est… eh bien, les prises de poissons diminuent, alors les pêcheurs changent de métier pour faire autre chose. Les jeunes, qui avaient l’habitude de travailler avec leurs parents dans les fermes ou à la pêche, vont maintenant travailler dans les usines »

Selon les responsables, le nombre exact de pêcheurs au Cambodge est inconnu, tout comme le total de leurs prises. Ce sont là deux grandes pièces manquantes du puzzle de données. Les chercheurs estiment qu’il est impossible de répondre aux besoins des familles de pêcheurs tant qu’ils ne sont pas compris.

« La loi n’oblige pas les pêcheurs artisanaux et familiaux à déclarer le nombre de leurs prises », déclare Lieng Sopha, directeur du département du développement de la pêche communautaire au sein du ministère de l’Agriculture, des forêts et de la Pêche.

Sopha est co-auteur d’une étude récente sur le comptage des poissons qui note que l’impact de la planification nationale sur les pêcheurs à petite échelle est inconnu en raison du manque de données.

« Cela signifie qu’ils ne sont pas suffisamment pris en compte dans les processus décisionnels et que, par conséquent, les ressources et les investissements ne parviennent pas toujours à ceux qui en ont le plus besoin », indique l’étude.

Les petits pêcheurs ont longtemps lutté contre la prospérité de la pêche commerciale, mais ces dernières années, le gouvernement cambodgien a renversé la situation. Deux réformes de la pêche ont été imposées, en 2001 et 2012, qui étendent aux petits pêcheurs et aux communautés de pêcheurs les droits de pêche qui étaient auparavant réservés aux lots de pêche commerciale.

Les réformes ont pour but de bénéficier aux pêcheurs locaux sur le plan social et économique, mais les multiples facteurs de stress qui affectent actuellement la pêche au Cambodge sont trop importants pour que la communauté puisse les résoudre, avance Christopher-Diepart.
Les réformes ont pour but de bénéficier aux pêcheurs locaux sur le plan social et économique, mais les multiples facteurs de stress qui affectent actuellement la pêche au Cambodge sont trop importants pour que la communauté puisse les résoudre, avance Christopher-Diepart.

Les réformes ont pour but de bénéficier aux pêcheurs locaux sur le plan social et économique, mais les multiples facteurs de stress qui affectent actuellement la pêche au Cambodge sont trop importants pour que la communauté puisse les résoudre, avance Christopher-Diepart.

D’une part, le secteur de la pêche au Cambodge est affecté par des barrages éloignés, qui ont un impact sur le flux d’eau et bloquent les sédiments riches en nutriments. D’autre part, le pays est confronté à ses propres problèmes : la surpêche, le manque d’application de la loi sur les crimes de pêche, la destruction de la forêt inondée en raison de l’expansion des zones agricoles, et des communautés impuissantes, déclare Christopher-Diepar.

En 2019, le Cambodge a pris la décision de suspendre ses projets de barrages sur le Mékong jusqu’en 2030, une nouvelle que de nombreux experts ont applaudie. Il n’y a pas eu d’explications officielles sur le motif, mais les experts soulignent la possibilité de pénuries d’eau qui ne pourraient pas générer la puissance électrique attendue et les dommages qu’elles causeraient aux pêcheries et à l’écologie du fleuve.

La pisciculture, compte épargne des pêcheurs

Une réponse partielle aux difficultés des pêcheurs locaux serait la pisciculture, ou aquaculture.

Selon la FAO, l’aquaculture au Cambodge a doublé au cours des 20 dernières années. Rien que de 2014 à 2019, le total des produits aquacoles a triplé pour atteindre plus de 300 000 tonnes.

« Il est clair que nous ne pouvons plus compter sur la nature », souligne Hong Hy. « La population augmente également, et les scientifiques ont prouvé que le poisson est la plus importante source nutritionnelle bénéficiant à la santé publique. Le poisson est désormais très demandé. La nature ne peut pas supporter une telle quantité, nous devons donc pratiquer la pisciculture. »

Puth Rina, 35 ans, l’une des sœurs de Thavy, a décidé d’élever des poissons.

Investir dans l’aquaculture n’est pas la même chose que pêcher et de charger le poisson du bateau, mesurer son poids et compter l’argent. Elle compte ses doigts comme si elle calculait et réfléchit un moment avant de trouver les bons mots : faire de l’aquaculture, dit-elle, c’est comme posséder un compte d’épargne.

