Le Premier ministre Hun Sen conduit une délégation pour assister au sommet commémoratif UE-ASEAN à Bruxelles, le Cambodge assure la coprésidence de l’événement.
Analystes et observateurs politiques voient dans la visite du Premier ministre en Europe un moyen de renforcer les mécanismes multilatéraux pendant une crise de la sécurité européenne, alors que l’UE a défini une stratégie indo-pacifique centrée sur l’Asie du Sud-Est.
Selon Kin Phea, directeur de l’Institut des relations internationales de l’Académie royale du Cambodge, « le voyage en Europe fait partie du rôle et des devoirs du Cambodge en tant que président de l’ASEAN cette année.
« Cela montre la volonté du Cambodge de s’engager dans le monde extérieur dans le cadre de relations étrangères bilatérales et multilatérales. S.E. Hun Sen aura également une réunion avec le président français Emmanuel Macron, ce que je considère comme un signe positif du renforcement de la coopération entre le Cambodge et la France », ajoute-t-il.
Toujours selon Kin Phea, un nouveau développement de la politique étrangère cambodgienne est sa position sur la question brûlante actuelle de l’invasion russe en Ukraine, où la position du Royaume semble claire et immuable en raison de son engagement pour la paix et les solutions pacifiques.
« Les interactions récentes entre l’ASEAN et l’UE semblaient avoir donné de nombreux résultats positifs, la relation ayant évolué d’un partenariat de dialogue à un partenariat stratégique. En outre, l’UE développe sa propre stratégie indo-pacifique avec l’Asie du Sud-Est et cette stratégie de l’UE, en tant qu’alliée des États-Unis, consisterait, selon l’analyste, “à entourer la Chine afin de réduire son influence croissante dans la région indo-pacifique”.
Pour Seng Vanly, professeur de relations internationales, la visite du Premier ministre cambodgien vise à renforcer la diplomatie et l’économie du Cambodge tout en consolidant les mécanismes multilatéraux européens. Selon lui, en tant que président de l’ASEAN cette année, le Cambodge pourrait chercher à améliorer ses relations avec l’UE dans certains secteurs, notamment le commerce :
« L’UE a récemment exprimé son vif intérêt à rejoindre le cadre de la réunion des ministres de la Défense de l’Asean + et du sommet de l’Asie de l’Est. L’UE peut offrir au bloc et au Cambodge un espace stratégique flexible dans un contexte de concurrence croissante entre la Chine et les États-Unis. Bien que l’UE entretienne des liens stratégiques étroits avec les États-Unis, elle ne suivra pas la stratégie de blocus américaine contre la Chine, car celle-ci est également le deuxième partenaire commercial de l’UE et un acteur clé dans les défis internationaux », dit-il.
Selon Seng Vanly, l’approche du Cambodge en matière de leadership dans le cadre de l’ASEAN a été de continuer à s’engager avec l’UE pour “profiter de son expertise dans les domaines où la communauté de pays et le Cambodge ont besoin d’une assistance technique, comme les menaces chimiques, biologiques, nucléaires et radiologiques, la sécurité climatique, la sécurité maritime, la cybersécurité, les opérations de maintien de la paix, la lutte contre les mines, l’aide humanitaire, ainsi que les secours en cas de catastrophe”.
Thong Mengdavid, chercheur au Mekong Centre for Strategic Studies de l’Asian Vision Institute, voit dans la visite du chef du gouvernement royal un signe de l’engagement de l’ASEAN à renforcer et à étendre davantage les liens et la coopération avec l’UE, en particulier dans ces circonstances où l’UE est confrontée à des crises alimentaires et énergétiques causées par la guerre Russie-Ukraine.
« Outre la coopération socio-économique, le Cambodge et les pays du bloc ont également exprimé leurs préoccupations concernant la sécurité et la politique en Europe. Certains petits pays de l’ASEAN subissent des pressions de la Chine sur leur souveraineté et leur intégrité territoriale, sans respecter les principes de paix et de droit international de la communauté internationale », affirme-t-il.
M. Mengdavid souligne que le Cambodge a l’obligation de maintenir et de valoriser la paix, suite à la déclaration de Hun Sen selon laquelle « les guerres ne peuvent pas mettre fin aux guerres, ce qui oblige l’ASEAN à adhérer au principe de neutralité et à chercher des résolutions pacifiques communes avec l’UE pour mettre fin à la guerre en Ukraine, où la sécurité est une préoccupation commune du monde, que ce soit dans l’ASEAN ou en Europe ».
S.E. Hun Sen rencontrera Charles Michel, président du Conseil européen, le 14 décembre 2022. Ils devraient discuter de la coopération entre les deux régions et se concentrer sur le renforcement des liens économiques, des contacts entre les peuples, des échanges numériques et de la connectivité afin d’assurer les « changements verts », la sécurité énergétique et alimentaire et le développement durable.
Le PM Cambodgien effectuera également une visite de travail dans la capitale française, Paris, pour des réunions avec M. Macron et pour rencontrer des Cambodgiens vivant en Europe, ainsi que pour participer à la conférence internationale sur le soutien à l’Ukraine.
Samban Chandara avec notre partenaire The Phnom Penh Post
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