Chhin Sothy sera parmi les intervenants du prochain pop-up de la CCIFC ayant pour thème l'art contemporain au Cambodge. Comme beaucoup d’artistes de sa génération, Chhim Sothy a été marqué par le régime des Khmers rouges.
![](https://static.wixstatic.com/media/b71427_ddfb621064aa44778f0f5dc3c2840459~mv2.jpg/v1/fill/w_100,h_66,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,blur_2,enc_auto/b71427_ddfb621064aa44778f0f5dc3c2840459~mv2.jpg)
À l’arrivée des chemises noires, sa famille quitte son domicile de Takhmau pour s’exiler à Pursat. Enfant, Sothy continue à pratiquer son talent pour le dessin, mais officie désormais au charbon de bois ou sur le sable.
En 1979, sa famille compte ses morts ; son père, fonctionnaire d’état sous le régime de Lon Nol a été exécuté, son grand-père, un petit-frère et une petite-sœur ont suivi. Assis au milieu de cette pièce colorée, Sothy se souvient de ses années sombres ; son retour dans une capitale silencieuse en 1980, ses heures passées à couper les joncs dans les étangs de Takhmau afin de faire vivre les siens, et sa passion pour le Français.
« J’ai toujours voulu apprendre cette langue, alors après le boulot, je prenais des cours privés avec un vieux professeur survivant, que je payais en pots de riz », raconte Sothy.
![Oeuvre de Sothy](https://static.wixstatic.com/media/b71427_d0e7c2abcb524ff58df18f84c89b4fdb~mv2.jpg/v1/fill/w_100,h_66,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,blur_2,enc_auto/b71427_d0e7c2abcb524ff58df18f84c89b4fdb~mv2.jpg)
En 1985, Sothy réalise son rêve et intègre les Beaux-Arts, à Phnom Penh. Comme de nombreux étudiants pauvres, il vit sur place. « Avant qu’un internat ne soit construit, on étendait nos hamacs le soir pour dormir dans les couloirs », se remémore-t-il, nostalgique.
Il passera dix ans dans ce lieu cher ; deux ans en peinture classique religieuse, deux ans en création d’affiches, puis cinq ans en peinture moderne, un cursus créé suite aux Accords de Paris.
« L’APRONUC faisait venir des professeurs étrangers, ils nous ramenaient des livres d’art ; j’ai découvert Monet, Manet, Picasso, Les Nabis, Les Fauves », énumère-t-il avec délice.
De 1995 à 1997, Sothy s’implique dans différents projets comme directeur artistique. Mais c’est le nouveau millénaire qui voit sa carrière décoller. Il expose aux autres coins du monde : Vietnam, États-Unis, Philippines, France, ou encore en Chine.
Son style, classique - fait de grands formats aux tons bleus ayant pour objet les récits légendaires du Reamker - est reconnaissable entre tous, mais le peintre veut surprendre.
![](https://static.wixstatic.com/media/b71427_73cbd123cbef484aa88b936bf86c9c63~mv2.png/v1/fill/w_56,h_33,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,blur_2,enc_auto/b71427_73cbd123cbef484aa88b936bf86c9c63~mv2.png)
« Je me suis passionné pour l’abstraction qui ne dit pas les choses, mais les laisse deviner », sourit-il.
Ce touche-à-tout poursuit son exploration, de l’univers impressionniste à l’expressionnisme, de la technique du Dripping de Jackson Pollock, aux Ready Made à la Marcel Duchamp. Si une recherche de spiritualité affleure toute son œuvre, Sothy s’est aussi intéressé plus récemment à des sujets tels que l’environnement, ou encore les inégalités sociales. « La vie d’artiste, c’est une vie d’imagination », philosophie-t-il, face à son chevalet, où il aime peindre tôt le matin, lorsque l’air est frais et la lumière claire.
![](https://static.wixstatic.com/media/b71427_de268d6eccb448e8ad375b64e56f735e~mv2.jpg/v1/fill/w_156,h_151,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,blur_2,enc_auto/b71427_de268d6eccb448e8ad375b64e56f735e~mv2.jpg)
Textes et photographies : Eléonore Sok
![](https://static.wixstatic.com/media/b71427_18b17cbc2ee643caa916470515670ccd~mv2.png/v1/fill/w_48,h_27,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,blur_2,enc_auto/b71427_18b17cbc2ee643caa916470515670ccd~mv2.png)