« Si nous ne dépendons que des poissons de rivière, nous n’avons rien à épargner », dit-elle.

Jusqu’à présent, l’aquaculture, en plus de la pêche en eau douce, a permis à ses autres frères et sœurs de survivre sans migrer.

Puth Rina, 35 ans, l’une des sœurs de Puth Thavy, a commencé la pisciculture en 2015, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)
Puth Rina, 35 ans, l’une des sœurs de Puth Thavy, a commencé la pisciculture en 2015, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)

D’autres pêcheurs affirment ne pas avoir réussi dans l’aquaculture ; certains ont abandonné et d’autres n’ont pas les moyens de se lancer.

Le prix du poisson d’élevage est généralement deux fois moins élevé que celui d’eau douce, selon Rina.

Pheav Soriya, avait l’habitude d’élever des poissons dans deux cages flottantes, soit environ 50 000 alevins, avant d’abandonner après quelques années d’échec. « Cela ne me rapportait rien », dit-elle. La nourriture est chère, mais le prix des poissons d’élevage est peu élevé sur le marché. J’ai perdu beaucoup. »

« Quand je faisais de l’élevage de poissons, je ne dormais pas bien. Quand j’ai arrêté, je n’ai plus ressenti de stress », confie-t-elle.

Selon les données de l’enquête intercensitaire sur l’agriculture au Cambodge 2019, le Cambodge compte 51 000 fermes piscicoles, avec 49 000 ménages adoptant cette pratique. Ces mêmes données montrent que les pêcheries aquacoles rapportent environ 95 millions de dollars américains par an.

L’aquaculture cambodgienne n’est pas encore compétitive, selon Hong Hy. « Premièrement, les connaissances des pisciculteurs sont encore limitées en termes de compétences techniques. Ensuite, nos infrastructures sont encore insuffisantes, et nous manquons également de ressources comme la fabrication d’aliments pour poissons. »

À l’heure actuelle, le Cambodge compte 516 pêcheries communautaires, ou groupes de pêcheurs à petite échelle qui se voient accorder des droits de cogestion des ressources halieutiques dans leurs régions. Le nombre de pêcheries communautaires a doublé au cours des deux dernières décennies.

Pour investir dans l’aquaculture, Christopher-Diepart recommande de transformer les pêcheries communautaires existantes en systèmes d’aquaculture commerciale.

« Le principal défi sera de savoir comment cette organisation, créée il y a longtemps, peut être convertie ou se transformer en un système d’aquaculture commerciale », dit-il.

Si l’impact environnemental de l’aquaculture n’a pas été largement étudié au Cambodge, les experts affirment qu’il s’agit d’un moyen positif de « produire de la nourriture ».

Teav Savath, 59 ans, répare les filets de pêche pour ses jeunes nièces et neveux qui vont pêcher et nourrir toute la famille, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)
Teav Savath, 59 ans, répare les filets de pêche pour ses jeunes nièces et neveux qui vont pêcher et nourrir toute la famille, dans la province de Battambang, le 26 septembre 2021. (Khan Sokummono/VOA Khmer)

Le midi, peu après le déjeuner, Puth Thavy se repose près de sa tante de 59 ans, qui répare un filet de pêche. Alors qu’ils discutent, sa tante se vante d’avoir connu de nombreuses espèces de poissons que Thavy n’a jamais vues.

« Sentez la nostalgie », dit Thavy à sa tante. « Je n’ai aucune idée pour mon avenir. J’ai vu de mes propres yeux certains poissons disparaître. Je ne sais pas quelles espèces de poissons survivront ensuite ».

Par Sokummono Khan. Ce dossier est soutenu par la bourse de journalisme de données du Mékong, organisée conjointement par le réseau de journalisme de la Terre d’Internews et l’East-West Center. Il a été publié pour la première fois sur VOA Khmer.

 

Méthodologie : VOA Khmer a analysé des ensembles de données sur la production de poisson provenant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et de l’Administration du poisson. Les données sur les ménages pratiquant des activités de pêche proviennent de l’enquête socio-économique de l’Institut national des statistiques (CES 2009 à CES 2019/2020). Les données sur la production aquacole proviennent de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et de l’enquête intercensitaire sur l’agriculture au Cambodge 2019 (CIAS19).

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